Potomitan

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Un jour, Un jour, …. ami Pierre

Thierry Caille

                                                          à Pierre Papaya

Chaque nuit, je cherche le visage de Pierre parmi les milliards d'étoiles qui peuplent le ciel,
j'espère l'écho de sa voix dans l'indistinct du monde...
- Raphaël Confiant.

 

Mousses. Photo F. Palli.

De verts crépuscules ont tiédi le jour feu,
et le moignon rougi a sombré en morceaux
dans la liqueur des flots et les reflets des cieux,
délavés, et salis par d'étranges oiseaux.

A cette heure où se figent les grands mahoganys
la lymphe des mangles, la sève des gommiers
la pensée dérive vers des limbes infinis
vers des monceaux de temps aux senteurs oubliées.

Je pense à toi ces soirs teints de mélancolie
dans les parmes éclats de ma raison mouillée
par les embruns laiteux aux laisses de la vie
et les ressacs furieux des souvenirs souillés.

Te voici désormais serein et reposé
sous la dalle de grès dans un pré d'asphodèles.
Si le vent alizé te faisait frissonner
vers ces îles de feu étends tes larges ailes.

Les mousses, les lichens te font un drap soyeux
et tu dors à jamais dans tes rêves secrets.
Tes calmes attentifs, aux accents silencieux,
fleurissent désormais dans le calme et la paix.

Mais la nuit est plus noire quand je n’habite plus
tes songes au bord des ans. Ta pâle silhouette
hantait mes solitudes et tout ce temps perdu
à chercher dans l'alcool la tendresse muette.

Il me reste l'écho d'un rire d'oiseleur
ciselé de douceurs. Dans la tiédeur des soirs,
ta sagesse coulait comme un vin de vigueur
sur le nacre des nuits et mes vieux désespoirs.

Ton absence est factice et je sais des vivants
qui sont plus morts que toi tant l'émotion a fui
de leurs regards terreux, tant leur vie sans talent
à mourir pas à pas lentement se réduit.

Sur l'épaule des jours blessés de trop d'ennui,
je te promènerai comme un oiseau mythique.
Je te parlerai bas dans le creux de mes nuits
de l'ivresse cachée des rêves romantiques.

 Jean Ferrat chante Aragon.

 Viré monté