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Tout comme le musicien
Le poète et auteur Saint-John Kauss
compose et s’apprête à re-mixer  la plupart
de ses œuvres initiales

par Marie Flore Domond

 

 

 

Photo inédite
John Nelson alias Saint-John Kauss

 

Saint-John Kauss

Au-delà de la production individuelle et  abondante de ses ouvrages  en cours d’édition pour la fin de l’année 2008 et la prochaine 2009, on retrouve, entre autres, L'ARCHIDOXE POÉTIQUE, un ensemble sous forme d’essais, de conférences et d’entretiens. Saint-John KAUSS, le père du mouvement littéraire Le Surpluréalisme, le poète accompli, rallie puissamment d’autres écrivains et partenaires d’écriture à l’interprétation de ses créations. Son anthologie poétique personnelle est postfacée par  un des grands essayistes et romanciers du monde  littéraire haïtien, Jean-Claude Fignolé. Pour assurer la relève, l’élève rebelle signera les BIENFAITS DE LA CHOSE ÉCRITE, une étude critique de l’œuvre poétique de Saint-John KAUSS. De plus, le rapport privilégié entre le maître et le disciple lui confère des informations de première main: De prolifiques publications à l’étranger ainsi que l’intention de re-mixer la plupart de ses œuvres initiales, telles sont les priorités actuelles de l’écrivain-poète, Saint-John KAUSS.

En raison de la rédaction d’une étude critique à votre sujet, j’ai eu en ma possession plusieurs de vos manuscrits inédits, principalement les pièces de vos premières armes «miraculeuses» dans le domaine de la littérature. Dans quel contexte comptez-vous procéder à la réécriture par exemple de  l’ouvrage: OMBRES DU QUERCY (poème, Collection Dernier Monde, 1981)?

La ré-écriture d’une œuvre remarquable, mais sensible à soi-même doit être toujours  tentée. D’ailleurs, j’ai procédé initialement à cette expérience avec HYMNE À LA SURVIE… et CHANT D’AMOUR DANS LE BROUILLARD. Des fois, en relisant un ancien recueil de poèmes ou un vieux roman, on a la sensation qu’il faudrait quelques lignes de plus ou rebâtir des phrases et paragraphes au grand  bonheur de l’art plastique et de la littérature. Cette tendance ou tentation relève du processus de la perfection, cette attitude qui nous pousse à repolir l’œuvre.

Bien que vous ayez pris soin d’orienter vos œuvres dans les institutions comme les grandes bibliothèques, les établissements scolaires, chez les professeurs de littérature (ce qui facilite et permet d’assurer la circulation de vos idées), il n’en reste pas moins, qu’à vos débuts, plusieurs de vos ouvrages ont été produits à très petite quantité (500 exemplaires en Haïti). Serait-ce un motif valable de  réédition?

Bien sûr que non. Je pourrais rééditer une œuvre sans la refondre. Ici je procède à l’instar du sculpteur qui fait fondre ou refondre ses métaux aux fins d’une œuvre nouvelle. Il ne faut pas oublier que l’art surpluréaliste est un Art total dans toute la dimensionnalité de l’Être.

Dans le manuscrit: L’ARCHIDOXE POÉTIQUE, on peut s’attendre que vous abordiez le thème de l’acte de l’écriture sous des angles différents. Vos théories semblent intarissables à ce propos. Pourquoi tenez-vous tant à élaborer sur le sujet?

L’acte d’écrire n’a pas de limites. On peut poser cet acte en pleurant comme en chantant, c’est-à-dire avec son cœur. L’écrivain véritable ne se trompe jamais et ne trompe personne. Le mensonge, je le laisse aux canapés littéraires.

Si on met à jour l’ensemble de vos œuvres débutant de 1979 à 2008, qui s’échelonne sur 29 ans de carrière dans le domaine de l’écriture, L’ARCHIDOXE POÉTIQUE doit être particulièrement volumineux comme ouvrage de synthèse. Quelle sera votre méthode de sélection?

Ce n’est pas un ouvrage de synthèse. C’est une sélection d’articles posant des questions d’ordre sémantique ou existentiel, un lot d’entretiens surannés dont je veux garder en souvenir. Par contre, la bibliographie secondaire à l’ouvrage paraît impressionnante, et donne une idée du corpus littéraire de l’auteur.

Depuis 2004, on assiste à un enchaînement successif de vos plus récentes œuvres à l’étranger. Quelles sont les circonstances qui ont poussé le vent dans cette direction?

Le temps et les connaissances littéraires (critiques et partenaires) qui font des leurs. Il y a aussi que les études portées sur mes œuvres poétiques sont de plus en plus sérieuses et prennent toute l’ampleur que vous connaissez.

Voulez-vous énumérer combien de vos textes critiques et ouvrages qui sont en circulation, en Europe principalement?

Depuis 1979, plus d’une vingtaine d’ouvrages, et au-delà d’une centaine d’articles critiques sur d’autres auteurs aimés et animés.

Vous faites également l’objet de plusieurs études d’auteurs et de critiques de différents acabits. Êtes-vous en mesure d’évaluer l’impact de ces travaux sur vous?

Je ne les suis pas toujours. Des amis me les envoient et,  plusieurs fois, je les retrouve dans ma boîte aux lettres sans nulle adresse de retour.

Vous avez un sens critique qui vous pousse à tendre la main et parrainer des écrivains méconnus et même inconnus. Récoltez-vous souvent la reconnaissance de cette honnêteté intellectuelle?

Oui et non. Car dans le milieu haïtien, la gratitude est une lâcheté. Et c’est tellement dur d’être honnête. Je suis plutôt bien accueilli par des étrangers en Europe qui me sollicitent toutes sortes de textes littéraires.

La maturité de l’écriture est un concept très vaste. Comme théoricien, si vous la traduisez à sa plus simple expression, que diriez-vous?

D’écrire tous les jours, et de lire le plus souvent possible.

Étant donné que vous supervisez l’étude critique de plus de trois cent pages initiée par Marie Flore Domond: BIENFAITS DE LA CHOSE ÉCRITE, êtes-vous surpris des données qui vous sont révélées jusqu’ici?

Rien ne m’étonne des femmes d’aujourd’hui. Elles sont brillantes et captivantes. Retenons des noms littéraires comme Marie Marcelle Ferjuste, Jeanie Bogart, Mercedes Guignard, et consorts. Je l’aurais souhaité cette étude, il y a vingt ans, venant d’une de nos femmes de lettres.

Y a-t-il possibilité selon vous que les lecteurs fassent un lien direct entre le premier ouvrage: ÉCRIVAIN EN RÉSIDENCE et le second BIENFAITS DE LA CHOSE ÉCRITE?

Ces ouvrages sont deux tours de force. Le premier en ce qui a trait à son originalité; le second à sa portée historique. Les idées et données qui s’y trouvent, viennent vraiment de source.

Au cours de notre correspondance, vous m’avez signalé que le temps est votre impuissance. Cela implique-t-il que si vous n’étiez pas absorbé par vos obligations dans le domaine médical, vous seriez encore plus prolifique sur le plan littéraire?

Absolument. Certains pensent que je suis anormal, c’est-à-dire que je ne cède aucun moment à quiconque, sinon comment faire pour tout écrire.

Lequel de ces deux états d’impuissance est le plus pénible d’après vous: Être privé du temps pour créer ou être en panne sèche d’inspiration?

Les deux sont pénibles. Mais la seconde est le lot des écrivains, la peur de tout poète véritable.

Une dernière question Dr Nelson: Vous comptez un nombre impressionnant de dédicaces à l’attention des membres de votre famille, de vos connaissances, du cercle de vos amis, sans oublier vos amours. Qu’est-ce qui motive votre choix pour chaque personnage?

Ce qu’il a laissé en moi; l’infect de ses écrits et de son art ou l’affect de ses appréhensions, de ses élans et étourderies. En passant, sous l’étiquette de mes amours, je ne vois qu’un amour: celle que j’ai choisie.

Sainte-Thérèse (Quebec), 30 juin 2008.

boule

Saint John KAUSS

Viré monté