Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

L’Esthétique de la résistance et de la relation
dans les littératures africaine et antillaise

Sous la direction de Owono Zambo et É.C. Djob-Li-Kana

L’Esthétique de la résistance et de la relation dans les littératures africaine et antillaise

L’Esthétique de la résistance et de la relation dans les littératures africaine et antillaise, collectif • Edilivre • 2015 •
ISBN 9782334015493 • 338 pages 134 x 204 • 23.50 €.

Les treize contributions de cet ouvrage collectif, dans leurs approches analytiques respectives, mettent en lumière l’attitude intellectuelle adoptée par les écrivains africains et antillais vis-à-vis de l’ex-puissance colonisatrice.

Les enseignants-chercheurs auteurs de cet ouvrage viennent des universités d'Afrique, des Caraîbes et d'Europe. Ils examinent les postures linguistique et esthétique de certains écrivains francophones en montrant comment celles-ci se repaissent des structures de résistance. Ces structures invitent symboliquement à la prise en compte d’un projet de civilisation dans lequel les cultures et les différences entrent en relation et s’expriment sans complexe. D'où l'idée d'appréhender le monde à travers une ontologie de la complémentarité franche...

Extrait

boule boule boule

La contribution de Marie-Andrée Ciprut parmi les 13, se trouve en 3ème partie: «La construction identitaire: entre imprégnation et ouverture.»:

"Saint-Pierre sur Léman, ou les Alpes tropicales, constructions identitaires
et "Relation" dans l’altérité visible des couples mixtes"

Le résumé: Saint-Pierre sur Léman, ou les Alpes tropicales s’approprie la pensée archipélique de Glissant pour analyser un voyage dans l’imaginaire d’unions helvétoantillaises en Suisse. Ce travail s’appuie sur les spécificités de son concept clé de créolisation, les met en italique pour explorer à travers la Relation, l’expérience de l’«altérité visible» des couples mixtes, qui se reflète «extra-muros», dans les regards des Autres souvent teintés de racisme, alors qu’«intra-muros», elle est au centre d’échanges affectifs et culturels complexes. Vivre le quotidien en compagnie d’un Autre différent, c’est s’adapter, opérer des changements perpétuels dans des lieux divers, remodeler des identités ataviques et rhizomes. Cette «mise en éveil» permanente, «opposition bénéfique» comportant pièges et difficultés pas toujours évitables, se révèle aussi très féconde et très gratifiante. Elle participe de l’imprévisible créolisation du monde.

boule boule boule

Saint-Pierre sur Léman, ou les Alpes tropicales, Constructions identitaires ... dans l’altérité visible des couples mixtes

Marie-Andrée Ciprut·vendredi 6 novembre 2015

in collectif, Owono Zambo et E.C.Djob-Li-Kana, Edilivre, 2015, L’Esthétique de la résistance et de la relation dans les littératures africaine et antillaise, pp.228-229

Prolégomènes

Saint-Pierre sur Léman, ou les Alpes tropicales: un titre antinomique pour marquer “l’opposition bénéfique” entre ma ville côtière natale au pied du volcan martiniquais et mes lieux de vie au bord des lacs de montagne helvétiques, une manière de “ résistance” voire de résilience pour décrire l’expérience de l’“altérité visible” chez cet Autre – du latin “alter” – nous-même distinct par sa couleur de peau, les constantes adaptations nécessaires à l’harmonie des différences, les perpétuelles négociations inhérentes au bon fonctionnement du “nous” multiculturel.

La vignette clinique, Port-au-Prince sur Léman, nous permettra d’examiner le rôle et les conséquences de cette altérité visible “intra” et “extra muros” dans un couple dit “mixte” en Suisse, qui bouleversent, remodèlent les identités et habitudes du pays d’accueil. Un accent particulier sera mis sur la richesse, la diversalité ou le diversel, – terme utilisé par Glissant en opposition à l’universel – consenti des Relations interculturelles reliant, toujours dans une “opposition visible” les différences du Tout-monde (soit de “tout le monde”, traduction française du créole “tout moun”).

Dans sa poétique où se mêlent poésie et politique, Glissant qualifie l’archipel caraïbe de “creuset” d’une créolisation universelle qui, à travers rencontres humaines et engagements multiculturels, par-delà peurs et embûches, va plus loin que le métissage. Cette créolisation imprègne la nourriture, la musique et les langues qui, mises en contact, évoluent pour créer une entité nouvelle distincte de ses éléments constituants. Cette créolisation n’est pas, «ce mélange informe (uniforme) où chacun irait se perdre, mais une suite d’étonnantes résolutions, dont la maxime fluide se dirait ainsi: «Je change, par échanger avec l’autre, sans me perdre pourtant ni me dénaturer. Il nous faut l’accorder souvent, l’offrir toujours» (2009 : 66).

boule

 Viré monté