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Femmes

à ma mère

Saint-John KAUSS

Montréal, 7. janvier 2023

Roches gravées de l'Anse des Galets (Guadeloupe), probable scène d'accouchement.
Photo Francesca Palli

Je vivais de femmes érudites certaines                                                médecins historiennes philosophes mathématiciennes et poétesses de nature                     à réveiller en moi tout ce que j’aime                                    le temps d’amours folles sans questions sur ma génétique des cœurs               ma biologie des regards sensés jusqu’à la couverture du lit des essais

Je n’aime pas une femme pour ses ongles longs et son grand talon d’Achille                           qui me fait et font peur d’ailleurs                       quand je repense à ma grande sœur morte le jour de ma naissance

Je suis un double de la vie                          moitié mort / moitié vivant de l’occulte

Et depuis mon entrée en scène au théâtre de la vie                          j’ai vécu mille et une accusations de mort d’affronts maléfiques qui m’ont initié et grandi                                    qui m’ont attiré vers le Saint- Graal et réglé des comptes pour toute l’éternité

J’aime les femmes douées dans la misère des peines                            excellentes dans leurs recherches du bonheur                            appliquées dans la solitude des peuples et des hommes trop timides

J’aime certaines prostituées détachées de la matrice des rues                                   psychologues non diplômées des universités de l’amour programmé pour le régime

J’aime questionner les putains en psychiatrie                               femmes schizophrènes me demandant avec douceur amphétamines et psychotropes                           caressant le rêve de fuir la vie                        

J’aime la femme tatouée à un endroit précis                           nous indiquant son souci et sa peine d’être une femme seule sécrétant l’odeur des hormones

J’aime la femme condamnée d’avoir tué son mari qui ne fait pas jouir

J’aime la Marocaine excitée la Togolaise sans papiers la Nigérienne débordée l’Iranienne persistante la Romaine en feu l’Espagnole en sonorité la Polonaise intrigante la Russe décongelée la Cubaine médecin de service à l’hôtel et l’Haïtienne  ------- ma mère africaine de tous les jours

Une maison bourrée de femmes racées comme Salomon                      et que Dieu nous accompagne

Schéma du pétroglyphe de la photo, où il est partiellement sous l'eau.

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 Viré monté