Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

Umar Timol

Il sait là-bas la lumière. Il sait sa fougue et ses cendres, il sait qu’il n’est de vérité que cette lumière. Il sait qu’il doit y aller. Ce n’est plus qu’une question de temps. Il faut que cette lumière le crucifie. Qu’il devienne lumière. Mais quelque chose le retient. Sans doute la gourmandise du monde. Ou l’orgueil de son corps. Ou la terre entrelacée dans sa peau. Ou ce voile vêtu de fulgurances qui dans ses yeux flamboie. Ou ses veines ancrées dans le sang frelaté des jouissances. Il importe peu. Mais il s’en ira. Tout à l’heure. Demain. Un jour en tout cas. Avant que la boue n’engorge ces nuits rivées à son souffle. Et la lumière le crucifiera. Et la lumière le rendra à la transparence. Et la lumière déploiera son corps sur la pierre de ses fascinations. Et la lumière, gravée dans la moelle de ses atomes, ensemencera ses insomniaques dans ses vents, amples et lacérés de sens. Et la lumière le rendra plus humble que les aumônes de la poussière. Et la lumière, dans ses silos bleutés, lui fera l’offrande de l’énoncé de sa substance, elle lui fera cette offrande, amour, amour, tout n’est qu’amour.

boule

Viré monté