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Cov-19: Pensées d'un reconfiné

Khal Torabully

Octobre - ?
2020

Jours

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Pensées d'un reconfiné - Jour 1

Chères amies, chers amis, bonjour. Après mes chroniques aux temps du corona et carnet d'un déconfinement, je commence aujourd'hui des écrits plus brefs, saisis dans des fulgurances ou parfois de pensées plus développées.

Aujourd'hui, à la différence du premier confinement, une observation dans mon secteur: on n'a pas dévalisé le rayon des PQ, preuve que l'homo sapiens apprend à vivre avec le covid ou son postérieur...

Ajoutons que Mme de Sévigné disait que certains confondent postérité et postériorité.

En tout cas, ce signe est d'importance alors que la France est entrée dans un mois ou plus de reconfinement allégé à minuit...

Vous pouvez encore vous rassurer: il n'y aura pas de pénurie de papier toilettes, l'exécutif a bien anticipé la deuxième vague qui s'abat sur l'hexagone. Pour notre postériorité.

Ce qui ne m'apporte un peu de baume au cœur ou au postérieur, c'est que nous pourrons encore lire aux toilettes comme un reconfiné, et savoir que la culture n'en pâtira pas pour autant, car nous connaissons plus d'un rayon sur le papier cul....

Avec le détachement pandémique, réfléchissant au jour d'après avant la troisième vague. Qui sera aussi crotté selon toute vraisemblance...

(c) KT, 29.10.20

Pensées d'un reconfiné - Jour 2

Bibliothèque de la Madonna del Sasso

Photo Francesca Palli.

ENTRE LE PQ ET LE PAPIER LIVRE

Les sages désintéressés qui nous gouvernent semblent décréter un autodafé sans feu. Ils laissent entasser les livres comme le PQ sur les rayons. SAUF QUE LES PREMIERS SONT ENCOURAGÉS À LA VENTE ET PAS LES DEUXIÈMES.

Soi-disant pour nous protéger d'une infection.

Soit...

Mais quand on analyse la sinistre réalité de cet interdit, en laissant les grandes surfaces vendre le livre et non les libraires, je me pose la question si l'élite n'est pas déjà atteinte d'une pandémie de l'idiotie...

Et c'est au pays de la liberté de l'expression que l'on nous serine à longueur de temps.

Mais le droit de lire est une liberté fondamentale, justement pour faire reculer violence et ignorance, qui sont les compagnes d'une tête vide, binaire...

La pandémie serait-elle l'occasion rêvée de donner le bac en ligne, parfois au rabais et de fermer l'accès à la culture?

Sans tomber dans le complotisme, la question se pose tant les mesures covid dans ce secteur sont illogiques.

Qui peut croire que le rayon livre peut propager le virus plus que celui du PQ ou du rutabaga ou de la semoule?

On pédale dans une pensée inculte, dangereuse caricaturale.

Le livre est l'antidote de la télé, de la réalité anxiogènes.

C’est la promesse du voyage immobile en temps de restrictions de mouvements.

En poètes et néanmoins citoyens, disons: ouvrons, ouvrons la cage aux oiseaux et les librairies aux rêveurs éveillés.
Oui le livre est dangereux car il aide à réfléchir...

Le livre ne tue que l'ignorance...

En prenant les mêmes précautions que pour l'achat d'un navet ou d'un téléphone, on peut toucher cet objet qui nous libère de la toxicité du monde ambiant.

Et à penser au-delà des élites toxiques.

Ce sera ma pensée du jour. Celle d'un lecteur que l'on veut rendre abruti à la suite de mesures qui n'ont ni queue ni tête, pourvu que certains commerces prospèrent et d'autres passent à la fosse sceptique...

Non vous avez bien lu, sceptique, car je me torche la postériorité en réfléchissant à ces mesures qui feraient rire à mon premier paquet de PQ entamé en reconfiné...

(c) KT, 31.10.20

Pensées d'un reconfiné - Jour 3

Même si Joe Biden est le favori, les swing states, avec des votes flottants pourraient créer la surprise... Ici, des français qui soutiennent Trump, en expliquant qu'ils ne comprennent pas forcément ce qu'il raconte, mais qu'ils l'aiment quand même.

Pendant cette pandémie, il serait temps de comprendre les véritables enjeux de la politique, car la démocratie, depuis le jour d'avant a changé de sens, le sécuritaire et le populisme, saupoudrés de complotisme créant de nouvelles définitions.

Mardi, on saura si Trump, qui botte le virus en touche aura convaincu d'autres Tuche, les paumés du célèbre film (Les Tuche 2: Le Rêve américain), qu'il aura engrangé le vote de cet électorat désabusé qui aime son discours, qu'ils ne comprennent pas forcément mais qu'ils aiment quand même...

En attendant, le virus doit se demander s'il doit se cacher dans les urnes ou sous le chapeau des cowboys, en attendant le prochain discours du président qui veut rendre l'Amérique encore plus grande.

Un surréalisme a envahi la réalité, que Gabriel Garcia Marquez a connu sous le nom de réalisme magique.

Et la pandémie est une loupe grossissante, magnifiant cette sensation que le monde est désormais bien Tuché.

Même si le doute est encore permis pour ceux qui s'abstiennent de voter en comprenant tout du discours de Trump ou qui voteraient pour Biden, qui n'est pas le candidat idéal pour le jour d'après...

(c) KT, 1.11.20

Pensées d'un reconfiné - Jour 4

LE 2 NOVEMBRE, JOUR DE L'ARRIVEE DES ENGAGES A L'ILE MAURICE

A l'occasion de ce jour de mémoire, jour férié à l'île natale, cet article et réflexion sur une partie de la méthodologie de la coolitude qui met en lumière la prochaine parution de SLAVE IN A PALANQUIN de Nira Wickramasinghe, auteure d'une étude "minoritaire" de l'esclavage au Sri Lanka. Ce livre fera date dans l'historiographie de l'océan Indien, car il adopte une approche complexe, plurisdisciplinaire qui construit un "récit partagé" que nous avions proposé dans notre méthodologie il y a plus d'une décennie. J'ai eu le bonheur de lire cet ouvrage extrêmement bien documenté, avec une quarantaine de pages de sources explicitement mises en avant, un souci de mettre en perspective l'épistémologie dans l'Histoire et de proposer une voix/voie originale dans l'exploration des mémoires et histoires de l'océan Indien, qui offre aussi une passerelle inédite entre les études de l'Atlantique et notre océan. Le livre de Nira Wickramasinghe paraît le 17 novembre à Columbia University Press. Je vous le recommande vivement, pour que les perceptions racialisées, créolisées selon des définitions restreintes soient remises en cause dans la nécessaire méthodologie mettant engagisme et esclavage en commune perspective, tout en tenant compte de leurs spécificités, de leurs complexités.

L'auteure opère une subtile traversée des signes qui marquera d'une pierre blanche l'Histoire de l'esclavage dans l'océan Indien et d'ailleurs, car elle tient parfaitement en compte le discours de l'Histoire qui, pour citer Andrea Major, ne donne pas la même importance à tous les esclavages...

Je me suis laissé emporter par le style fluide, étagé de sens et avenant de cet ouvrage qui est un ravissement pour l'explorateur de ces pages d'Histoire parfois laissées dans les oubliettes. Et j’ai pris soin de jeter des passerelles entre elles lors de ma première approche, qui sera complétée par un entretien à venir avec Nira Wickaramasinghe, professeure d’Histoire à découvrir d’urgence dans cet ouvrage.

La méthodologie de la coolitude pour l’engagisme et l’esclavage Cas d’école:
«Slave in a Palanquin» de Nira Wickramasinghe

(c) KT, 2.11.20

Pensées d'un reconfiné - Jour 5

Pfizer dit avoir trouvé le vaccin, qui fonctionne à 90% contre le covid (ayant 90% de cas en moins que dans les autres tests placebo), testé en phase (accélérée) 3 et les journaux télévisées, quittant Trump (qui tweete en disant que c'est "une bonne nouvelle", oubliant presque sa défaite contre laquelle il est loin d'être vacciné), Biden (qui réplique que la lutte contre le covid n'est pas encore gagné) et Harris (qui ne pipe pas mot suivant ses fonctions), annoncent la nouvelle pendant ce reconfinement.

En ce moment, la situation est très préoccupante en France, comme on le sait. Donc, cela serait une bonne nouvelle, si cela était confirmée. Déjà les bourses s'envolent, avec Airbus bondissant de quelque 13%, signifiant que la nouvelle normalité retournerait à la normalité du jour d'avant...

Pour ma part, si je me réjouis de cette nouvelle, tout en me disant est-ce que l'on aurait le choix de se faire vacciner ou pas - on pourrait être taxé d'anti patriote empêchant la reprise économique - je regrette une chose, que l’on ne se soit pas dépêché de trouver un vaccin contre la bêtise humaine... Mais là, si cela était fait, croyez-vous que la bourse se serait envolée? Il est loisible d'en douter. En attendant, masques et gel et confinement, en attendant des records de hausse en bourse si le vaccin dopait encore plus le retour au travail pour rattraper les parts de PIB/PNB concédées au covid, aves des cadences accélérées?

Car le capital a horreur du co(vide).... Les bourses ou la vie aussi...

En ces temps de suspicion, il est temps de nous penser en humains et dépasser les haines faciles que l'on instrumentalise… Les découvreurs du vaccin de Pfizer, qui guérit à plus de 90%, sont d'origine turque. C’est ce couple remarquable, les Drs Ozlem Tureci and Ugur Sahin.

Ils ont mis la science au cœur de leur vie, loin de fausses théologies, opportunisme et dévoiements. Ils ont travaillé pour une humanité entière.

Cette percée scientifique au plus haut niveau, devrait faire réfléchir tous les haineux et faire comprendre que les amalgames faciles sont dépassés, et sans intérêt pour des gens honnêtes et éclairés.

C'est un moment historique, remercions ce couple dédié à la science pour leur travail capital dans la clarté, la patience et l'abnégation pour tous et toutes. Ce dévouement a donné cette découverte capitale pour l'humanité...

Au-delà des discours de haine qui circulent trop.

Trump devrait y réfléchir, avant de fermer les frontières à certains, pour plaire à son électorat réfractaire…

Depuis la nuit des temps, des migrants et réfugiés ont apporté beaucoup aux sciences, littératures et théories qui sont en vogue dans le monde et le mainstream.

Ironie de l’Histoire actuelle?

Ceux qui sont honnis ne se laissent pas emprisonner dans une image réductrice.

Ils ont travaillé sans relâche…

Les Lumières, oui, les lumières sont désormais dans nos horizons à venir car cette percée devrait faire réfléchir.

Que cela inspire les jeunes qui pensent que le savoir et la science ne sont pas des espaces à investir pour prouver/trouver leur voie/voix…

Merci aux scientifiques qui dédient leurs vies pour nous sauver, au-delà des identités meurtrières ou de discours réducteurs sur les migrants ou l’autre.

Ce travail hors laboratoire doit être le nôtre à chaque instant, pour nous éclairer d’abord et sortir de tous les discours faciles de haine… Car l'humanité est une espèce et non des petites frontières pour couver les violences...

(c) KT, 9.11.20

 

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Viré monté