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Galerie de peinture mauricienne
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Alfred de La Hogue
Peintre, portraitiste
1810-1886

Emmanuel Richon

Hogue
Portrait du peintre De La Hogue par Serendat de Belzim, après restauration.

Alfred de La Hogue, à lui seul, est bien symbolique de la peinture mauricienne du XIXe siècle: né à La Réunion dans la ville de Sainte-Marie en décembre 1810, à une époque où les destinées des deux îles sœurs, jusque là liées, allaient se disjoindre, de La Hogue commença par quitter sa terre natale pour Paris où il fit ses études et apprit les Beaux-Arts, notamment au sein du célèbre atelier du baron Gros, peintre alors encensé.

En 1846, il retourna s’installer cette fois à l’Ile Maurice, où il épousa une jeune fille de la famille de Chazal. Doté d’une riche propriété partagée sur le domaine de Belle Terre, qui portait bien son nom, il bénéficia d’une certaine aisance qui lui permit de s’adonner à son art.

A compter de mars 1877, il obtint un poste de professeur de dessin au Collège Royal de Curepipe, rare profession artistique sur l’île, avec celle de décorateur de théâtre, à pouvoir nourrir son homme, fonctions sur lesquelles défileront, au fil des générations, nombre d’artistes mauriciens de renom.

Alfred de La Hogue, représentatif de la bourgeoisie coloniale de son époque, en fut pleinement solidaire. Il fut logiquement membre franc-maçon de la très célèbre Loge de la Triple Espérance, ce qui eut son importance, tant sa vocation de portraitiste y trouva matière à s’épanouir en brossant les figures les plus illustres de la société coloniale: Louis Léchelle, Martin Jean-Marie Virieux, Sir Jean Edouard Remono, le général Charles Murray, entre autres. Son portrait du Gouverneur Anderson est un des plus fameux. Uniforme et décorations, sabre, symboles de la Ville de Port-Louis, rien n’y manque dans la munificence du potentat.

Son portrait de Charles Telfair au Musée de Mahébourg, est également un modèle du genre puisque le notable y apparaît muni de son livre de réfutation contre les abolitionnistes, une peinture qui en dit long sur le personnage, plus en tout cas que tout long discours. Portrait qui nous montre également les préoccupations et les motivations de cette peinture bourgeoise traditionnelle, moyen essentiel de situer le colon dans l’apogée de sa réussite économique et sociale.

On lui doit encore un portrait de Saint-Augustin à l’église paroissiale de Rivière Noire, une crucifixion, à l’église N.D. des Anges de Mahébourg.

Sérendat de Belzim fut son élève et puisa dans son savoir-faire un talent évident à peindre les portraits. De La Hogue fut en effet un immense portraitiste, le portrait du Gouverneur Anderson à lui seul, témoigne de la restitution de toute une époque et de la réalité du pouvoir colonial tout puissant et imbu de son succès. A cette époque, le Gouverneur est véritablement le seul maître de Maurice après Dieu, ce que traduit parfaitement la patte de l’artiste.

Le portrait achevé fut accroché, dès 1850, dans le salon mairal, d’où il fut décroché pour le retrouver stocké sans ménagement dans une annexe de la municipalité de Port-Louis, en banlieue, au sein d’une école maternelle de Cité Valleejhee. Le tableau, comme tous les autres, avait beaucoup souffert et fut restauré en 2005.

De La Hogue mourut chez lui, à Port-Louis, en ce temps là, une partie de la bourgeoisie était encore port-louisienne, une autre était déjà installée sur les Plaines, à Moka et plus encore, à Curepipe, alors en pleine expansion.

Hogue Hogue
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Portrait d' Alfred de La Hogue par son élève, Serendat de Belzim avant réintégration et retrait des repeints généralisés et après restauration. Le tableau était considérablement altéré.
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