Rose-Marie des romarins de Rome                   fille des Cités de mon père et de ma mère              fille de l’amandier et de l’amandine des Marfranc Chambellan et Beaumont                              petite- fille de mercenaires d’autrefois

Vagues de ma ville de bougainvilliers anodins de mélasse dauphinoise et de cisale ciselée                           honneur à nos nuits dépravées d’allégresse                    honneur à ma première fille chargée de tendresse

Enrochement de pierres précieuses et talismans de saphir de diamant et flamants roses qui renaissent à chaque bordée de neige fondue                      à chaque volée de soleil aimé

Piétinement des foules de vivants étourdis au filin de fleurs géantes apprivoisées                        majuscule femme des ténèbres O minuscule fille porteuse d’espoirs sur la mer

Mer des Antilles et Caraïbes la seule mère de toutes les races méprisées                                suspendues au-delà des convoitises

Mer d’esclaves morts dans les chaines                             mère durant les traversées                          abominables tours des négriers en jets d’eau salée

Je rentre dans les souvenirs affreux de l’homme basané et beau

Voilà Beaumont aux terres rouges de filles en série                          Duchity au café amer de la Grand’Anse si verte

Femmes des quatre chemins aux libertés des savanes                       femmes des ilets compliqués O femmes d’une autre génération

Femmes du pacte colonial O femmes exclusives qui veillent au grain des votes                   femmes inscrites dans la durée des mornes de Beaumont à Sassier                    héritières d’hommes de haute lice                      de Toussaint le Cocher à Dessalines le Charpentier

O que j’aime voir les tambourineurs à talent le tchacha et les Houguénikons                  les filles kanso de blanc les Initiés de pleine lune les joyeux lys de Kenskoff                         les archers visant mon fils ainé et le soleil

J’aime l’oligarchie des fruits et des légumes frais                   l’assorossi des maux et l’armoise des peuples

Aimais-je Rose-Marie l’Infidèle…

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 Viré monté