Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Les «Bleus» dans la douleur,
mais au bout du compte, se qualifient pour la finale

Hugues Saint-Fort

Ainsi donc, la France et Kylian Mbappé vont jouer la finale de la Coupe du monde dimanche prochain 18 décembre 2022 contre l’Argentine et Lionel Messi. Si les Bleus l’emportent, la France prendra le relais du Brésil de 1958-1962 et réussira le doublé, c’est-à-dire gagner deux coupes du monde d’affilée. Aucune sélection nationale n’a accompli un tel exploit en soixante ans. Si l’on ajoute que la France a joué quatre finales entre 1998 et 2022 et en a remporté deux, on mesurera à sa juste valeur la magnifique domination du football français au cours de ce quart de siècle.

Comme durant les ¼ de finale contre l’Angleterre, les Bleus ont souffert et nous ont offert une prestation en demi-teinte. Les co-équipiers de Kylian Mbappé n’ont pas été brillants mais ils ont montré une solidarité à toute épreuve et sont allés chercher au plus profond d’eux-mêmes les ressources nécessaires pour conquérir cette vaillante équipe du Maroc.

Cette dernière s’est assurée de la maitrise du jeu durant une bonne partie du match, a gardé la possession du ballon et s’est offert quelques occasions de but repoussées par un Hugo Lloris des grands jours.

Au milieu du terrain, l’absence d’Adrien Rabiot qui a dû rester à l’hôtel, victime d’un coup de froid dans sa chambre trop réfrigérée, s’est fait sentir cruellement. Mais, comme contre les Anglais, Antoine Griezmann veillait au grain. Une jolie combinaison avec Mbappé alerte le défenseur Théo Hernandez qui reprend acrobatiquement en demi-volée et ouvre le score pour les Tricolores. On jouait seulement depuis cinq minutes. Apparemment, chez les Français, c’est devenu maintenant une habitude pour les défenseurs de monter et marquer. Qui ne se rappelle la frappe de mule du défenseur Benjamin Pavard inscrivant le deuxième but français pour égaliser contre l’Argentine en huitièmes de finale en 2018, ou alors les deux buts d’anthologie de Liliam Thuram en demi-finale de la Coupe du monde en 1998 contre la Croatie.

La France s’est mise à l’abri à la 79ème minute grâce à un but miracle réalisé par Randal Kolo Muani qui venait juste de rentrer et toucher son premier ballon. Comme Kylian Mbappé, Kolo Muani a été formé à Bondy dans la banlieue parisienne et, après 3 saisons à Nantes, joue maintenant à Eintrach Frankfurt en Allemagne.

Dimanche, l’Argentine voudra prendre sa revanche de la mémorable défaite (3-4) subie contre la France en huitièmes de finale de la dernière Coupe du monde en Russie. Les deux équipes sont à la recherche d’une troisième étoile, i.e. un troisième sacre. Nul doute que la planète foot mais surement les Argentins aimeraient bien voir Lionel Messie terminer son illustre carrière en remportant finalement cette Coupe du monde qui n’a cessé de le fuir tout au long des années. Mais, ils trouveront en face d’eux des Tricolores décidés à s’accrocher une troisième étoile.

J’ai volontairement laissé pour la fin de mon compte rendu l’aspect politique de cette rencontre de demi-finale entre la France et le Maroc. Certains commentateurs n’ont pas manqué de souligner l’arrivée d’une nouvelle ère dans le football international avec la possibilité pour les footballeurs marocains, après avoir éliminé de grandes équipes «colonisatrices» comme la Belgique, l’Espagne et le Portugal, de prendre sur le terrain une revanche bien méritée contre la France. Sur le plan diplomatique, les relations sont loin d’être au beau fixe entre Paris et Rabat. Ce dernier juge que Paris se rapproche un peu trop d’Alger dans le conflit permanent qui oppose le Maroc à l’Algérie sur le Sahara occidental. La question des visas dont Paris restreint la distribution aux ressortissants marocains est devenue un nouvel objet de discorde entre les deux capitales. L’immigration marocaine en France forte de près d’un million et demi de personnes risque de subir les contrecoups d’une telle politique. La question migratoire a toujours généré des tensions. Rappelons toutefois que le Maroc n’a pas été une colonie française strictement parlant, mais seulement un protectorat français. En tant que tel, il a bénéficié d’une certaine autonomie et a acquis son indépendance, sans comparaison aucune avec les affres de la douloureuse expérience vécue par l’Algérie.

Hugues Saint-Fort
New York, décembre 2022  

*

 Viré monté