Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

fragments

Umar Timol

elle y est, celle que tu aimes, dans le temps, dans ton temps, temps dont tu ne peux défaire les manifestes, temps dont les lianes s'immiscent dans tes viscères et tes limbes, dont les lianes frelatent ton sang, elle y est, celle que tu aimes, dans le temps, dans ton temps, temps qu'elle exerce à sa convenance, qu'elle raccourcit ou distend à volonté, tu es ainsi son pantin désarticulé, son jouet rompu, elle y est, celle que tu aimes, dans le temps, dans ton temps, ce temps qu'elle possède et elle t'engage à demeurer à sa commissure, emmêle et prosterne dans une même soie l'entre-deux de tous tes éphémères.

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et ainsi tu aimes la divinité ténébreuse, celle qui t'affranchira des aléas du doute et de la tragédie mais ce n'est qu'un être, une splendeur il est vrai mais ancré dans un temps, dans un corps, assiégé par les limites du précaire, ainsi tu confonds le désir de l'absolu avec le désir de l'autre, elle ne sera jamais lieu de réconciliation, elle ne sera qu'une étreinte qui hasardera, ici et là, le bonheur et tu demeureras donc toujours ainsi, tu seras de la nostalgie, à la recherche toujours, insatisfait toujours, déçu toujours, au seuil d'un désir, virulent et cruel, qui semble donner sur le sens mais qui n'est, au fond, qu'une apparence, une apparence triste et sublime.

 

Viré monté