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Est-ce que les Noirs vont continuer à parler
de racisme sans aller de l’avant?

Emmanuel W. Védrine

Photo: courtesy Elie Valcin of L’Asile City

mise à jour 6 mai 2020

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Nous ne pouvons pas nier la réalité du racisme. C'est un fait dans la société. Pour nous qui vivons aux États-Unis, en particulier, nous en voyons de temps en temps trop d'exemples concrets. Au moins, nous pouvons écrire sur cette vérité afin de sensibiliser et d'éduquer tout le monde sur cette question cruciale. Nous avons tous été créés égaux.

D'une part, le titre de cet article est une question qui peut cibler les Noirs en général sur cette planète. Son but serait de les sensibiliser pour apprendre à décider pour eux-mêmes. Dans cette phase, il est impossible de laisser un leadership efficace dans toutes les communautés et quel que soit le groupe ethnique auquel ils appartiennent. D'autre part, c'est pour sensibiliser les Haïtiens, en tant que groupe ethnique vivant aux États-Unis où ils ont la possibilité de travailler, d'aller à l'école, d'apprendre un métier ou une profession, et le travail qu'ils devraient faire dans leur communauté pour l’en faire une communauté dynamique.

Premièrement, il est important d’embrasser l’éducation, d’aller à l’école, d’apprendre plusieurs métiers et professions, d’assister à des séminaires de formation (dans différents domaines), de superviser les études des enfants (par exemple, ce qu’ils devraient savoir dans le programme scolaire de leur école (à partir de telle classe à telle classe ou niveau). Nous devons connaître les programmes essentiels qu'ils doivent compléter (au niveau élémentaire, intermédiaire et secondaire) comme l'éducation de base dont ils ont besoin. S'ils manquent ce programme de base après avoir terminé leurs études secondaires, eh bien ce serait comme un bâtiment qu'ils construisent sans une base solide pour supporter son poids. Il s'effondrera bientôt.

Beaucoup de Noirs passeraient plus de temps à parler du racisme des blancs (bienque nous savons que ce ne sont pas tous les Blancs qui sont racistes). En blâmant les Blancs pour leur sort, au lieu de prendre d'autres directions avec conscience, leurs problèmes ne seront pas résolus. Ils sont confrontés à de nombreux problèmes depuis longtemps dans leur communauté. Les dirigeants locaux parfois ne mentionnent pas ces problèmes ou ils ne mettent pas l'accent sur eux afin de les sensibiliser.

Oui, nous ne pouvons pas nier la réalité du racisme; c'est un fait dans la société et nous, qui vivons aux États-Unis (en particulier), savons comment sont les choses. Nous pouvons donner des exemples ci-dessous.

  1. Les abus commis par certains policiers blancs contre les Noirs, et nous sommes fatigués de regarder les évidences à travers des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux et dans les médias.
     
  2. On lancerait des bouteilles après les Noirs (s'ils marchent ou conduisent dans certaines zones qu'ils ne connaissent pas).
     
  3. L’expérience raciste que les Noirs peuvent vivre (au travail) avec certains superviseurs qui essaient de toutes les manières possibles de leur poser des problèmes d'une façon ou d'une autre, comme empêcher leur promotion.
     
  4. A l’école, où certains enseignants endommageraient leurs notes  de sorte que cela affecte «GPA» ('grade point average' : moyenne pondérée cumulative) pour leur faire perdre leur bourses.
     
  5. Dans certaines zones, on appellerait la police si on voit une personne noire se promenant dans le quartier… pour ne citer que quelques exemples.

Nous ne pouvons pas nier cette réalité, et nous ne pouvons pas non plus la laisser nous faire de la paranoïa. Au contraire, c’est le moment de prendre conscience de nous-mêmes, de faire preuve de solidarité avec d’autres groupes de personnes qui nous aident (quelle que soit leur race ou leur ethnicité). Nous pouvons apprendre de l’expérience des autres et les routes qu’ils ont empruntées pour arriver en tant qu’immigrants. Une fois que vous comprenez un problème, vous pouvez également travailler sur sa solution.

Combien de temps les Noirs passent-ils à examiner leur conscience (en termes de leadership, de mentalité en général qui peut avoir besoin d'être changée)? Ils devraient penser à la production (ce dont ils ont besoin de produire dans la société), développer la solidarité entre eux et et avoir une vision de leur communauté pour la rendre meilleure. Certes, certains d'entre eux ne seraient pas contents; ils parleraient beaucoup du fait qu'on fait mention de ces problèmes pour sensibiliser beaucoup d'entre eux.

Sachez que nous ne pouvons pas changer (tout d'un coup) une personne qui a été élevée raciste (ou qui a grandi dans un milieu raciste). Oui, cette personne peut être changée demain, si elle reçoit une bonne éducation pour être conscient que nous sommes tous humains. Peu importe la couleur, la race à laquelle nous appartenons, nous pouvons avoir le même type de sang. Mon sang peut vous sauver; votre sang peut me sauver (si on a besoin de faire une transfusion sanguine en urgence).

Vous aussi, en tant que victime, devriez essayer de surpasser le racisme Comment? En allant à l'école pour avoir une bonne éducation, en prenant l'école au sérieux, en apprenant différents métiers et différentes professions afin de pouvoir vivre mieux dans n'importe quel environnement, en éduquant votre famille sur toutes ses formes, les gens de votre communauté, vos enfants, vous-même et concentrez-vous sur une carrière pour vivre mieux demain où que vous soyez.

Le racisme a à voir avec le pouvoir économique et les privilèges. Quand on parle de racisme, la plupart des gens pensent en premier lieu qu'une certaine race serait supérieure à une autre. Mais vraiment, cela a à voir avec le pouvoir économique et les privilèges qu'une race (ou un groupe ethnique) ne veut pas qu'une autre ait accès à certaines choses. Il y a la peur de la compétion, de la réussite de l'autre qui peut causer la perte de pouvoir pour dominer (d’une façon ou d’une autre) ou la perte des privilèges dont jouit un groupe en particulier. Donc, chaque fois que vous voyez le mot «race», pensez à ces termes: compétition, dominance, pouvoir et privilèges.

Investir -- Les dirigeants de nombreuses communautés noires n'enseignent pas à leur communauté l'importance d'investir depuis tôt (pour créer leur indépendance économique), et comment ils peuvent commencer à se préparer pour demain. De cette façon, ils n'auront pas besoin de travailler trop dur pour une entreprise jusqu'à la mort.

L'achat d'une voiture neuve n'est pas un investissement. Au lieu d'aller chez un concessionnaire d’automobile pour avoir une facture pour une voiture neuve et vous n'avez même pas un diplôme d'études secondaires, il vaudrait mieux aller à un institut technique ou un Community College* pour faire un programme de deux ans, vous préparant pour un bon travail. Dans cette institution, vous pouvez vous concentrer sur un programme technique. Il serait préférable que vous faite un prêt d'une banque pour financer vos études pendant ce court laps de temps comme une sorte d'investissement intellectuel. Cela vous garantira un emploi professionnel à long terme pour vivre mieux dans la société au lieu de travailler deux ou trois emplois pour payer la facture d'une nouvelle voiture.

Oui, quand on est jeune, on aimerait avoir une belle voiture de sport pour se déplacer avec des amis, aller à des fêtes pour socialiser et faire un tas de programmes (des choses que les jeunes du monde entier aimeraient faire). Mais on n'a pas besoin de penser à une voiture neuve pour faire tout cela. Premièrement, si on est intelligent, c'est le moteur de la voiture qui est important et non son apparence. Autrement dit, vous pouvez acheter une bonne voiture d'occasion (ou usagée) aux enchères où on vend des voitures.

Cette voiture d'occasion (ou voiture usagée) que vous achetez aux enchères peut être neuve (ou elle peut avoir un, deux ou trois ans depuis que son propriétaire l'a achetée) et tout à coup, elle a eu un accident. L'assurance l'a totalisée ou l’a déclarée perte totale après l’évaluation de ses dommages; c'est-à-dire, l'assurance paie le propriétaire en fonction de la valeur de la voiture sur le marché. L'assurance prend cette voiture endommagée et la vend aux concessionnaires d’automobiles. Ces derniers la vendront aux enchères. Souvent, c'est juste certaines parties de la voiture qui ont été endommagées mais le moteur est en bon état.

Vous pouvez acheter cette voiture au contant et l'amener à un garage pour réparer les parties endomagées. Après sa réparation, les gens peuvent penser que c'est une voiture neuve. Ainsi, vous n’avez rien à payer à aucune banque. Vous n'avez pas à travailler dur, faisant deux travaux pour payer la facture d’une nouvelle voiture (pendant que vous êtes à l'école, vous avez beaucoup de devoirs et de recherches à faire et cela prend du temps pour les faire). Oui, on a besoin d'une voiture si on vit dans un pays développé. C’est une nécessité de l’avoir pour aller travailler. Cette voiture nous aidera à prendre soin de nos affaires, et tout ce dont nous avons besoin de faire rapidement. Elle peut être utilisée pour aider des amis et des parents qui ont besoin qu’on leur depose quelque part pour s'occuper de quelque chose.

L'avantage d'une voiture maintenant, c'est que beaucoup de gens peuvent utiliser leur voiture comme taxi Uber. Grâce à l'application que la haute technologie leur offre via leur téléphone portable. Ainsi, cette voiture peut créer un emploi pour eux. Cela peut aider les personnes qui n’ont pas un travail régulier, des jeunes et des étudiants universitaires (qui vivent au campus), les aidant économiquement. Cela donnera également aux étudiants suffisamment de temps pour faire leurs devoirs et leurs recherches sans être stressé.

En général, c’est toute une mentalité que les Noirs doivent changer. Ils doivent savoir qu'ils sont le capitaine de leur bateau, et dans quelle direction ils veulent aller. Beaucoup de dirigeants en Haïti ont la même mentalité, et même certains Haïtiens qui auraient pu obtenir une éducation avancée. Ils ne veulent pas être responsables de leur sort; ils cherchent toujours un bouc émissaire à blâmer.

Malheureusement, ils refuseraient d'être conscients de la réalité ou ils continueraient de la nier. Beaucoup viendraient avec les mêmes chantages: «Les blancs tiennent Haïti en sous-développement; les blancs ne veulent pas que nous allions de l'avant;  les blancs sont racistes;  les pays développés sucent le sang d'Haïti»

Tout en répétant les mêmes discours (que nos oreilles sont fatiguées d'entendre) pour faire dormir les gens ou pour les manipuler, ils ont déjà volé l'argent Petro-Caribe quelques années de cela. Ils en ont caché une partie à l'étranger et ont investi le reste ailleurs afin d'être riches avec leurs familles et leurs futures générations.

Ils continuent de voler l'argent des taxes de «$ 1,50»  (sur les transferts d’agents et les appels téléphoniques en provenance de la diaspora). Tout cet argent mentionné devrait avoir été utilisé pour construire les infrastructures nécessaires dont Haïti a besoin pour sa décentralisation et son développement. Il n'y a pas longtemps qu’on parlait de «pays locked» où toutes les activités ont été paralysées avec des gens qui protestaient dans les rues, revendiquant leurs droits.

Si les étrangers viennent en Haïti et font ce qu’ils veulent c’est que:

  1. Les dirigeants locaux leur ouvrent les portes.
     
  2.  Les dirigeants locaux font des affaires frauduleuses avec eux.
     
  3. Les dirigeants locaux n’ont pas le courage de dire: voici ce que nous voulons ou ne voulons pas. Ne décidez pas pour nous.
     
  4. Les dirigeants locaux n'ont jamais de vision pour que Haïti aille de l'avant. Leur objectif principal c’est d’accéder au pouvoir pour voler et mettez de côté suffisamment d'argent pour leur famille.

Ces dirigeants corrompus prennent plaisir à manipuler le peuple haïtien, qui est naïf. Ils prennent plaisir à les laisser dans l'obscurité et analphabètes en ne leur offrant pas une éducation gratuite jusqu'à la fin du secondaire.

La plupart des écoles en Haïti sont privées et les parents ne peuvent pas payer les frais de scolarité annuels de leurs enfants car ils n'ont pas d'emploi. Ils essaient juste de joindre les deux bouts en vendant quelque chose dans les rues. Les parents sont également responsables d'acheter tout le matériel scolaire pour leurs enfants.

Les écoles publiques auraient pu emprunter des manuels aux élèves et d'autres matériels scolaires nécessaires (dès le début de l'année scolaire) afin de les aider. À la fin de l'année scolaire (en juin), les élèves rendraient ces matériels à leurs écoles. C'est un fait que la plupart des parents n'ont pas les moyens économiques pour aider leurs enfants à recevoir une bonne éducation.

En faisant cela (sans leur donner accès à des écoles gratuites et au matériel pédagogique nécessaire) nous avons plus de jeunes qui traînent dans la rue sans être dans une institution où ils auraient pu apprendre certains métiers ou avoir des compétences pour faire quelque chose. Quelles que soient les compétences qu'ils auraient pu acquérir dans une institution, cela les aiderait à l'avenir à gagner leur vie et les découragerait de devenir des criminels professionnels.

Nous pouvons observer de nombreux garçons de dix-ans ou même plus jeunes dans les rues. Ils pourraient peut-être des orphelins, ou ceux qui se sont échappés d'une maison où ils étaient des «restavèk» ou domestiques. Certains lavent et essuient des voitures dans les rues pour gagner leur vie. Certains vendent quelque chose dans les rues. Il y a ceux qui traînent avec des jeunes plus âgés qui sont des gansters, et ceux qui sont déjà membres de gangs.

Qu'attendons-nous de ces garçons dans la vingtaine? À cet âge, certains ont déjà suffisamment de compétences pour commettre des crimes majeurs (tels que le kidnapping, des tueurs à gages tuant des gens et toutes les mauvaises affaires qu'on peut imaginer). Que fait le gouvernement dans tout cela pour les faire sortir de la rue depuis le début? Ne sont-ils pas aujourd'hui ceux avec des armes sophistiquées qui posent des problèmes d'insécurité dans tout le pays? De quelle manière aide-t-il la société aujourd'hui?

Faute d’éducation, la population ne pourra pas penser à la source de ces problèmes auxquels le pays a été confronté depuis l’effondrement de la dynastie des Duvalier (7 février 1986). En conséquence, le sous-développement d'Haïti est considéré comme un problème interne en premier lieu. Par conséquent, la première solution de ce problème devrait être interne lorsque ceux qui gouvernent soient conscients de cette réalité.

Il est temps que ces dirigeants corrompus et inconscients soient conscients qu'Haïti ne peut pas continuer ainsi dans la deuxième décennie du 21ème siècle. Peut-être qu'ils donneront à ce pays une chance d'arrêter le flot d'Haïtiens se rendant en République Dominicaine (illégalement), au Chili, au Brésil, vers d'autres parties de la Caraïbe. Ils tentent d'atteindre Miami par des bateaux «kanntè» ou sur des barques fragiles, risquant leur vie en haute mer à la recherche d'une vie meilleure.

Beaucoup de nos compatriotes ont l'habitude d'entendre ces vieilles chansons: «Certains  pays étrangers bloquent le développement d'Haïti ou l'empêchent d'avancer». Les gens sont habitués aux discours manipulés. Certains Haïtiens se taisent. Certains ont peur de parler de la réalité afin de protéger leur vie et celle de leurs proches. D'autres sont juste fatigués de parler des mêmes choses tout le temps. Ils voient Haïti comme un cas perdu; il n'y a pas d'espoir.

Donc, c'est un prétexte où le chat domestique continue d'accuser le chat sauvage (ou celui qui vit dans les bois) tandis que le chat domestique continue de manger des poules dans la cour. Nous ne disons pas que le chat sauvage n'essaie pas non plus de manger des poules dans la cour. Ils sont tous des chats, et tous les chats sont des carnivores.

En conclusion, il est temps que les Noirs prennent conscience de leur réalité. Ils devraient penser où ils veulent aller dans la vie, et à l'héritage qu'ils veulent laisser pour sauver les générations futures. Fondamentalement, ils doivent apprendre à être conscients d'eux-mêmes, se soucier de leur communauté et de leur pays. Il est important qu’ils apprennent à investir (pour ceux qui ne l’ont pas encore fait). Il est important d'étudier des choses techniques, et de créer ce dont qu'ils ont besoin à tous les niveaux. Ils doivent prendre l'école et l'éducation au sérieux, apprendre à être responsables et d’être capable de produire (au maximum) ce dont qu’ils ont besoin. Cela leur permettra de créer leur indépendance économique.

Ils doivent penser à l’importance de préparer les jeunes générations et les orienter dans la bonne direction afin qu’elles ne se perdent pas. C’est la responsabilité des dirigeants (à tous les niveaux) d’orienter les gens dans leur communauté. Nous devons éduquer les parents des enfants en tant que dirigeants également et leur responsabilité au foyer. En tant que groupe ethnique, qui vit particulièrement aux États-Unis, nous avons un grand avantage d’aller à aller à l'école, d'avoir une éducation gratuite (à certains niveaux). Nous pouvons apprendre quelques métiers et professions pour vivre mieux dans la société. De cette façon, nous pouvons mieux aider notre communauté, de la même manière dont les autres groupes ethniques le font.

*Note

Community College. («Collège Communaire»). Institution supérieure au lycée americain ou «high school» (École Secondaire). Cette institution offre un programme de deux ans où les étudiants peuvent choisir d'étudier certains des programmes offerts. Après avoir complété un total de 60 crédits (trois crédits par cours) ou plus, les étudiants sont qualifiés de recevoir le diplôme «d’Associate Degree». Ce type d'établissement ne donne pas de diplôme supérieur par la suite. Les étudiants ont une formation académique dans un domaine particulier (par exemple, commerce, informatique, comptabilité, gestion, technologie médicale, sciences naturelles, sciences sociales…). Leur étude à court-terme leur permettra d’entrer au marché du travail. Tout en travaillant, ils peuvent continuer à aller à un «collège regulier» ou à l’université pour deux année supplémentaires afin d’être qualifié pour l’obtention du «Bachelor’s Degree». Certains postes exigent certain diplôme (par exemple, «Associate Degree, Bachelor’s Degree, Master’s Degree, Doctorate») pour s’assurer que le candidat pour certain poste est qualifié pour effectuer le travail requis.

TEXTES ANNEXÉS

LOUIS, Martine.

VEDRINE, Emmanuel W.

*

 Viré monté