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CLAUDIO VEERARAGOO
Cinquante ans de carrière

Dire de Claudio Veeraragoo qu’il fut, durant cinquante ans, un des meilleurs Ambassadeurs que l’Ile Maurice ait pu compter, serait pire qu’un simple euphémisme, ce serait le trahir par un poncif des plus éculés, l’insulter même.

Claudio n’est pas un Ambassadeur de la Culture mauricienne à travers le monde, il est la culture mauricienne. Au même titre que d’autres géants de notre musique, Ti-Frère, Serge Lebrasse, Michel Legris, tant d’autres, au même titre que tout ce qui nous fait nous-mêmes nous-mêmes, Malcolm de Chazal, une fricassée aux lentilles ou un vindaye ourite, les Mauritius Post Office bleu et rouge, un dodo sans cesse refantasmé, notre façon d’être ensemble en accorité, Claudio est tout cela à la fois.
A lui seul, il symbolise l’idée de notre creuset identitaire, ne renonçant à aucune de ses facettes, il assume sans contradiction et avec panache la totalité de son être.

Le Blue Penny Museum veut célébrer en ce chanteur mauricien, un des plus grands artistes que notre pays ait comptés durant les cinquante dernières années. Ne serait-ce que le nombre de tubes et succès qu’on lui doit, tels Ambalaba, repris par moult chanteurs français dont Maxime Le Forestier, ou Bhai Aboo, pour ne prendre que ceux là, nous lui devons déjà beaucoup.

Inscrire une mélodie et des paroles dans l’inconscient collectif n’est pas donné à tout le monde.

En 2014, Claudio Veeraragoo a à son actif plus de 350 compositions, 8 CDs, 30 cassettes et plus de 45 disques vinyles 45 tours.

Soulignons qu’il est un des rares artistes de notre pays à être parvenu, non sans mal, à vivre de son art, ce qui, ma foi, n’est pas si répandu, tant les obstacles locaux à l’expression des talents artistiques sont abondants…

Passionné de musique depuis son plus jeune âge, c’est cependant en 1964 qu’il se lance dans la carrière de chanteur. En 1965, à 19 ans, le voilà déjà auteur-compositeur et arrangeur. Cinq ans plus tard, il crée son propre orchestre, le Satanik Group, nom imposé par ses fans. Il monte même sa propre troupe de séga.

En 1971, il devient propriétaire de son studio d’enregistrement et se donne ainsi les moyens de son indépendance, tout comme la liberté de pouvoir aider ses collègues et amis musiciens en les enregistrant… Pendant longtemps, après la maison Damoo, il fut le seul à Maurice, avec Marclane Antoine, à participer à l’édition d’une authentique musique locale, permettant ainsi à des dizaines d’autres auteurs de se produire.

Il a parcouru un nombre incalculable de pays et de kilomètres, tant et si bien qu’il serait sans doute plus facile de lui demander la liste des pays qu’il n’a pas visités, plutôt que celle des nations qu’il a parcourues. Le Japon, l’Europe entière, l’Afrique, dont le Maghreb qui l’apprécia tant, le Canada, l’Australie, j’en passe et des meilleurs, Claudio fut de toutes les expéditions, avec un seul motif en tête, celui de mieux faire connaître sa mère-patrie.

Claudio, c’est aussi, last but not least, celui qui, en introduisant un nouveau lexique et une nouvelle thématique, sut ouvrir au séga tous les horizons de sa culture mauricienne en y incluant des mots, des images et des sons, des instruments, des costumes, des tonalités, que le séga n’avait qu’à peine explorées, même si le Ma Bolé ma était déjà dans toutes les pensées. Claudio sera celui qui, bien avant la musique chutney et les Bhojpuri boys, avant Vishnu et d’autres, aura su initier une nouvelle dimension, un élargissement du séga à l’ensemble d’un pays. En lui se fédérèrent toutes les composantes de notre identité, mais mixées subtilement, tressées, multipliées au sein de son identité propre et unique. Sans doute est-ce là la raison de son succès, indéniable, d’avoir su s’adresser à tous en se reconnaissant en chacun.

Il n’est que de suivre un moment Claudio dans la rue port-louisienne, pour comprendre aussitôt la popularité de ce chanteur.

Cette popularité cependant, ne tourne pas aux fans clubs ou au délire du vedettariat, il s’agit plutôt de l’impression ineffable et bien réelle d’une proximité évidente. Claudio n’est pas l’Ambassadeur de notre culture, il le fut certes pendant longtemps,…

Aujourd’hui, il est notre culture.

Bon anniversaire Bhai Aboo !!!

Exposition présentée au Blue Penny Museum du mardi 1er avril au mercredi 30 avril 2004.

Entrée gratuite
Contacts
Emmanuel Richon – Conservateur
emmanuel.richon@mcb.mu - 210 9204
Virgil Guerel – Marketing Officer
virgil.guerel@mcb.mu - 210 8176

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