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«Pawol Kreyol»

Daniel ILLEMAY: poète de filiation césairienne
Une poétique d’humilité et de lucidité
« je fais un peu de poésie, sans prétention »

par Véronique LAROSE

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Pawol Kreyol

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Daniel ILLEMAY est Foyalais. Ancien sportif de haut niveau, il se définit comme «fervent admirateur d’Aimé Césaire» et déclare humblement «je fais un peu de poésie, sans prétention». Son premier recueil «les Lumières ne s’éteignent pas» (2004 - éd. IDOM) rend hommage à Aimé Césaire. Son second recueil, «la Ravine des Espoirs» (mai 2006 – éd. IDOM) porte une mission de «Graveur de Paroles», titre d’un de ses poèmes: «ce balan d’homme libre». En 2006, il a participé à l’anthologie collective «Hommage à Aimé Césaire - Symphonies Nègres» (2006 - IDOM Editions), anthologie coordonnée par la poétesse martiniquaise Ozoua. Le fil conducteur de Daniel ILLEMAY: reconnaître en Aimé CESAIRE un Père de la Négritude. Chez Daniel ILLEMAY,  l’Oralité en vers prend un sens, une force.

«Hommage à Aimé Césaire - Symphonies Nègres»: «Mais je garde surtout mon admiration / Et toute reconnaissance, / A ceux qui, comme CESAIRE» (poème «Réminiscence»)

1. «Les Lumières ne s’éteignent pas – Hommage à aimé CESAIRE» (2004 – éd. IDOM) et «La Ravine des Espoirs» (2006 – éd. IDOM)

Ces deux recueils croisent des thématiques de maturité et de sensibilité. Des thématiques prégnantes depuis «une charge de temps», tendues vers hier et vers demain. Délicates, des déclarations à une muse créole interviennent en nostalgie. Et deux filiations émergent : filiation à l’homme-sage CESAIRE et à l’île-mère MARTINIQUE. Je ne citerais là que des fragments de mots, ceux qui m’ont paru suggérer ces entremêlements de sens. Les titres des poèmes sont les pierres d’un itinéraire littéraire et mémoriel à l’écoute du monde. Parce que le «je» du mèt-poèt s’annonce, s’immisce, s’inscrit dans chaque vers, pour se dire.

«Je cherche une idée égarée / Je cherche une idée fixe à ravir / Je cherche le morne-phare pour mieux scruter / et retrouver l’innocence limpide / au-delà des tortueux égarements» (poème «A la recherche de Soi»)

  • Un appel à la réhabilitation mémorielle: une combativité revendiquée

«Et je pense à ces navires / qui, / autrefois, / loin en remontant / le réveil du temps / du temps du TRIANGLE NOIR / des temps durs me disait-on » (poème « L’Algue et le Galion»)

  • Des Hommes et Femmes remarquables : Daniel ILLEMAY a choisi de ne pas oublier celles et ceux qui ont donné une voix de liberté. CESAIRE, DAMAS, SENGHOR, FANON, MANDELA, Edith LEFEL, Jean-Paul Sartre, etc autant de nom qui s’imposent dans sa mémoire de poète libre.

«Il y a ceux qui comme FANON / ont œuvré pour une conscience affranchie / des prétentions idiotes / des pressions achromatiques / et des idées préconçues» (poème «Réminiscence»)

  • Un Hommage aux victimes du crash aérien: un poème-épitaphe «Prière aux Disparus» qui mesure l’horreur de ce «grand cercueil d’acier» - «en une lèche de temps […] des vies ont été effacées à jamais»
  • Une Nature généreuse: décrite dans ses spécificités de faune et de flore, la nature martiniquaise est la source d’un souvenir et d’un équi-libre

«mon éden natal» (poème «Tempête tropicale»)
«rêve tropical…/ MADININA luxuriante» (poème «Ivresses nocturnes»)

  • Des métiers de mains – terre et mer: Daniel ILLEMAY donne un balan kréyol à ces femmes et hommes de labeur. Un balan reconnaissant qui me rappelle la «Rue Cases-nègres» de Joseph ZOBEL

«à preuve les mains meurtries/ à force de serrer le coutelas / dans les champs de cannes / dans les champs de banane / dans les champs d’ananas / […]  la sueur ruisselant/ sur un visage ouvert et confiant / regardant droit devant le lointain / les petits-pas-éclaireurs de l’avenir» (poème « Papa combat»)
«solitude du pêcheur au grand large, / l’encre de la nuit, / enveloppant son gommier» (poème «le Grand large»)

  • Des mots déclarés, épars : ils sont destinés à « elle », pour des po-aime

«je te garderai pour toujours / négresse de mon cœur / aux cheveux non teints. / Eperdue tu deviens, avec tout mon amour » (poème «Ivresses nocturnes»)
«si loin peux-tu être, / je reste toujours, / bienheureux, / prisonnier dans ton cœur» (poème «Tourbillons» - à elle…)

  • La lucidité poétique : un regard particulier qui oscille entre espoir et « spleen »

«Le graveur de paroles se tient debout au sommet de la montagne / Et fixe au loin les morenes si souvent empruntés» (poème «Sereines pensées dans le serin»)
«l’insolent spleen des clairs de lune» (poème «Murmure») – «dans mes nuits d’errance sans lune» (poème «J’ai cru entendre ton cœur»)

2. «Hommageà Aimé Césaire - Symphonies Nègres» (2006 - IDOM Editions)

Coordonnée par Ozoua, cette anthologie permet à chaque poète d’exprimer et d’affirmer sa filiation césairienne. La sensibilité de Daniel ILLEMAY s’appuie sur une force: marteler sa foi en CESAIRE, mais aussi marteler sa foi en soi et en l’homme.

  • une re-conquête, une quête affirmée:

«Ai-je bien fait le compte de tous nos mécomptes?» (poème «Prudente concession») - «J’ai poursuivi ma quête tant épiée d’homme libre» (poème «Prudente concession»)
«A l’assaut de la reconquête de mon être» (poème «Indéniables nœuds»)
«il comprit alors qu’il devait lutter, s’imposer et gagner» (poème «Le Graveur de Paroles») – «dans un balan d’homme libre» (idem)

  • interpeller, questionner: Daniel ILLEMAY décline les dérivations lexicales de «compte» pour rappeler la difficulté de sa quête de sens:

«En fouillant dans les grands livres de comptes passés / J’ai cru trouver les clés de nos préjudiciables décomptes /  Mais, ai-je bien compris le sens de ces déconvenues ? / Ai-je bien fait le compte de tous nos mécomptes ?» (poème «Prudente concession»)

  • l'hommage : sur le ton du lyrisme et de l’épopée pour la grandeur d’Aimé CESAIRE : «l’épée du grand Césaire» (poèmes «Prudente concession», «Indéniables nœuds», «Tempête tropicale»)

Véronique Larose  -  mars 2007

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