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Retour de l'ost Illustration: Joël ( Nantes 1991. |
Bel oiseau qui volette
au ras des miradors
c’est le dernier été
*
Il fait trop chaud sous le aubert
le vent
jadis porteur d’espoir
me pousse vers l’écluse
et l’inconnu du bief
*
Ils dorment où
ceux dont la parole
avait le goût du miel
et du sel frémissant
*
Eh bien voilà
mes camarades
mon cheval renâcle
devant l’arche profonde
je marche à ses côtés
*
C’est trop loin
et je suis fatigué
reste à poser l’écu
replier la bannière
et marteler les armoiries
*
Une odeur de chair morte
monte du crépuscule
le ciel mauve aimerait
que je bande mon arc
mais je suis las et sans orgueil
*
Pêle-mêle
anges et démons
s’agrègent aux reptiles
la terre bout
c’est l’heure honteuse
où la glèbe s’éveille
*
l’homme regarde ses mains
posées sur le manchon
il ne les connaît plus
*
Car elle gémit
la glèbe
chaque fois que l’araire
ouvre ses cicatrices
elle n’est pas fière
la glèbe
de ses moissons futures
*
Il se taille un bâton
au plus profond de la hêtraie
le passage des cygnes
mélancolique et lourd
redonne un sens au vent
*
Nu parmi les saules
que la rosée foudroie à l’amorce des jours
j’attends le ciel dans un charroi de flèches
empennées par la pluie
*
Il y aura des chaînes
des croix d’inquisiteurs
du sang sur les visages
des prières métisses
*
Des fossiles sous la tourbe
des relents d’ossuaires
des printemps obsolètes
des buissons d’aubépines
*
Les cris des lémuriens
massés comme des franc-gardes
sous les mâchicoulis
m’insupportent et m’ennuient
©José Le Moigne
Fragments de l'entre-deux ( à paraître )
La Louvière
Juin 2014