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Questions sur «L’émancipation définitive»

parPaul Gabourg

Marché du poisson
Marché du poisson à Pointe-à-Pitre.  Photo F.Palli.

Le poids de la pensée césairienne sur le devenir de notre pays ne souffre pas de contestation, c’est un fait. C’est pourquoi nous interrogeons cette intersection du personnage avec le pays Martinique.

Notre propos qui se veut réflexion sur la question politique de notre existence en tant que communauté historique - non pas spécifique - mais bien différente, procède d’un constat récurrent: l’ambiguïté entretenue par l’option césairiste autour de notre rapport à l’Etat et à la nation française, et partant, de la nécessité reconnue ou non de l’émancipation, telle qu’elle est revendiquée par le mot d’ordre du Parti Progressiste Martiniquais.

Référons - nous tout simplement à la définition du terme émancipation: action d’émanciper. Emanciper: rendre libre, affranchir d’une domination, d’un état de dépendance. Exemple: émanciper un peuple.

On ne saurait être plus clair.

Le problème est donc de savoir si les notions respectives de domination et de dépendance renvoient objectivement à des réalités structurelles concernant la situation de la communauté martiniquaise, précisément en 2003.

On sait par quel artifice l’Etat français, à contre courant du mouvement général de décolonisation des années cinquante, a contourné la question de cette décolonisation exigée par l’Organisation des Nations Unies à travers son Comité de «décolonisation», en promotionnant une de ses inventions: la décolonisation par intégration!

Par conséquent, tout mouvement vers quelque intégration que ce soit est un pied de nez à notre droit d’exister différemment.

On peut prétendre que cet artifice que nous venons d’évoquer s’apparente à l’attitude des Etats Unis qui, foulant aux pieds le rôle de médiateur international de l’ONU, a imposé à la communauté des nations l’agression contre l’Irak.
Même si elle n’en a pas le caractère agressif, l’action systématique d’opposition menée par la France depuis quelques cinquante ans, est au départ le résultat d’une imposture, face aux décisions du comité de décolonisation de l’ONU.

Qu’en est-il dès lors de l’attitude du PPM qui, depuis l’avènement de Mittérand ne cesse de se chercher un grand frère, professe une manière d’autonomie administrative, réduit au rang de simple virtualité le concept de nation martiniquaise ( inscrit dans la conscience des organisations quelque peu éclairées), démolit par son attitude une des plus puissantes dénonciation de Césaire, le génocide par substitution, par le fameux Moratoire responsable de la dangereuse dépolitisation de notre jeunesse.

Et ce pays martiniquais dont l’économie continue à dépendre de la banane et des bananiers, de la franc-maçonnerie béké et d’intérêts français …

Pour l’heure, la conception de l’émancipation définitive qui s’accommode d’une curieuse intégration à la France et à l’Europe au lieu d’instituer une véritable relation de partenariat avec ces instances nous invite surtout à faire du sur – placement correct.

Et ce ne sont pas les ralliements de dernière minute aux très récentes déclarationt de Césaire à un journaliste français, Patrice Louis, qui éclairerons davantage notre sortie du Carnaval des autres.

Il n’est pas tout à fait inutile de rappeler ces déclarations: «j’ai su alors que je n’étais pas un européen, ni un français, mais un nègre».

En attendant, des collégiens tout ce qu’il y a de plus martiniquais, continuent encore à illustrer mes cours par des personnages d’une éclatante blondeur. Comme quoi…

Paul GABOURG

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