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Entrée du Musée

Le musée du Dodo

Le reveil du Dodo

Emmanuel Richon

 

Éditions de l'Océan Indien
225 Rs.

Dodo - Cuba

Le dodo plus vivant que jamais

Sur un sujet où l'on a vu plusieurs publications en anglais que l'histoire du dodo à travers ses différentes représentations, Emmanuel Richon a pris le pari d'écrire un livre dans lequel le lecteur retrouve la liberté du ton et le plaisir de l'enquête. Il nous entraîne, dans un petit ouvrage en français (Le Réveil du Dodo, Editions de l'océan Indien, 2008), dans l'univers du dodo ou dronte selon un itinéraire qui va de la description de l'oiseau aux trouvailles et autres découvertes des dix dernières années. Le livre est avant tout un ouvrage de vulgarisation. Le dodo sert de guide à des analyses génétiques, des débats sur l'éventualité d'un clonage, des fouilles archéologiques de la Mare aux Songes.

Le dodo, de son nom scientifique, Raphus cucullatus, nous rappelle Emmanuel Richon, "était un oiseau vivant à l'Île Maurice, incapable de voler: On estime que, un siècle à peine après sa découverte, le dernier représentant de cette espèce avait disparu. Le caractère subit de cette perte a valu, mauvaise conscience oblige, la création d'un mythe, d'une vraie légende".

Au-delà du mythe, des descriptions fantaisistes et subjectives du dodo et face aux interrogations qui subsistent quant à la représentation de l'oiseau, Richon tente de donner de la matière et d'apporter un éclairage nouveau sur ce symbole nationale. On apprend que le dodo a été découvert sur l'île par les Portugais, et ensuite par les Hollandais au 16ème siècle. Ces derniers nous ont procurés les premiers écrits sur Maurice et sur le dodo. L'auteur retrace le long parcours et les malheurs de l'oiseau non volant.

Il évoque aussi ceux qui ont contribué à rendre le dodo populaire, notamment les peintres. Il y a les œuvres du peintre hollandais Roelandt Savery mais surtout la miniature indienne de Mansur datant de l'époque de l'empereur moghol Jahanghit. En fait, les données historiques et scientifiques liées au dodo abondent dans le livre de Richon. Ce qui permet une appropriation de ces informations par le grand  public.

L'auteur fait bien ressortir dans son livre le caractère plus que vivant du dodo par sa présence un peu partout à Maurice.

"L'histoire de la création du dodo est celle de la création d'un mythe... le dronte a disparu en moins de temps qu'il ne fallait pour enregistrer sa présence dans la mémoire collective. Simple réminiscence, entre réel et imaginaire, véritable reconstruction mentale. Pas étonnant que ce tournant de siècle que nous vivons aujourd'hui ait relancé à fond la dodologie, préoccupés que nous sommes par la virtualité. Depuis dix ans, le fait historique de ce véritable "revival" ne saurait trouver sa source dans les quelques découvertes récentes, qui somme toute, n'ont jamais fait qu'entériner un certain nombre d'affirmations ou réflexions antérieures, mais plutôt, dans cet événement capital des années 90, le clonage de la brebis Dolly en laissant planer durablement le doute d'une toujours hypothétique résurrection. Bien qu'ayant disparu, à Maurice, le dodo est partout, en peluche, en bois ou en porcelaine, sur les T-shirts, sur les timbres, les sandales, les boîtes d'allumettes, les bouteilles de bière... Le dodo a pris sa revanche sur l'homme. Il est toujours là et s'expose..."

Voilà donc un petit livre qui parle du dodo (de sa découverte, de son nom, de sa nourriture jusqu'aux dernières trouvailles), donne carrière à la réflexion et renvoient certains à leurs préjugés.

Les droits d'auteur et patrimoniaux de l'ouvrage seront intégralement versés à l'école "Oasis de Paix':

N.L

dodo

Emmanuel Richon réveille notre dodo

L'Express-Dimanche, 1.2.2009
Yvan Martial

Le dodo revient et ce, par la plume d'Emamnuel Richon. Présentement conservateur du Blue Penny Museum, il nous offre Le Réveil du Dodo. Cette publication apaisera ses lecteurs, réclamant tous les détails sur les premières découvertes du dodo.

Nous devons savoir gré à Emmanuel Richon, connu pour son savoir-faire en matière de restauration de toiles, ancien conseiller du ministre des Arts et de la Culture, Joseph Tsang Mang Kin, de nous offrir un livre fort intéressant sur l'histoire de notre dodo. Notre gratitude s'étend, aux Éditions de l'Océan Indien et particulièrement à Mademoiselle Sadnah Ramlallah. Cette publication dit combien nous pouvons compter sur elles, quand il s'agit de faire paraître des œuvres capables d'enrichir notre patrimoine. Le Réveil du Dodo se présente comme un livre de 130 pages, richement illustré de gravures. L'on peut seulement regretter qu'elles ne sont pas en couleurs. Nous pensons particulièrement aux enfants, attirés par le Beau, comme par des illustrations colorées, ne pouvant qu'enflammer leur imagination. Emmanuel Richon s'efforce de résumer ses connaissances scientifiques ès-dodo. Il est quasiment impossible, après une première lecture de l'étude, d'oser présenter un résumé de sa présentation, encore moins de vouloir la synthétiser. Richon s'efforce, pourtant, d'utiliser des phrases d'une grande simplicité. Il ne peut pas cependant toujours éviter un vocabulaire scientifique, qui peut dérouter certains lecteurs.
L'étude de Richon est, sinon complète, du moins polyvalente. Il nous rappelle l'essentiel des principaux récits où il est question de notre dodo. Mais déjà les difficultés s'amoncellent car tout un chacun le décrit sous des noms différents, se contre-disent au sujet des caractéristiques de l'animal et finis-sent par en dire n'importe quoi.
Les contradictions ne manquent pas, pas effet, au sujet de notre dodo: était-il ou non obèse ? comestible ou indigeste ? blanc ou coloré? Les choses se compliquent quand il s'agit de se prononcer sur notre dodo «in situ», examiné et décrit à Maurice, par des visiteurs en transit au XVIIe siècle, ou encore sur notre dodo «ex situ», c'est-à-dire un dodo voyageur, expédié à bord de navires.

Proche cousin du pigeon, de l'autruche ou du vautour?

Autre labyrinthe: l'histoire de la classification botanique du dodo. On sait seulement que les plus savantissimes des savants peuvent se tromper. Nous voulons bien que notre dodo soit un proche cousin d'un pigeon à grossir par autant de fois que requis, encore que d'autres préfèrent l'associer à l'autruche (à la limite acceptable) ou au vautour (ce qui devient diffamatoire ou presque).
Richon arrive ensuite à un domaine où il excelle: les représentations picturales de notre dodo. Nous restons un peu sur notre faim, faute de pouvoir jeter, ici, des yeux émerveillés sur des reproductions photographiques en couleurs. Richon passe ensuite aux années pré-Clark, quand nos ancêtres se mettent à douter de l'existence du dodo. Il faut rien de moins que la construction de la voie ferrée Mahébourg-Port Louis et la présence d'esprit d'Harry Higginson, portant à l'instituteur George Clark des ossements, pour que se réveillent la passion pour notre dodo.

«Faire du dodo son dada»

Le Réveil du Dodo d'Emmanuel Richon est difficile à résumer pour la bonne et simple raison que chaque ligne contient son pesant d'informations. Le lecteur en reste autant émerveillé que confondu.
Dans ce dédale de précisions scientifiques, l'auteur ne perd jamais son sens de l'humour. Il choisit d'en faire un usage immodéré, surtout dans les titres de ses chapitres. Cela va de Dodoland jusqu'à How do fou... do?, en passant par Faire du dodo son dada, la Mare-aux-Songes ou se méfier de l'eau qui dort, le dodo radeau. La palme humoristique revient au chapitre Didon dîna, dit-on, du dos dodu d'un dodu dindon.
Nous divergeons toutefois avec l'auteur quand il exalte la stature héraldique de notre dodo sur nos armoiries nationales. Comment accepter comme animal emblématique un oiseau incapable de voler, quand au moins un Mauricien sur deux est un magouilleur né, décidé à voter pour les plus magouilleurs de nos candidats aux législatives? Et ce ne sont pas les parents, faussant des factures du CEB pour forcer l'admission de leurs rejetons dans une Star School, ni une institutrice, falsifiant les résultats de ses élèves, qui nous contrediront.
Notre dodo ne savait pas voler mais nos gouvernants avouent piteusement : Pas captive empesse dimoune coquins!

Yvan Martial

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Dodo: disparu mais plus que jamais présent !

HISTOIRE NATURELLE

Avec Le réveil du dodo, Emmanuel Richon livre une bonne petite monographie en français sur notre animal fétiche, devenu à travers les âges le symbole universel des espèces menacées et des assauts de l'homme sur la nature. L'auteur est ainsi venu réparer l'absence de livre en français sur le sujet, résumant à travers 25 chapitres courts les connaissances qu'il a accumulées sur le dodo, s'interrogeant même sur l'apport potentiel de la génétique à une éventuelle résurrection!

Emmanuel Richon regrettait que les ouvrages historiques ou scientifiques sur le dodo soient pour la plupart en anglais, parfois même en allemand mais jamais en français. Aussi a-t-il voulu réparer cette lacune, quelques années après avoir créé le fameux "musée du dodo" virtuel. Alors après avoir acquis l'essentiel de ce qu'il faut savoir dans ce livre, l'amateur pourra visiter le site, qui est en lien avec de nombreuses autres informations et recherches sur le sujet. "C'est aussi à ma connaissance, ajoute l'auteur, le seul site internet où on peut entendre du créole mauricien."

S'il s'appuie sur les données scientifiques les plus avérées, il accorde dans la version imprimée une large part à l'imaginaire particulièrement riche qui a entouré ce volatile qui ne vole pas, "ce symbole écologique de l'imbécillité humaine". L'humour est aussi un élément indispensable à l'ouvrage: "Parler sérieusement du dodo, c'est passer à côté du sujet! Car les gens qui ont le dodo pour dada (sic) et tous les dodophiles sont des personnages particulièrement attachants. "Ainsi en est-il par exemple du coiffeur Louis Etienne Thirioux qui a trouvé le squelette quasi-complet d'un dronte au pied de la montagne du Pouce ou encore de l'excentrique Lord Walter Rotschild qui a composé la plus grande ménagerie du monde, qui se déplaçait dans une calèche tirée par des zèbres et dont les spécimens de dodo sont aujourd'hui dans un musée américain. Il faudrait surtout citer le fondateur du premier musée, Sir Elias Ashmole. Parmi les pièces qu'il avait recueillies, une tête et une pâte de dodo figurent désormais parmi les artefacts d'Oxford.

D'Oxford au Japon

Outre l'élégante planche d'Ustad Mansur réalisée à la demande du grand moghol Jahangir et que l'on a retrouvée à Saint-Péterbourg, le dodo a semble-t-il aussi été transporté jusqu'au Japon! Ce qui vient ajouter au caractère universel de l'animal. L'humour permet aussi de signaler les bien pardonnables erreurs de la science et de ses serviteurs, comme par exemple la présence inopportune d'une grenouille sur une représentation de Johannes Savery, le batracien n'ayant pas encore, du vivant du dodo, été introduit à Maurice.

Aussi est-ce dans le même esprit que l'on pardonnera les petites négligences de fabrication dont souffre le livre de 130 pages : comme les jolies lettrines gâchées par le texte avec lequel elles s'entrechoquent systématiquement, la taille élevée des caractères et cette manie très répandue chez les éditeurs mauriciens de sauter une ligne entre chaque paragraphe (Ne détruit-on pas assez d'arbres pour fabriquer du papier?) Aussi la place ainsi perdue aurait-elle pu être mise à profit pour ajouter un sommaire qui manque cruellement au lecteur, qui est alors obligé de tout feuilleter lorsqu'il cherche une information précise.

Il ne reste donc plus qu'à apprendre par cœur ce texte, qui est un agréable et riche travail de vulgarisation, pimenté par l'esprit critique de l'auteur. Tout ce qui doit se savoir sur l'animal y est évoqué, des thèses de Buffon sur sa lourdeur à son intérêt pour la réflexion de Darwin sur la théorie de l'évolution. Très beau chez Ustad Mansur, il est jugé dégoûtant et puant dans certains témoignages hollandais et a fait l'objet de théories scabreuses: celles sur l'éventuel dodo blanc réunionnais. Mais surtout, lors de la présentation de ce livre à la salle du conseil de Port-Louis, Emmanuel Richon soulignait le caractère anthropomorphe de l'oiseau et l'enseignement que l'homme peut en tirer.

"Il nous apprend autant sur nous-mêmes que sur lui, en montrant comment fonctionne la science et comment fonctionne l'erreur dans la science… Le dodo a fait l'objet de pas moins de six fausses thèses et peut-être même sept ! "Aussi, les scientifiques ont-ils tendance, selon les époques, à focaliser leur intérêt sur certains aspects plutôt que d'autres: "Au XVIIIe, toutes les études portent sur la physiologie, puis sur la classification des espèces au XIXe pour enfin se concentrer sur la génétique au XXe siècle. Que sera le XXIe siècle, on n'en sait rien encore mais il est clair que la science se concentre sur ce qui se passe autour d'elle..." Et donc pas forcément sur l'objet de ses recherches. Le grand dodophile qu'est Emmanuel Richon vient aussi fort justement rappeler que l'affaire de Mare-aux-Songes - avec l'appropriation privée d'ossements qui devraient faire partie du patrimoine mauricien - n'a toujours pas été réglée. Et s'il était laid, malodorant et stupide, le dodo est néanmoins le premier animal à avoir fait comprendre à l'homme qu'il avait en main autant l'avenir de la planète que sa destruction…

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Une bonne action

Acheter ce livre (Rs 225 environ), c'est aussi faire une bonne action. Pour cet ouvrage publié par les Editions de l'Océan Indien, l'auteur a décidé de céder ses droits à l'école Oasis de Paix qui accueille cette année 165 élèves à la rue Saint-Georges, dans des locaux de la cure de l'Immaculée. Créée en 2006, cette école accueille chaque année plus d'enfants qui ont échoué au CPE, pour les remettre dans le circuit scolaire et leur assurer un avenir dans la société.

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Les mythes servent-ils l'histoire?

ESCLAVAGE

La présentation, au même moment, d'une monographie sur le dodo et d'un livre sur les intentions de Ratsitatanina à Maurice invite les lecteurs intéressés par l'histoire du pays à s'interroger sur le pouvoir de transformation des mythes. Emmanuel Richon raconte avec une grande délectation les nombreuses théories qui se sont succédé au fil des siècles sur les raisons de la disparition du dodo, puis sur le type de nourriture qu'il était susceptible d'absorber ou encore sur sa très hypothétique existence à l'île de la Réunion, alors appelée île Bourbon. S'il estime qu'on ne peut comprendre le dodo sans y mettre une dose conséquente d'humour, l'auteur ne boude pas non plus son plaisir à faire le portrait des quelques excentriques qui en sont devenus les plus célèbres "fétichistes".

Le livre d'Emmanuel Richon nous aide à prendre conscience de la fragilité des théories scientifiques et nous invite à aborder ces questions avec un minimum de distance amusée. Aussi est-ce une belle leçon d'humilité pour ceux qui croient encore que l'homme est venu sur terre pour maîtriser, dominer et transformer la nature.

La vérité historique et scientifique sur ce symbole des espèces disparues et de l'influence négative de l'homme sur la nature est fondamentale pour faire avancer nos connaissances des espèces et de ce qui les menace. Toutefois, cet oiseau que les Hollandais ont trouvé "dégoûtant" de son vivant, ne serait pas devenu aussi populaire s'il n'avait après sa disparition été auréolé par la fabuleuse imagination humaine. Peut-être l'humanité du XXIe siècle serait-elle encore moins sensible à la cause de l'environnement si elle ne s'était intéressée de multiples manières à cet oiseau aux formes lourdes et comiques, à travers le conte de Lewis Carroll, la légende du dernier dodo, et les innombrables représentations qui en sont faites.

La démarche du chercheur Pier Larson consiste, quant à elle, avant tout, à établir que le prince malgache Ratsitatanina était beaucoup plus préoccupé par la quête du pouvoir dans son pays d'origine que par la libération des esclaves. Aussi rappelle-t-il à ce propos qu'il avait lui-même été marchand d'esclaves… Par ailleurs, son ennemi, le roi Radama 1er, s'était rapproché du royaume d'Angleterre et avait, à ce titre, accepté d'abolir la traite négrière à Madagascar, ce qui n'était pas le cas de l'ancien roi Andrianampoinimerina dont Ratsitatanina était proche.

Malgré cela, l'exil du noble malgache au bagne de Port-Louis, son séjour pénible dans ces geôles, son évasion, la révolte d'esclaves qu'il a suscitée, puis sa décapitation ont fait germer la légende d'un héros de l'Abolition. Celle-ci a peut-être même injustement éclipsé celles qui ont entouré des personnages plus héroïques que Ratsitatane, tels que les chefs marrons véritablement assoiffés de justice, qui ont créé des villages libres dans le pays, se protégeant et protégeant leurs proches des violents assauts des chasseurs d'hommes. Pour compléter l'ouvrage de Pier Larson, il serait passionnant de tenter de comprendre et expliquer comment et pourquoi la légende de Ratsitatane s'est ainsi peu à peu construite à travers le temps, du roman colonial de Lucien Brey aux écrits d'Azize Asgarally et créations artistiques de l'île Maurice indépendante. S'ils déforment la vérité historique, les mythes puisés dans la réalité n'en exercent pas moins une fonction fondamentale pour la mémoire et comportent aussi leur part de vérité, situant par exemple les préoccupations et fantasmes d'une société à un moment de son histoire. Peut-être même servent-ils l'histoire en entretenant l'intérêt populaire pour des personnages ou êtres vivants qui ont réellement existé.

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Emmanuel Richon réveille le dodo

Aline GROËME- HARMON
L'Express, 26 janvier 2009

As dead as the dodo? Que nenni. L'oiseau-emblème n'est pas mort, il fait semblant. Cest le sujet abordé par Emmanuel Richon, directeur du Blue Penny Museum, qui publie «Le réveil du dodo» aux Editions de l'océan Indien. Pas de prétention à la nouveauté. Mais une volonté de cerner un oiseau handicapé par sa mauvaise réputation. Aux ailes alourdies par les mythes, les polémiques et les récentes découvertes. Le tout avec une dose d'humour piquant. A la limite du grinçant. Car, «parler sérieusement du dodo, cest passer à côté du sujet». Cest ainsi qu'Emmanuel Richon présente Le réveil du dodo, ouvrage lancé cette semaine, qui paraît aux Editions de l'océan Indien. Intéressé «autant au mythe que par la science» sur un sujet où «l'on n'a pas de certitudes», l'auteur passe en revue la demi-douzaine de thèses concernant la disparition du dodo. Pour apprendre au lecteur, «comment la science peut commettre des erreurs. Comment fonctionne l'erreur à l'intérieur de la science». Il ne s'agit pas de s'effrayer. Emmanuel Richon ne livre pas un énième livre sur le dodo. Plaçant sa démarche dans un cadre linguistique, il explique que les ouvrages sur le dodo sont majoritairement en anglais ou en allemand. Son but est donc pédagogique.

La vulgarisation.

L'auteur ne présente pas non plus un traité scientifique, même s'il ne rate rien de l'énumération des chercheurs et professeurs de quantités d'universités étrangères, éminences qui ont eu sous la main les ossements, l'ADN de notre drôle d'oiseau. «Ce livre permet au commun des mortels de s'approprier les considérations scientifiques savantes liées au sujet», écrit en préface Anwar Janoo, paléontologue.

Le livre est passionnant dans la relativisation qu'il propose du savoir scientifique, toujours nimbé des pièges de lego où l'intention croit perpétuellement avoir trouvé ce quelle cherche lorsquelle ignore quelle devrait commencer par chercher plus modestement ce quelle trouve. Alors, comment est-il mort? Non il na pas été mangé par les Hollandais jusqu'à lextermination.

Oui des ossements ont été trouvés ailleurs qu'à la Mare-aux-Songes où «se méfier de l'eau qui dort». «Les marrons auraient-ils pu éradiquer totalement cet oiseau avant le départ définitif des Hollandais», s'interroge l'auteur. «Cette possibilité nest pas à écarter lorsquon sait que la raison principale du départ définitif des Hollandais avait été le harcèlement des colons par les marrons», écrit Emmanuel Richon.

Des marrons qui furent seuls maîtres de l'île entre 1658 et 1664 et «purent effectivement se livrer librement à toutes les chasses». Outre l'hypothèse «marron», Le réveil du dodo nous lance surtout dans la traque aux clichés. Ceux – qui ont la vie dure – concernant l'obésité présumée et la bêtise alléguée de l'oiseau national.

* Disponible à Rs 225. Les droits d'auteur seront intégralement versés à l'école Oasis de Paix.

Extrait
Le dodo vu de dos

«L'histoire du dodo est celle de la création d'un mythe». «Les absents ont toujours tort», dit l'adage. Le dronte a disparu en moins de temps qu'il ne fallait pour enregistrer sa présence dans la mémoire collective. Simple réminiscence, entre réel et imaginaire, véritable reconstruction mentale. Pas étonnant que ce tournant de siècle que nous vivons aujourd'hui ait relancé à fond la dodologie, préoccupés que nous sommes de virtualité.

Depuis dix ans, le fait historique de ce véritable «revival» ne saurait trouver sa source dans les quelques découvertes récentes, qui, somme toute, n'ont jamais fait qu'entériner un certain nombre d'affirmations ou réflexions antérieures, mais plutôt, dans cet événement capital des années 90, le clonage de la brebis Dolly, ce dernier changeant complètement la donne concernant le dodo en laissant planer durablement le doute d'une toujours hypothétique résurrection.

Bien qu'ayant disparu, à Maurice, le dodo est partout, en peluche, en bois ou en porcelaine, sur les T-shirts, sur les timbres, les sandales, les boîtes d'allumettes, les bouteilles de bière… le dodo a pris sa revanche sur l'homme. Il est toujours là et s'expose dans les boutiques, sur les enseignes des restaurants et magasins... »

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À la mairie de Port-Louis
Emmanuel Richon reveille le dodo

Le Matinal, janvier 2009

"As dead as the Dodo", pensaient ceux qui étaient persuadés que le volatile n'allait plus refaire surface dans les conversations. Mais c'était sans compter avec Emmanuel Richon. Le restaurateur des tableaux de la cathédrale Saint-Louis, l'exégète de Charles Baudelaire et le directeur du Musée Penny Bleu (Blue Penny) au Caudan est également l'auteur du livre "Le réveil du dodo".

Dans cet ouvrage qui sera présenté par le lord-maire Mahen Gondeeah ce jeudi, à 17 heures, à la salle du conseil de la mairie de Port-Louis, l'auteur a, pour ainsi dire, fait le tour du monde pour retracer les lieux où le dodo a marché. Le point de départ est bien entendu l'île Maurice, où tout commence, et tout finit mal pour le dodo, avec l'arrivée des Néerlandais. Les thèses varient quant aux causes de son extermination, et Emmanuel Richon s'y attarde justement.

Il rappelle que le premier musée créé à Oxford, en Angleterre, exposait un dodo, que le milliardaire Rothschild avait une collection de dodos, et que l'oiseau qui ne pouvait pas voler s'était aussi retrouvé en Inde et en Europe. Le dodo fait partie intégrante du classique de la littérature, enfantine, "Alice au pays des merveilles". Ce qui l'immortalise à jamais aux yeux des admirateurs de l'œuvre de Lewis Carroll.

Emmanuel Richon pose également une question pertinente par rapport aux fouilles à Mare aux Songes: "Statutairement, à qui appartiendraient les restes de dodo retrouvés là-bas ? Puisque, selon la loi, tout ce qui est sous terre n'est pas obligatoirement au propriétaire?". Il y a donc une lacune dans la loi que l'État ne semble pas vouloir combler. Ce dont en profitent ceux qui connaissent la vraie valeur culturelle (et pécuniaire) du dodo. Par ailleurs, si l'oiseau a bel et bien disparu de la surface de la terre, il orne toujours t-shirts et objets artisanaux.

Et le dodo apparaît même dans un épisode des "Simpsons", intitulé "Le lézard de Bolivie". Selon les concepteurs de ce feuilleton déjanté, c'est ce lézard importé d'Amérique latine qui aurait décimé le dodo. Mais bien entendu, cette information est à prendre avec des...donuts, pardon des pincettes. Étant distillée par l'instituteur de Bart. L'épisode a été diffusé la semaine dernière sur une chaîne satellitaire.

En intitulant son livre "Le réveil du dodo", Emmanuel Richon place quelques graines, non pas de tambalacoque, mais d'humour, sous les pattes du dronte. Car faire cohabiter les mots "réveil" et "dodo" dans un titre, faut le faire. Ce qui nous fait conclure qu'Emmanuel Richon ne raconte pas une histoire à "dodo" debout! "Le réveil du dodo", édité par les Éditions de l'océan Indien, est disponible en librairie à Rs 225.

 Viré monté