Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

vœu

Umar Timol

je fais le vœu d'un langage plus vaste que ces nuits qui répandent les maléfices, un langage sans mots ni verbes, aérien et simple, vide et empli de la multitude du devenir, je fais le vœu d'un langage qui a le pouvoir de te défaire et de te reconstruire dans un même élan, un langage si limpide qu'il peut fendre de bleu le sang des enfants, qu'il mêle les palabres de nos larmes à la vanité des pierres, je fais le vœu d'un langage qui ne réside pas dans les livres mais dans les manifestes de l'aube, d'un langage si fort qu'il peut disloquer la dialectique des cœurs las, lourds, indifférents, un langage qui démantèle les adages de la folie et qui m'enroue au mitan de tes yeux, je fais le vœu d'un langage pour conspuer la mort monotone et pour fasciner les entraves de la vie, je fais le vœu d'un langage si pur qu'il fourvoie les origines, qu'il ordonne que pullule la fratrie des différences, je fais le vœu d'un langage qui m'exercera à ta dissolution dans les labyrinthes de ma mémoire, qui ne cessera les baptêmes de ta trace dans ma peau, je fais le vœu d'un langage dont le sens perdurera au-delà des cadastres de l'éphémère, qui jaillira dans les lambeaux de l'histoire, un langage qui s'affranchira des étreintes de la mer, qui intimera à l'obscur de dévoiler sa chair, je fais le vœu d'un langage qui instaure les vantardises d'un ailleurs toujours encense, d'un langage qui ne cessera de t'incurver dans mes veinules fissurées, qui est partout et nulle part, silencieux et tapageur, comme ton souffle, et dont les errances apaisent les aléas de l'instant, je fais le vœu d'un langage qui te ressemble car tu es grâce et tu sillonnes et aumônes, - le sens de la beauté entre tes mains recueilli -, le long de ces rives, trop chargées de vertiges, trop chargées de cauchemars. umar

Viré monté