Kaz | Enfo | Ayiti | Litérati | KAPES | Kont | Fowòm | Lyannaj | Pwèm | Plan |
Accueil | Actualité | Haïti | Bibliographie | CAPES | Contes | Forum | Liens | Poèmes | Sommaire |
La troisième guerre à mes amis de Casale Montréal, 9. janvier 2023 Rizières, Haïti 1983. Photo Fabio et Franco Biaggi. |
je plante mes oignons et choux mes melons d’eau douce pour cacher ma paranoïa de la faim je sème pour récolter l’arbre-à-pain les petits pois verts les piments doux le riz des marais la mangue douce l’abricot mûr et les noix je nettoie ma terre pour la prochaine saison des pluies et des tisseurs de fil d’araignée à tisser du haut des charpentes de grenier
je méprise cette troisième guerre de l’Ukraine saccagée de ces hommes en morceaux qui font sauter ponts et gratte-ciels de ces femmes âgées et illettrées qui se sauvent dans des trous de ces enfants et adolescents regrettés qui s’enfuient en Pologne
ô terre d’accueil d’une race trop occupée à enjamber le ciel
l’Ukraine qui trahit aux yeux des Russes cette terre mêlée d’avant le Paradis cette terre d’une même race vieille plus que la France des Colons plus que l’Allemagne des Aryens plus que les peuples du Caucase plus que les Tartares de la Crimée plus que les Slaves des Balkans serait-ce de mieux les identifier et reconnaître ceux qui habitent l’Europe vers l’Asie tant commentée
je navigue mais je ne rame pas pour la mort de l’homme ni d’un homme aux pieds de guerre l’Amérique qui regarde l’effacement de l’Ukraine sans demander pardon aux colibris de l’hiver
ô terre de femmes anciennes au visage des mots et de la langue plus vaste que le dialecte de l’Africain ô Sujets d’un Roi désordonné ô peuple de neige et de givre
il n’y aura plus le socle aux amoureux plus le temps d’aimer avec courtoisie ni le port des fleurs à la fiancée ni le surplus d’enfants aimés à court et long terme
mon amour qui s’en va tuer en guerre reviendra criminel attitré et décoré de la légion des tueurs
mon fils qui ne joue plus aux dés tentera sa chance dans la vente d’armes pour l’Ukraine sèchera ses cours du lycée pour la Démocratie abandonnera Sacha au milieu d’une bonne grossesse
je prépare épices et vinaigrettes pimentées pour contrarier le temps de mes dix-sept ans le manichéisme de mes cicatrices mes dépressions et mon horreur d’être sans soleil
*