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Haïti : la perle des Antilles
Sara Rénélik

Le prolongement passionné de la créolité
Porte-parole
du Mois de la Langue Créole à Montréal édition 2005

Sara Rénélik
Sara Rénélik sur scène
Auteure-compositeure-interprète et chorégraphe

Femme antillaise d’une édifiante simplicité, Sara Rénélik est en pleine possession de ses moyens et transporte une palette de disciplines: Auteure-compositeure, interprète, danseuse et chorégraphe. Elle peut performer autant dans l’espace du Folk Racine que dans la sphère du Soul Funk. L’artiste m’a accordé un entretien dans le cadre du Mois de la Langue Créole de Montréal, édition 2005 dont elle est porte-parole.

Quand un femme de votre intensité culturelle (chanteuse, danseuse chorégraphe) décide de marrainer une cause telle: LA LANGUE CRÉOLE, quelle est sa motivation?

Ce qui me motive, c’est la culture créole dans toute sa créativité. C’est-à-dire sa foi, sa passion, sa fougue, sa franchise, son histoire, sa spiritualité, sa profondeur, son émotivité, sa poésie. Je suis aussi inspirée par la danse africaine. Le lyrisme du folklore, sa finesse. C’est justement cette teinture, ce style qui révèle une authenticité de la créolité. Il existe une différence fondamentale entre l’haïtienne et la créolité. Accepter d’être porte-parole du Mois de la Langue Créole est une continuité, une affirmation de certaines valeurs en dominance. Une femme comme Martha Jean-Claude est une source de motivation.

Au fond de moi, c’est comme si j’avais un feu à partager. Peu de gens connaissent ces richesses. De plus, il y a également cet aspect de l’haïtienneté qui est affirmée comme une espèce de mouton noir des Caraïbes qui me surprend. Toutes ces raisons renfoncent mon désir de partager.

Mois du créole

Vous êtes née à Montréal n’est-ce-pas! Et vous avez pu garder le contact avec votre culture originelle avec passion. Est-ce une transmission de vos parents ou une initiative personnelle?

 Bien sûr que mes parents m’ont inculqué un peu de leur héritage ancestral mais une grande part vient de ma propre initiative, mon intérêt personnel. Car je constate que d’autres membres de la famille ne se baignent pas autant que moi dans la culture. J’ai eu la chance de découvrir cette culture avec son côté rebelle, son incessant cri à la liberté. Pourtant, j’apprécie ma terre d’accueil pour tout ce qu’elle a pu m’offrir.

Vous portez un joli prénom. Quant à votre nom RÉNÉLIK, il est original mais insolite pour ne pas dire intrigant. Est-ce votre nom d’artiste? De quelle région d’Haïti proviennent vos parents?

Rénélique est mon vrai nom de famille. Sauf que pour les besoins de la cause artistique je l’écris avec un «K». Mes parents viennent du Cap et de Port-au Prince. Il m’arrive de trouver des gens qui me mentionnent que mon grand-père paternel était leur médecin de famille. Je dois avouer que j’ignore l’origine de notre identité familiale. C’est une constante quête que nous avons de vouloir reconstituer notre arbre généalogique. Le nom de famille de ma mère est Michaud. Mon oncle, Robert Michaud est une personnalité en vue en Haïti. J’ai aussi ma cousine, Carine Michaud qui a publié un livre intitulé : 36 ans de pleurs, la petite Élise, Éditions Images interculturelles, 3 e trimestre 2003.

Sara Rénélik

Avez-vous un message personnel pour les usagers qui utilisent encore leur langue maternelle avec un certain mépris?

La langue c’est en fait la signature d’une culture. Et elle renferme l’histoire de celle-ci. Il y a nombre de peuples qui luttent pour leur patois et qui désirent garder leur intégrité. Nous devons nous souvenir que le créole est une langue qui a été conçue dans une période d’intense désir d’affranchissement, de liberté, de délivrance. À mon avis, il ne faudrait rien négliger. Nous devrions au contraire essayer de trouver cette gêne qui pousse les conquistadores à la domination. – S’il y a une gêne qui contrôle les oppresseurs, les rebelles en possèdent une également. – Pas nécessairement, car la rébellion est une réaction à une quelconque emprise. Quand on est heureux, on ne se rebelle pas.

Alors c’est pour cela que les créateurs heureux se forgent une souffrance artificielle pour pouvoir produire, si on peut s’exprimer ainsi?

C’est un cliché que je ne partage pas tout à fait. La souffrance, la désolation, la peur ne sont pas les seules préoccupations de l’être humain. Je crois qu’il existe d’autres canaux d’émotions.

Votre prochain album, L’AUBE est un titre très révélateur pour moi. C’est un état temporel d’espérance pour les amoureux de la vie. On y retrouvera sûrement des rythmes racines. Peut-on s’attendre à des textes en créole.

Certainement, je peux vous citer quelques titres dont LIMIÈ, SA VA KONSA et SONJE.

Lorsque vous chantez, avez-vous la même vibration que lorsque vous dansez?

Pas tout a fait. Lorsque je chante, cela se passe de façon plus cérébrale. Or, quand je danse, c’est quelque chose de plus fondamentale, plus viscérale. Je me sens connectée… - C’est comme si vous étiez connectée à l’univers. Exactement

Madame Rénélik, cela a été un plaisir de m’entretenir avec vous.- Moi de même.

Marie Flore DOMOND

Sara Rénélik

Viré monté