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Garcia Marquez,
la littérature s’en souviendra!

Khal Torabully

30.04.2014

 

   

 

 

HOMMAGE
Poème baroque pour Marquez

 

 

 

Marquez

Garcia Marquez, décédé à 87 ans d'une pneumonie au Mexique le 18 avril, est l'un des grands maîtres du roman contemporain. Né un jour de tempête à Aracataca, en Colombie, il a connu les soubresauts d'un pays agité, où la corruption, la violence historique, les dictatures et la pauvreté l'ont marqué profondément. Il a reçu le Prix Nobel pour les quelque 20 ouvrages qu'il a écrits, dont les chefs-d'œuvre Cent ans de Solitude et L'Amour aux temps du choléra.

Marquez se dit toujours étonné que l'on puisse croire que ses romans sont nés de son imagination débordante, et non de la stricte réalité qu'il dit observer sans la modifier. Aussi, à Macondo, lieu imaginaire où se déroulent ses histoires, en somme un bout de Caraïbe greffé sur l'Amérique du sud, il élabore un style qui lui a valu le titre d'inventeur du réalisme magique, sorte de conscience hybride faite de la réalité soumise à l'irréel baroque de l'Amérique dite latine. Mais la réalité est-elle perçue de la même façon partout? La réponse est non...

Pour moi, il est le premier écrivain à avoir donné un réalisme complexe, spécifique aux pays éloignés du mainstream littéraire.

Une proposition pour construire sa réalité propre, avec ses codes du récit et de la narration. Et il n'a pas manqué de faire école chez des écrivains de stature mondiale, notamment Rushdie ou Ghosh. Le maître colombien a en effet posé les bases d'un réalisme qui défie les normes des romans du Nord, rendant possible une libération de l'imaginaire de ces écrivains dits de la marge, du postmoderne ou du postcolonialisme. Même s'il demeure modeste à ce propos, il a donné un style propre au roman moderne.

L’hommage que je lui rends tient compte de ce jeu incessant entre l'onirique, le fantasmagorique et les jeux entre créativité et réalité. Il pose la question de savoir si les réalités littéraires et sociales ne s'influencent pas mutuellement. A tel point que Macondo, lieu romanesque imaginaire, pourrait bien devenir une réalité un jour en Colombie...

Au fond, décrire la réalité colombienne, n'est-ce pas poser la texture spécifique comprise par le comité Nobel en 1982, à savoir que, dans «ses romans et ses nouvelles où s'allient le fantastique et le réel dans la complexité» il existe un «univers poétique reflétant la vie et les conflits d'un continent». Même si modestement, le maître colombien a soutenu que «Tout ce que je fais, c'est m'adapter à notre style de vie, la vie des Caraïbes», il a créé un univers dans lequel les réalités peuvent se superposer, se définir loin d'une réalité considérée comme l'aune de toutes les autres.

Marquez nous a appris que le style, en sus de l'homme, est aussi façonné par la réalité que l'on sait saisir au-delà des mots où d'autres l'ont oublié. Et que la vérité n'est pas celle que nous croyons toujours savoir d'elle. Merci maestro, la littérature s'en souviendra...

boule   boule   boule 

 Viré monté