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Sirandanes

Emmanuel Richon

Introduction | Projet de classe, enfants âgés d'environ 11 ans | Descriptif sommaire du projet | Réalisation du projet «Sirandanes» | Apprentissage des modalités | Comment fabriquer des sirandanes? | Exposition de l'école | Une nouvelle vie aux sirandanes | Sirandanes et philosophie | La sagesse ludique des Sirandanes | Basile, le conteur | De la difficulté d'écrire en créole | Encore des sirandanes | Plus des sirandanes | Quand Tikouti fait revivre les sirandanes… | Sirandanes Sampek de l'île Rodrigues | La transmission orale facette indéniable de la Culture Creole | KREOL Association Scope

Introduction

Imaan
Sirandane-détournement d'image : "bisou-poisson",
classe de Grande section de maternelle.

Tous les peuples ont leurs devinettes. Mais il y a un peuple qui a su pousser cet art jusqu'à la perfection, jusqu'à la poésie même: c'est le peuple mauricien. En venant de la «grandelette» (Madagascar), d'Afrique, sur les bateaux négriers, les esclaves, tout comme d'ailleurs les marins marqués par le fantastique ou l'univers maritime ont apporté avec eux le goût de l'étrange, le pouvoir de l'imaginaire.

Leur sens de l'humour, leur malice, leur tendresse aussi, ces armes contre le malheur, ils les ont mis au service d'un genre qui est propre à l'univers créole et qu'ils appellent «Sirandanes».

Qu'est-ce que les «Sirandanes»? Ce sont des devinettes qui portent sur la vie quotidienne à Maurice, devinettes qui suivent un ordre presque rituel, que chacun connaît, mais que tout le monde est toujours prêt à entendre.

Sont-elles vraiment des devinettes? Les choses seraient trop simples. Elles sont plutôt des mots-clefs, qui permettent à la mémoire de s'ouvrir et de révéler un trésor caché.

Ces «demoiselles» qui se tiennent la tête en bas au bord du chemin, ou cet animal qui porte un habit mais n'a pas de culotte, dans lesquels tous les enfants de Maurice auront reconnu après réflexion les bananiers et le cancrelat, ne proposent pas vraiment d'énigme. Mais en révélant leur nature étrange et comique, la sirandane les réinvente.

L'univers des sirandanes est un lieu sans frontière, où nul n'est séparé. Les végétaux, les animaux, les hommes et les éléments sont encore très proches les uns des autres, comme au premier moment de la création.

Il y a ici, sous l'apparence rassurante d'un jeu, une sagesse ancienne, nourrie par les racines d'un peuple tout entier. Les sirandanes ne sont pas là seulement pour nous faire rire, pour nous distraire. Elles ont joué, et elles continuent de jouer un rôle important en enseignant à mieux connaître les êtres et le monde, à mieux se connaître, à garder son optimisme, même dans les temps margozes, les temps amers de la misère ou de l'esclavage. Combien de temps encore entendrons-nous les proverbes, les sirandanes, pourtant aussi liées à la culture mauricienne que le séga qui s'en est d'ailleurs inspiré largement.

On ne fait plus de sirandanes, ce passe-temps des vieux âges a presque disparu, les veillées ont été remplacées par la télévision, les enfants eux-mêmes ne s'intéressent plus guère à leurs grands-parents.

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Lorsqu'on cherche les origines des sirandanes, genre littéraire typiquement créole, on mettra ainsi presque toujours l'influence française en exergue:

«il existe une école de pensée qui tend à dire que les sirandanes seraient originaires des îles. Une chose est toutefois certaine, elles peuvent se vanter d'être d'origine française…»1

Nous pouvons retrouver les mêmes raisonnements francotropiques à l'œuvre dans l'étymologie. L'essentiel, pour nous, n'est pas de nier cette origine, mais d'insister sur le fait qu'à ce jour, d'autres pistes n'ont jamais été explorées. Dans ce cas des sirandanes, l'influence des «hain-teny» malgaches nous apparaît pourtant tout aussi probante: ce genre littéraire essentiellement mérina, est une création orale collective, pratiquée lors des grands moments de la vie communautaire villageoise où tous, animés du même souffle, sont tour à tour auditeurs et orateurs.

Véritable poésie «alternée», le hain teny lui-aussi, figure toujours un jeu de question réponse. «Science du langage», comme le signifie son nom, il choisit comme mode d'expression l'énigme et la devinette. Il multiplie dans cette perspective la périphrase, les ellipses, les successions d'images en apparence incohérentes mais prenant sens à la faveur d'un subtil rapport d'analogie. Il va de soi que nous retrouvons là tous les ingrédients à l'œuvre dans le genre des sirandanes.2


  1. Déclare Chantal Moreau dans sa brochure consacrée aux sirandanes rodriguaises.
  2. Les sirandanes peuvent aussi être considérées comme étant également un mode de transmission oral essentiel du lexique créole, un mode d'apprentissage ludique de la langue.

 

Sirandane

Pour avoir la solution, installer le curseur sur la sirandane.

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  • Un site génial a été créé par un monsieur suisse apparemment, Emmanuel Richon, sur les Sirandanes. Il explique ainsi comment il a monté un projet avec des ch’tits n’enfants de 9 à 11 ans sur les Sirandanes, en mélangeant finalement Art et Kültur. Lu ici.

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Sommaire

Introduction | Projet de classe, enfants âgés d'environ 11 ans | Descriptif sommaire du projet | Réalisation du projet «Sirandanes» | Apprentissage des modalités | Comment fabriquer des sirandanes? | Exposition de l'école | Une nouvelle vie aux sirandanes | Sirandanes et philosophie | La sagesse ludique des Sirandanes | Basile, le conteur | De la difficulté d'écrire en créole | Encore des sirandanes | Plus des sirandanes | Quand Tikouti fait revivre les sirandanes… | Sirandanes Sampek de l'île Rodrigues | La transmission orale facette indéniable de la Culture Creole | KREOL Association Scope

 

Viré monté