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«Grande Pointe» ou... «Pointe de Nègre» ?

Agrandir le plan   -   Pointe de Nègre / Saint-Barthélemy (Google Earth).

Aussi loin que l’on puisse remonter, l’ensemble de la pointe la plus sud de l’île de Saint-Barthélemy s’est toujours appelé «Pointe de Nègre». La plus ancienne mention s’en trouve dans la collection Moreau de Saint-Méry; une copie datée de janvier 1767, non signée, y fait un tour de l’île:

Les anses en différentes partie de cette isle portent les noms suivans en commencant par le Carénage et remontant vers le nord.
Le Carénage, L’ance du Public, le quartier du Colombier, L’anse des Cailles, L’anse St Jean, le quartier d’orléans ou est maintenant l’église.
Le grand & le petit Cul de Sac, le grand fond, l’anse de la Saline, l’anse du gouverneur, Celle du pays des nègres, les bassin ou rochers qui forment le Carénage dans la partie de l’ouest.

[ANOM (Aix-en-Provence). Collection Moreau de Saint-Méry 54 / 153à160].

«L’anse du Pays des Nègres» ... le nouvel arrivant suédois (1785) ne s’y trompera pas: la toponymie française sera scrupuleusement respectée, hormis bien sûr la ville entourant le port: «Le Carénage», qui deviendra un peu plus tard la mythique Gustavia (et plus exactement, entre le 28 décembre 1786 et le 9 février 1787...). Dans sa toute première Lettre adressée à l’Académie Royale des Arts et Sciences de Stockholm en cette même année 1786, la Kungliga Vetenskapsakademien: The Royal Swedish Academy of Sciences (RSAS), le très officiel Samuel Fahlberg décrira l’île comme une figure triangulaire dont la pointe Sud de ce triangle est appelée «Pointe a Negres».

Pourtant en 1795, sur sa première carte de l’île de Saint-Barthélemy: ”Charta öfver ön St. Barthelemy. Dedicerad till Kongl: Wetten:Academien af dess ödmiukaste tjenare [humble servant] Samuel Fahlberg 1795” dont l’unique exemplaire se trouve au Centrum för vetenskapshistoria (centre d’archives de la Kungliga Vetenskapsakademien), il y portera en cet endroit bien précis la mention «Pointe de l’Isle» avant de se reprendre sur les cartes qui suivront.
Ici = Pointe-de-l'Isle

Pointe de l'île

En 1800 tout d'abord:

Charta öfver ön St. Barthelemy. Dedicerad till Kongl:Wetten:Academien af dess ödmiukaste tjenare [humble servant] Samuel Fahlberg 1795”, dont l’unique exemplaire se trouve dans l’inventaire du Centrum för vetenskapshistoria (centre d’archives de la Kungliga Vetenskapsakademien), n’a pas encore dévoilée sa pointe...en image couleur ou noir&blanc.

En 1800 pour sûr:

 
Pointe de Negre Ici = Pointe de Negre


Charta öfwer Batteriernes belägenhet kringom staden Gustavia [Map of situation of  the batteries surrounding the town Gustavia] … Gustavia den 11 April 1800. Samuel Fahlberg.
Pen and watercolour 39x65,5 cm. Old Inv. nr. 58418 / digital number n° 3953. (Source: Uppsala University Library)

Ici = Pointe a Negre

Charta öfver Batteriernes belägenhet kringom staden Gustavia. ... Gustavia den 12 April 1800. Samuel Fahlberg.
Handdrawn.
Utländska stads- och fästningsplaner [Foreign town and fortress plans] Inv. nr. 0406:20:001:004 / digital number n° sfp gustavia no.4. (Source: Krigsarkivet)

Pointe de Negre

En 1801 ensuite, sur ce qui constitue probablement la carte suédoise la plus connue de Saint-Barthélemy et qui existe donc en de très nombreux exemplaires et endroits:

Pointe de Negre Ici = La Pointe de Negre
Charta öfver Ön St. Barthelemy. Konungen af Sverige Gustaf Den IV. Adolph i underdănighet tilegnad af Författaren Samuel Fahlberg [Carte de l’île St-Barthélemy. Humblement dedié au Roi de Suède Gustav IV Adolph par l´auteur Samuel Fahlberg] Graverad af Fredrik Akrel, Stockholm Ăr 1801. Utländska topografiska kartor [Foreign topographic maps] 3&3bis. Inv. nr. 0404:49:A:003 / digital number n° utl.kartor band 49 A no.3 st barthelemy. (Source: Krigsarkivet)
Ici = La Pointe de Negre
Charta öfwer Ön S:t Barthelemy. Konungen af Sverige Gustaf den IV Adolph i underdånighet tilegnad af Författaren Samuel Fahlberg.
Engraved by “Fr. Akrel, Stockholm År 1801.”
Engraving, coloured
Copper-plate 52x72 cm, sheet 54x75 cm
Library of the Royal Swedish Society of Naval Sciences
Charta öfver ön St. Barthelemy : Konungen af Sverige Gustaf den IV Adolph i underdånighet tilegnade af

Författaren  Samuel Fahlberg.
Graverad af Fr. Akred 1801.         
Färglagd gravyr 72 x 50 cm.
Handskrift / Ettbladssamlingen
.
(Source: Uppsala University Library)
Pointe de Negre
Pointe de Negre Ici = La Pointe de Negre
Karta öfver Ön St Barthelemy.[The Map of the island St Barthelemy.] af Samuel Fahlberg.
Utländska topografiska kartor [Foreign topographic maps] 5. Inv. nr. 0404:49:A:005 / digital number n° utl.kartor band 49 A no.5 st barthelemy. (Source: Krigsarkivet)

Et puis vint la rétrocession de l’île suédoise à la France, en 1878; et la «Pointe de Nègre» reprit progressivement son accent grave...

En 1884, pas tout à fait encore, dans l’Atlas illustré du Libraire-Éditeur Migeon: «La France et ses colonies», parmi les cent cinq cartes dressées d’après les cartes du depôt de la guerre, des ponts et chaussées et de la Marine, par M. Vuillemin.

Pointe de Negre Saint-Barthélemy, qui ne figurait donc pas dans les éditions précédentes (dont la toute première remonte à 1844), puisque colonie suédoise, apparaît désormais aux côtés de la Guadeloupe sur la planche n°93 «Guadeloupe et Dépendances, Saint Martin & Saint Barthélemy» (gravée par Lecocq et Barbier)... avec sa  «Pte. Negre». 

Ici = Pte. Negre

En 1902 plus officiellement, sur la carte «Guadeloupe et dépendances» par A. Bouinais {échelle 1:500.000}, éditée et imprimée à Paris (par Augustin Challamel & Imprimerie Dufrenoy), pour le compte de l’administration communale.

Ici = Pte. Nègre

Pointe de Negre
Pointe de Negre On la retrouve ensuite en 1933 sur la carte émise par le Service des Travaux Publics de la Guadeloupe (Déssinée par R. Clairon, Adjoint-technique : d’après divers documents du service des T.P. de la Guadeloupe.){échelle 1:100.000}.

Ici = Pte. Nègre

Pointe de Negre Puis en 1935 sur la carte jointe à l’ouvrage «Les travaux publics de la Guadeloupe» signé de l’Ingénieur principal des Travaux publics des Colonies, chef du service des Travaux publics de la Guadeloupe: Gérard Robert; sous la direction du Gouverneur de la Guadeloupe et dépendances, Louis-Joseph Bouge, et préface par le député Gratien Candace.

Ici = Pte. Nègre

On la retrouve encore en 1938, sur la «carte de la Guadeloupe et dépendances» du Service Géographique du Ministère des Colonies (Dressée par A. Meunier d’après etc...) {échelle 1:100.000}, carte par ailleurs réimprimée à l’Institut Géographique National en 1958.

Ici = Pte. de Nègre

Pointe de Negre

Ce sera là la dernière apparition de la «Pointe de Nègre» comme nom de la pointe la plus sud de l’île antillaise de Saint-Barthélemy...
 

Pointe de Negre Car voilà qu’un beau jour de 1952, sur une carte intitulée «St. Barthélemy - levé expédié» {Édition provisoire – carte au 20.000e Flle N°36} dessinée et publiée par l’Institut Géographique National (IGN) pour le compte du Ministère des Travaux Publics et des Transports, la «Pointe de Nègre» glisse en catimini dans l’ouest et l’ensemble de la pointe la plus sud de l’île de Saint-Barthélemy se voir majestueusement rebaptisée «GRANDE POINTE». Cette carte de 1952 stipule: «Levé de 1950.»

Ici = Pte. de Nègre & GRANDE POINTE

La «Pointe de Nègre» désigne désormais une pointe secondaire à l'ouest, au regard des écueils...

Le tout est confirmé en 1958, sur une carte topographique au 1:50.000 également émise par l’Institut Géographique National: {La Guadeloupe – Feuille 6 – Ile St-Martin – Ile St-Barthélémy}; cette carte précise par ailleurs: «Levés (...) complétés sur le terrain en 1950-51-55.»...

Ici = Pte. de Nègre & GRANDE POINTE.

Pointe de Negre
Pointe de Negre En 1958, une autre carte de l’IGN, fruit elle aussi des travaux de terrain de 1950, 1951 et 1955, la carte «routière et touristique» de la Guadeloupe au 1:100.000, et non plus topographique, publiée pour le compte du Ministère des Travaux Publics et des Transports, porte cette fois «Grande Pointe» seule: il n’y est même plus question de «Pointe de Nègre», semblerait-il pour des raisons d'échelle: la densité du 100.000e ne permettant pas d'écrire les deux noms à cet endroit...   

Ici = GRANDE POINTE

Voilà au passage qui serait discutable car, et à titre d'exemple, sur cette autre carte routière et touristique de la Guadeloupe, toujours de l’IGN et de même au 1:100.000 {référence 84003, édition numéro 2, 1997: Guadeloupe – 1:100.000}, il y avait largement la place! L’absence de la « Pointe de Nègre» proviendrait en fait de la généralisation cartographique qui se traduit par une sélection des toponymes en fonction de leur importance topographique...

Ici = GRANDE POINTE

Pointe de Negre
Pointe de Negre L’Institut Géographique National rectifie ainsi le tir en 1967 pour le compte du Ministère de l’Équipement, sur une carte au 1:5.000, qui résulte d'un agrandissement du levé expédié IGN de 1952 au 1:20.000, confirmant d'une part, l'existence de deux pointes différentes et, d'autre part, la différence d'importance entre les deux toponymes: la «Pointe de Nègre» réapparaît, toujours à l’ouest de la désormais «Grande Pointe», en caractères plus petits.

Ici = Pte. de Nègre & GRANDE POINTE

En 1970 paraît une nouvelle version de la «Feuille 6» au 1:50.000 de 1958, suite à la «Révision de 1969», ainsi qu’une nouvelle carte au 1:20.000 titrée «Ile St-Barthélemy», faisant elle aussi suite aux «levés stéréographiques aériens de 1968-1969» mais «non complétés sur le terrain» et de fait respectant la «toponymie des cartes antérieures»: la «Pointe de Nègre» y perdra 8 mètres de hauteur, y verra forcir son vert mais n’y retrouvera pas pour autant sa vraie place.

Ici = Pte. de Nègre & GRANDE POINTE

Pointe de Negre

Et il en va ainsi, depuis, sur toutes les cartes dessinées et publiées par l’Institut Géographique National, jusqu’à la carte actuelle... 4606GT: {Île Saint-Martin - Île Saint-Barthélemy – 1:25.000}.

Pointe de Negre

Ici = Pte. de Nègre & GRANDE POINTE

 
Le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM), qui se réfère à l’IGN en matière de toponymie, a fait quant à lui un peu de résistance...
Ainsi, sans remonter le temps aussi loin que précédemment, citons la carte marine n°1488, carte hydrographique de référence s’il en est dans cette zone géographique pour la Marine française, bien que tirée de levées par la Marine anglaise en 1847! Tout d’abord publiée par le Dépôt Général de la Marine en 1855, elle fit l’objet d’une deuxième édition par le Service Hydrographique de la Marine (SHM) en août 1934: {Océan Atlantique – Mer des Antilles – L'anguille, St. Martin, & St Barthélemy (Petites Antilles) – Levées en 1847 par le Capitaine E. Barnett de la Marine Royale Anglaise – 1:250.000}. Le Service Hydrographique de la Marine (SHM), créé en 1886, renommé Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM) en 1971, succède au "Dépôt général des cartes et plans, journaux et mémoires concernant la navigation", fondé en 1720, et qui avait pris lui même entre temps d’autres appellations, dont celui de Dépôt Général de la Marine qui avait donc "signé" la première publication de cette carte de 1855... Cette carte sera rééditée une troisième et dernière fois en 1992, sachant qu’entre toutes ces éditions (1855-1992) la carte n’était pas figée mais faisait l’objet de corrections régulières (1935, 1948, 1950, 1952, 1959 et 1961); et puis, finalement, cette bonne vieille carte n°1488 sera remplacée en 1997 par les cartes n° 7470 {D’Anguilla à Névis – Échelle 1:148.341}  et n° 7471 {D’Anguilla à Saint-Barthélemy – Échelle 1:60.000}.

Pointe de Negre Et bien? jusqu’en 1997, la carte marine n°1488 portera le nom de «Pte Nègre» en lieu et place de la pointe la plus sud de l’île Saint-Barthélemy!

Ici = Pte. Nègre

et ce n’est que sur les nouvelles cartes 7470 et 7471 qu’elle fut irrémédiablement rebaptisée «Grande Pointe», en conformité avec les cartes de l’IGN...

Ici = Grande Pointe

Pointe de Negre

On comprend mieux en tous cas pourquoi la toute première mission du flambant neuf navire océanographique «Pourquoi Pas?» devait-être, début 2006, une campagne d'hydrographie à la fois côtière et hauturière autour des Antilles, principalement au niveau des îles de Saint Martin et de Saint Barthélemy, dans le but d’y mettre à jour les relevés cartographiques: mis à part deux missions, manifestement "mineures", conduites sur site en 1950 et 1971, aucune mesure n’a été relevée par la Marine française dans cette zone depuis 1847 et les fameuses Levées de la Marine Royale...Anglaise! Il y avait peut-être là urgence pour un service hydrographique qui se présente aujourd‘hui comme l’héritier du premier service hydrographique officiel au monde et dont la nation possède tout de même deux îles dans la zone en question, petites certes, insignifiantes pour sûr, mais ce... dès 1648. Malheureusement, aux dernières nouvelles, le navire n’est pas parti en 2006! Mais rassurons-nous: en principe, le levé de 2006 devrait être réalisé... en 2010: la Marine française lèvera alors peut-être la «Pointe de Nègre» des grandes profondeurs de l’eau de là du plateau continental? Après tout: Pourquoi pas?

Mais qui a donc déplacé et renommé la «Pointe de Nègre» ... et pourquoi donc?

C’est par le décret-loi du 27 juin 1940 que le Service Géographique de l’Armée est supprimé et l’Institut Géographique National (IGN) créé. Tout d’abord rattaché au Ministère des Travaux Publics et des Transports, il est déclaré établissement public à caractère administratif en 1967, et placé alors sous la tutelle du Ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement.
Depuis 1942 l’IGN est doté d’une commission de toponymie interne...
«Le processus d’établissement de la toponymie comprend une préparation en atelier, ainsi que la rédaction d’instructions particulières par la commission de toponymie; ces instructions décrivent la situation de la zone concernée, et dégagent les toponymes litigieux auxquels l’opérateur devra porter toute son attention. Cette préparation est suivie de travaux de terrain, qui concernent directement la toponymie, puisque l’opérateur complète et contrôle sur place les informations réunies avant son départ; il établit à cette occasion un recueil de l’ensemble des noms devant figurer sur la feuille [i.e. carte], l’État Justificatif des Noms, document à usage exclusivement interne.
L’État Justificatif des Noms (EJN), document interne à l’IGN, est le recueil dans lequel le topographe, lors de son enquête terrain, consigne tous les noms devant figurer sur la carte, ainsi que leurs divers usages et orthographes (selon le cadastre, les mairies, les administrations publiques, les habitants, etc... ). L’EJN permettra à la Commission de toponymie de statuer sur l’écriture à reporter finalement sur la carte.
Recueil de la toponymie: le nom recueilli en mairie lors de l’enquête auprès des habitants [contradictoire?]; cette enquête orale, qui se déroule en présence de personnes originaires de la communemaire, secrétaire de mairie, responsable des services techniques mais aussi garde champêtre ou instituteur -, a pour objectif de vérifier l’identité de l’endroit dénommé et l’adéquation parfaite entre la dénomination figurant sur les documents consultés et le lieu concerné. Elle permet également la recherche de renseignements complémentaires sur la nature du terrain, la situation du détail géographique, l’histoire du lieu, l’origine ou la signification du nom.
Par la mise en oeuvre d’un ensemble de tâches techniques spécifiques: collecte, validation, représentation sur une carte ou enregistrement dans une base de données, l’IGN joue un rôle prépondérant dans la conservation du patrimoine toponymique national... » IGN

Le changement de toponymie Pointe des Nègre Vs Grande Pointe (d’oronymie faudrait-il même écrire plus précisément puisque «sont également considérés comme oronymes les détails liés au relief côtier tels que les caps, promontoires, îles, presqu’îles etc» ign.fr), intervenu en 1952, est donc l’œuvre de Institut Géographique National conséquemment à son «Levé de 1950». «La toponymie de la carte de base est mise à jour à partir des enquêtes effectuées par les opérateurs terrain à chaque nouvelle édition.» ign.fr ... Un opérateur terrain est-il seulement venu à Saint-Barthélemy en 1950 ? A-t-il établi un État Justificatif des Noms? La commission de toponymie interne a-t-elle statué?

Selon le "Service Client" de l’IGN: «il est probable qu'il n'y ait pas eu de relations à l'époque entre le Service Géographique du Ministère des Colonies et le Ministère des Travaux Publics et des Transports.»...!
Il est tout de même difficilement concevable qu’il ne se trouvait pas à l’époque, dans la Cartothèque de l’IGN (créée en 1943), une seule carte portant l’île de Saint-Barthélemy...? Ou alors que les services compétents de l’IGN n’aient pas songé voire réussi à s’en procurer une seule dans le cadre de l’exécution de leurs travaux du début des années 50. Nous l’avons bien vu: il n’existait, à ce moment, pas une seule carte ne portant pas la «Pointe de Nègre»... et des cartes portant l’île de Saint-Barthélemy, nous l’avons bien vu: il y en avait pléthore...

Interrogés sur cette pointe sensible, les différents services de l’Institut Géographique National bottent en touche et répondent acquérir leurs propres informations auprès des mairies, ou des préfectures. En clair, ce changement de toponymie ne peut donc être consécutif qu’à des informations transmises directement par la mairie de Saint-Barthélemy voire par la préfecture de la Guadeloupe.
Conséquence de la loi de départementalisation de mars 1946, la préfecture de la Guadeloupe n’en est qu’à ses toutes premières années d'existence à la date du «Levé de 1950»; M. Philipson a vite succédé au furtif M. Pougnet au poste de préfet et, par ailleurs, l’installation du siège des bureaux de la préfecture dans le Palais d'Orléans à Basse-Terre date de 1951. Au passage, la création de l’arrondissement des îles du nord (Saint-Barthélemy & Saint-Martin) ne fut effective qu’à partir de 1963 avec l’installation d'une sous-préfecture à Saint-Martin. Laissons donc cette piste de côté...
C’est plus certainement vers les archives de la mairie de Saint-Barthélemy, et tout particulièrement celles de l’administration de M. Alexandre Magras (1947-1962) qu’il conviendrait alors de se tourner en priorité. À la bonne heure: un centre d’archives flambant neuf, une première dans l’histoire de cette toute fraîche collectivité territoriale, doit ouvrir ses portes d’ici quelques mois dans l’ancien presbytère de l’église catholique de Gustavia. Mais la méthodologie même de l’IGN en matière de recueil de toponymie se basant sur une enquête orale (comme jadis les préliminaires du curé de ce même presbytère), par quel miracle retrouverons-nous un échange de cette nature qui plus est datant de près de 60 ans? Au passage, du haut de ses 92 ans et avec une excellente mémoire, l’ancien maire de Saint-Barthélemy, interrogé mi-2009, ne se rapelle nullement d'une «Grande Pointe» de ce côté de l'île, mais bien d'une «Pointe de Nègre» sans toutefois pouvoir la situer précisément. Il n’y a vraiment plus qu’à prier pour que soient également et rapidement transférées au Centre des Archives Territoriales de Saint-Barthélemy les archives de l’Institut Géographique National, et tout spécialement bien sûr l’«État Justificatif des Noms» ayant préfiguré à ce fameux «levé expédié» de 1952! {IGN. Édition provisoire – carte au 20.000e Flle N°36}. Et puisqu’on en est aux prières, alors: Que Dieu nous garde bien que nos deux acérés du "diplo", Sébastien Chauvin du Chikungunya et Bruno Cousin de la Science Pot-au-feu, ne tombent sur cette affaire...en effet: après avoir soutenu mordicus que l’office du tourisme de la municipalité utilisait comme l’un de ses premiers arguments de vente le fait qu’à Saint-Barthélemy «la population n’est pas métissée» (quitte à effacer deux siècles d’histoire en affirmant au passage que l’île n’a jamais connu l’esclavage), que réserveraient alors yinyin et maringouin à l’Institut Géographique National s’ils venaient à découvrir une dissimulation telle que celle de la... «Pointe de Nègre»?

Mais au fait: aviez-vous seulement remarqué comment s’appelle, depuis les temps les plus reculés, la pointe la plus sud de la Friendly Island Sint-Maarten/Saint-Martin? Elle, n’a pas changé de place.
 

L’amiRAL du CLASH
Île de Nantes. 6 juillet 2009.
Avec la collaboration de l’Institut Géographique National (IGN)
et du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM).

   

 

Agrandir le plan   -   "Anse du Pays des Nègres" / Saint-Barthélemy (Google Earth).

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Sen Bart - Saint Barthélémy

Viré monté