Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Au sortir de Belle-Ile

Max Rippon

Assis au fond du fauteuil creusé dans la roche tendre pour la divine Sarah Bernard
La mer en bas s’étire et les vaguelettes jouent à me lécher les orteils
Les embruns salent mon sourire
Et je songe en silence
Au fort de ses années de gloire
Rigide dans ses angles purs
Tout ici procure à mon âme une paix incommensurable…
Au loin le phare levé l’ami des coursiers au long cours
Et plus au large dans le lointain
Improprement nommé le continent
Où nos rêves vont s’échouer…
Un chemin balisé libre de son ivresse
Une pousse imprudente qui meurt sous nos pas
Un faisan fait la cour à sa poule convoitée
Et le lièvre espiègle pointe l’oreille
Tout est calme en ce lieu
La brise fraîche fait son chant susurré…
Quand de la berge la mer se retire dénudant les récifs
Les pêcheurs à pieds occupent les lieux où se prélassent les coquillages variés

Je retournerai à Belle-Ile 
Voir la mer revenir saluer les prés
Où paissent les moutons par milliers
Blanches boules de laine dominant les falaises de la Port Coton
Voilà au pied des vagues les cierges dressés dans leur bougeoir d’azur
Voilà les lames argentées  concassant les phalanges des falaises
Où nichent les cormorans capricieux au vol indécis
Voilà l’autre phare altier pareil à une vigie qui prend le quart 
De Belle-Ile je garde ces instants de ces enfants
Qui vous embrassent pour dire merci
De cette saline reconvertie
Sans donner la fleur au sel
Du far que l’on déguste à table
Pour emporter le pays dans son cœur
Et ces dents qui manquent aux enfants rencontrés
Et leurs mains tendues qu’on à peine à quitter…
Tout ici me parle d‘amour de paix et de volupté

Viré monté