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Le rêve brisé de Novak Djokovic

Hugues Saint-Fort

Dès le début de sa carrière de joueur de tennis professionnel aux environs des années 2003-2004, le Serbe Novak Djokovic n’a jamais été mon tennisman préféré. Il m’apparaissait quelque peu arrogant, trop hautain et même méprisant sur les bords, en particulier vis-à-vis de certains joueurs de tennis issus de certains groupes ethniques. Cependant, à force de constance dans la poursuite du succès, il avait fini par remonter plus ou moins dans mon estime, même s’il n’était jamais arrivé à gagner complètement mon admiration et mon respect.

Dans la finale historique de l’US Open qu’il a disputée hier dimanche à New York contre le Russe Daniil Medvedev, j’étais certainement l’un de ses supporteurs car les enjeux avaient un caractère exceptionnel. S’il gagnait ce match, il deviendrait le détenteur d’un vingt et unième titre de Grand Chelem, dépassant ainsi les deux autres champions emblématiques de ces 15 dernières années, le Suisse Roger Federer et l’Espagnol Raphael Nadal qui ont chacun remporté un titre de Grand Chelem 20 fois. Mais surtout, Djokovic pouvait, en cas de victoire, réaliser l’exploit de gagner durant la même année les 4 plus grands et plus prestigieux tournois de tennis au monde (les Internationaux d’Australie (janvier), le tournoi de Roland-Garros (mai), que les Anglophones appellent le French Open, le tournoi de Wimbledon (juillet) en Angleterre, et l’US Open (septembre). Chez les hommes, il n’y a eu qu’un seul joueur à avoir réalisé un tel exploit. Il s’agit de l’Australien Rod Laver, surnommé The Rocket, qui l’avait fait en 1969.

Djokovic a donc été battu sèchement en 3 sets, 6-4, 6-4, 6-4 par Medvedev qui remportait ainsi son premier titre de Grand Chelem. Profondément déçu, refoulant des larmes qu’il pouvait difficilement retenir, Djokovic n’a pas pu faire face à la pression de l’histoire et a perdu relativement facilement contre un adversaire qu’il avait battu 5 fois au cours de 7 rencontres. Ce n’est pas la première fois que cela lui est arrivé. En juillet dernier, au cours d’une demi-finale aux Jeux Olympiques contre l’Allemand Zverev, dans une autre quête d’excellence, il a laissé filer le match alors qu’il menait et était en position de gagner. Est-ce l’usure du temps et le poids grandissant de l’âge (il est maintenant âgé de 34 ans et se trouve plus près de la retraite que des remontées spectaculaires dont il nous a donné tant d’exemples)? Sera-t-il capable de gagner au moins ce vingt et unième titre de Grand Chelem et briser ainsi cette égalité qu’il partage avec les deux autres monstres sacrés du tennis, Federer et Nadal? Le prochain tournoi de Grand Chelem se déroule en Australie en janvier 2022 et c’est celui qui lui a le mieux réussi, puisqu’il l’a déjà remporté 8 fois. C’est ce que je lui souhaite.

Hugues Saint-Fort
New York, septembre 2021

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 Viré monté