Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

l'eveil

Umar Timol

et parfois, c'est étrange, on s'éveille à une femme, qu'on côtoie au quotidien, qu'on croit connaître, qu'on ne voit pas vraiment et puis, un jour, il suffit d'un regard qui s'égare, tendre ou indifférent, on ne le sait trop ou d'un mot ou de paroles, légères, inutiles, de ces paroles qui servent à emplir les vides mais qui touchent et cassent parce qu'on y devine les convulsions de l'ailleurs et on se met alors à la voir, avec intensité, une intensité qui ne cessera de croitre, qui deviendra par moments obsessionnelle et on ne cesse alors de scruter le moindre de ses gestes, le moindre de ses mots, on se met à scruter jusqu'à son souffle car on s'éveille à sa plénitude entière, à sa plénitude resplendissante, son mystère et ses abîmes, tout ce qu'elle est et qu'on ne peut être et on se met a la jalouser, son enfance, ses amours, ses mélancolies et ses allégresses, tout ce qui nous fuit, tout ce qu'on ne peut posséder et on sait qu'elle nous est désormais essentielle et on ne cesse et on ne peut cesser de s'éveiller à cette femme, à sa plénitude entière, à sa plénitude resplendissante car elle est songe pour cet homme, perdu et un peu fou, qui cherche refuge dans les nuits.

Viré monté