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Regards de Femme


Valérie Troddal


(Poésie)

 

 

 

 

 

Regards de Femme, Valérie Troddal • 2010 • ISBN 978-2-9178-8200-9 •
160 pages • 15 €

Regards de Femme

Nouvelle plume sur le marché de la Littérature française, Valérie TRODDAL, auteure originaire de la Martinique, elle a suivi un parcours littéraire. Elle nous offre fin 2010 son premier recueil de 70 poèmes intitulé "REGARDS DE FEMME".

Ouvrage en quatre parties dont la première regroupe des textes écrits durant son adolescence. Les autres textes évoluent avec la poétesse au fil du temps, hommages à des personnalités, hommage à la vie, la mort ou l'amour. Les 3 derniers textes sont en créole.

Extraits

REGARDE

Rien n’est plus comme avant
La peur s’installe pour ne plus repartir

Aujourd’hui nous avons tous une raison de mourir
Les avions s’écrasent sans cesse

Tuant par dizaines des voyageurs plein de stress
Les trains s’y mettent aussi

Expédiant dans l’au-delà des innocents meurtris
Et les voitures, n’en parlons pas

Tous les jours, des hommes, elles font passer de vie à trépas
Regarde encore autour de toi

Tu verras la peur flotter par là
Les assassins courent dans les rues
Otant des vies sans état d’âme ni retenue

Les maladies apparaissent lentement
Pour décimer les pauvres survivants

Alors regarde, regarde encore
Loin de ce triste constat, de ce mauvais sort

Tu verras que malgré tout, des hommes tentent de changer le score
Ils se battent nuit et jour afin de repousser la mort
Faisant luire l’espoir comme une lampe allumée au dehors

C’est ça la vie malheureusement
Alors regarde bien et profite de l’instant présent
La vie est trop courte pour ceux qui voudraient prendre leur temps
A toujours remettre au lendemain ce qui est urgent,
On n’a qu’une seule vie, pourquoi la gâcher sottement ?

*  *  *

ASSIS PAR TERRE

Prendre l’avion pour s’enfuir
Croire que l’ailleurs est meilleur
Abandonner tous ses rêves, tous ses espoirs
Sombrer peu à peu dans la solitude, le désespoir
Chercher de toutes ses forces à s’en sortir
Et sentir que ses forces s’amenuisent jour après jour
Se sentir aspiré par le gouffre du non-retour

Et assis par terre, regarder le monde tourner
Tourner à en avoir mal, mal tourner et ne plus rien avoir.

Etre né ici n’est pas une gageure
Que cette mésaventure ne nous est pas destinée
Hiver comme été, se retrouver à mendier
Du pain, de l’eau de quoi subsister
Sous les regards indifférents ou gênés
De tous ces gens qui ne comprennent pas
Qui ne veulent rien savoir de notre histoire

Et assis par terre, regarder le monde tourner
Tourner à en avoir mal, mal tourner et ne plus rien avoir.

Tendre la main, il faut apprendre
Baisser le regard, ne pas trop attendre
Perdre un peu plus de dignité chaque fois
Perdre tout, perdre sa vie en finalité
Renoncer à l’espoir de meilleurs lendemains
Renoncer à vivre comme tout autre c’est certain
Parfois une photo pour se souvenir qu’on a existé

Et assis par terre, regarder le monde tourner
Tourner à en avoir mal, mal tourner et ne plus rien avoir.

Vivre dans la peur constante du présent
Mon passé est passé et mon futur me semble déjà tout tracé
Un jour te voir passer mon amour et de moi t’éloigner
Un léger voile de douleur dans les yeux qui bien vite s’est effacé
Ton regard se porte bien plus haut que le ras du sol où je gis
Ma douleur et mon infortune ne peuvent plus t’atteindre
J’ai tout perdu, je n’ai pas su comment m’y prendre

Et assis par terre, regarder le monde tourner
Tourner à en avoir mal, mal tourner et ne plus rien avoir.

*  *  *

S O S, TERRE EN DANGER

Née d’un bing bang présumé
Notre terre, poussière d’astres assemblés
Globe vivant évoluant au fil des années
Est le berceau d’une humanité tourmentée.
Longtemps par des animaux, habitée
Voit soudain changer sa destinée
L’Homme avec un grand H faisait son entrée.

Adam, Eve, la pomme, le péché originel installé
Pour la terre, la situation de mal en pis s’est dégradée.
L’homme fier de son statut de privilégié
Dérange l’ordre des choses, le monde est bouleversé
Guerres fratricides et actions pleines de méchanceté
Sont désormais le lot quotidien de l’humanité.
Croyez-vous-qu’en si bon chemin on puisse s’arrêter ?
Nenni, de la terre, planète bleue qui lui a tout donné
Il décide d’en extraire la substantifique moelle et rassasié
Tel un parasite, tue son hôte généreux mais désarmé.

Pleure, pleure, mère nature bafouée
Pleure des larmes salées brûlées d’acidité
Pleure des larmes salées pour toutes tes forêts dévastées
Pleure des larmes salées pour la couche d’ozone perforée.
Désormais notre terre en danger n’est plus protégée.

Gronde, gronde, mère nourricière révoltée
Gronde, fait souffler tes vents rageurs, et de tout ravager
Gronde, le tonnerre, et les éclairs en une symphonie désaccordée
Gronde, terre mère ulcérée par tant d’ingratitude éhontée.
Désormais notre terre en danger n’est plus protégée.
Mouvements tectoniques des plaques contrariées
La terre entière ne cesse de trembler.
Mais les nations avides de fausseté
Ne respectent pas la matrice qui les a engendrées.
Alors tremble de tous ses membres celle qui nous a portés
Depuis l’origine des temps, sans jamais se lasser.
Pluie, vent, neige et feu, les éléments sont déchaînés.
Que faire face à tant de forces incontrôlées ?
Brisée, abîmée, enfin révoltée
S O S la terre est en grand danger.

Et sous nos yeux ébahis et désolés,
Tous les éléments entrent dans une danse effrénée,
Farandole d’instruments majestueusement orchestrés,
Dans le but de nous rappeler à nous petite entité,
Que nous sommes petits face à l’immensité.

*  *  *

COMPLAINTE

C’est l’histoire d’un vieil homme dans son jardin
Qui assis dessous un vieil arbre contemple son destin,
Le juge exécrable, sans aucun objectif atteint.
Alors son coeur se gonfle de tristesse et de chagrin,
Les larmes sillonnent sa peau ridée, fine comme du parchemin,
Reflètent sa peine immuable mais ne l’effacent point.

C’est une histoire commune à tous, qu’il revit sans fin
Ses doutes, ses échecs et même ses réussites n’y changent rien,
Il se sent seul, misérable et miséreux sans tous les siens.
Rejeté et oublié de tous, comme un vieux quignon de pain,
A son âge il est seul à se morfondre, et ça, ça le prouve bien.

Cette histoire qu’il voudrait léguer à qui lui tend la main,
Afin que son exemple soit plus parlant pour tous ces îliens,
Qui se croient au centre du monde alors qu’il n’en est rien.
Comme la cigale au soleil, vivre la vie à grand train
Danser, profiter de tout sans songer aux lendemains.

Cette histoire, il voudrait la confier à un copain
Ouvrir son coeur, raconter comment la déveine survient,
Comment sa femme le renia et coupa tous les liens
Traînant dans son sillage leurs enfants et même leur chien
Le laissant seul livré à l’opprobre des voisins.

Son histoire il est prêt à confier, il n’est pas radin,
Il abreuve de conseils son disciple d’un matin,
Lui explique ce qu’il faut faire pour éviter les pépins,
Tente de le guider dans sa vie, mais tout cela en vain,
Car l’autre, par manque de sagesse refuse cet inestimable gain.

L’histoire de ce vieil homme, c’est certain,
Illustre durement la réalité pour les galopins,
Qui se sont fourvoyés en comité restreint,
Qui se sont laissés séduire par le malin,
Et qui ont perdu leur innocence en chemin.

Triste histoire que celle de ce pauvre Mathurin,
Personne pour veiller sur lui au quotidien,
Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve à gros grains.
Des amis il fut un temps où il en avait plein,
Aujourd’hui, il reste seul avec une canne pour tout soutien.

Une histoire, un vieil homme, un vieil arbre sain,
Qui de la colère a mangé un à un tous les raisins,
Qui n’attend plus dorénavant qu’un signe du Divin,
Qui attend son tour en ayant peur d’être le prochain,
Qui a peur de partir seul, seul avec son chagrin.

*  *  *

NEG’

Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
Parfois de nos propres frères vendus et reniés,
Pour quelques babioles sans valeur, des trésors miroités.
Ces hommes de bonne conscience ont cru leurs torts partagés
Car ne dit-on pas que faute avouée est à demi pardonnée ?
Et vous voilà esclaves meurtris aux pieds et poings liés,
Vous, enfants de mère Afrique, vidée de son sang, déchirée.

Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
Si longtemps battus, brimés et fouettés
Rabaissés plus bas que terre complètement annihilés
De leurs terres, de leur vie, brutalement déracinés
Bois d’ébène, par ta sueur et ton sang mêlés,
Notre destin de tes mains tu as fabriqué
Vous, enfants de mère Afrique, au bord du gouffre, révoltés.

Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
Pourquoi rejeter vos racines en vous si profondément ancrées ?
Pourquoi ajouter à l’injure et le mépris le déni de notre passé ?
De cette terre là-bas, nous avons tous été arraché
De cette terre féconde et riche de saveurs colorées
Au-delà de la couleur de peau nos souvenirs te sont restés.

Vous, enfants de mère Afrique, rejetez cette forme de lèse-majesté.
Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
Neg’ ta noirceur n’est pas une fatalité
Un échec qu’il te faut à tout prix éviter
Tu es beau, fort, et plein de majesté
Souverain véritable sur ce royaume de fausseté
Ne te laisse pas amoindrir car je connais tes qualités
Vous, enfants de mère Afrique, à l’identité empruntée.

Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
Montés l’un contre l’autre, « Neg’ » acharné,
Des tiens tu n’as su te faire des amis ou à défaut des alliés,
Car de tout temps avec les tiens tu devais rivaliser,
Pour échapper aux coups de fouets si généreusement distribués,
Le mot solidarité faisait référence à un vocabulaire désuet, inusité.
Vous, enfants de mère Afrique, divisés pour être mieux dominés.

Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
De notre tragique destin nous nous sommes relevés,
Pierre après pierre, l’édifice a été assemblé
Et aujourd’hui que nous avons trouvé un semblant de liberté
Nous luttons pour conserver notre destinée
Entre nos mains et ne plus jamais nous la faire voler.
Nous, enfants de mère Afrique, enfants de l’unité.

Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
Pétrie de luttes intestines sanglantes depuis tant d’années,
Tes enfants de par le monde te rendent hommage, mère bafouée
Neg’ noir comme du charbon ou café au lait mélangé
Tous tes enfants nés sur ces sols étrangers
Ces petits qui sans cesse de toi continuent de s’éloigner
Vous, enfants de mère Afrique, enfants désemparés.

Venus d’Afrique berceau de l’humanité,
Vous ou nous ? Faut-il dire en vérité
Combien de temps encore pour admettre et avouer
Que tous nos rythmes sont empreints de tes cités
Que tous nos rites sont issus de ta vérité
Que tous nos rires de tes larmes sont colorés
Nous, enfants de mère Afrique, enfants victimes refoulés

Pourtant nous gardons le secret honteusement gardé
Au lieu d’être fier de ce que nous possédons, manque de volonté
Au lieu d’être fier d’être ce que nous sommes, manque d’honnêteté
Au lieu d’être fier des nôtres et de les pousser à se surpasser et à gagner
Au lieu de nous mépriser les uns les autres comme des « Nég » enragés
Au lieu de perpétrer la tâche de ceux qui nous ont jadis enchaînés
Afin que la solidarité casse nos tabous et nous guide sans hésiter
Aujourd’hui, il est temps de reconnaître notre identité
De fils d’africains tous déracinés et déportés
Vers ces pays où l’on prône « LIBERTE-EGALITE – FRATERNITE ».

*  *  *

L’ADIEU AUX ARMES

Et la foule grossissait encore et encore
L’heure était venue de se montrer les plus forts.
Elle enflait démesurément, noire et blanche
Marée humaine unie en un bloc solidaire et étanche
Où parfois s’échappaient des lèvres charnues de noir cendré
Des gémissements, un nom à jamais imprimé : Césaire, le bien Aimé.

Sur ses flancs parsemés de balisiers en fête
Les conques de lambis sonnaient la retraite.
La foule convergeait en cadence vers un lieu unique
Au rythme des tambours, chantant un seul cantique.
Le pays entier marchait reprenant la même chanson,
La mort devant, lui derrière et eux sur les talons.

Bleu, blanc, rouge, drapeaux en berne
Couleurs de deuil, couleurs de notre emblème.
Kaléidoscope en mouvance du peuple souverain
Notre Père Aimé nous quitte en ces temps incertains.
Et la foule de porter haut la flamme du deuil et de l’espoir
Notre Père Césaire nous quitte pour entrer dans l’Histoire.

Deuil national révélé au grand jour
Son oeuvre et son action glorifiée dans l’amour
Ce Nègre rebelle et inconsolé, enfin apaisé
Quitte le devant de la scène dans un bain de foule démesuré.
Les hommages mérités qu’on lui rend aujourd’hui
Elèvent son âme et transcendent le combat de sa vie.

Et ses yeux las de contempler la misère des siens
Se sont fermés sur ce cortège d’improvisés musiciens.
Et ses yeux las de contempler la démarche courbée des opprimés
Se sont fermés sur le destin en marche de ces peuples ressuscités.
Et ses yeux las des vérités inavouables qu’il avait dû crier
Peuvent enfin jouir du repos bienfaisant du guerrier.

« Bel Eia », dernier passage public pour le grand maître
Devant la foule rassemblée de ses enfants présents et à naître.
L’adieu aux armes, symbolique hommage des nations
Devant ce grand Homme, ce Nègre fondamental, ce trublion
Qui a porté sa condition d’homme noir et libre au-delà de l’entendement
Et dont l’aura étincelante brille désormais pour nous au firmament.

*  *  *

ADIEU MAESTRO

Il nous tire sa révérence
La mort sur lui aura marqué sa préférence
Sans un bruit il quitte le devant de la scène
Et ainsi finit une vie d’artiste, une vie de bohême.

Brave Anatole, dans son enfance n’avait guère de chance
Mais Coppet devient Barel, ainsi naquit cette éminence
Son génie révélé, elle l’accapare, elle l’entraine
Elle, la musique, divine et maîtresse souveraine.

Pour elle, il ira partout quittant l’adolescence
De par le monde il livrera notre héritage en abondance
Notre Biguine dont il est si fier, à tous il l’enseigne
Et à son bras, la musique signe la trêve : plus de haine.

Itinéraire d’un enfant du pays
Talentueux prodige, orfèvre merveilleux qui
De nous autres avec maestria a rehaussé l’égo
Et qui mérite assurément le titre de Maestro.

Notre fierté, notre source de bonheur
De notre musique traditionnelle, notre ambassadeur
Vibre entre ses doigts magiques clarinette, saxo ou piano
Crescendo majestueux, symphonie ingénieuse en sol ou en do.

Au service des autres avec humilité et ferveur
Tel l’enfant prodigue de retour dans nos coeurs
Il fait danser le « Manoir » d’une main, et dans un geste des plus beaux
Il transmet son immense savoir aux générations, son inestimable cadeau.

Barel Coppet laisse de ce jour, son île en pleurs
Ses amis de par le monde partagent cette douleur
Et si le fil de sa vie s’est tragiquement arrêté bien trop tôt
On n’oubliera pas la simplicité de ses gestes ou de ses mots

La boucle est bouclée Maestro
Ce que la vie t’a donné en cadeau
Par ton travail acharné au centuple restitué
Ta mission sur terre quasi achevée
Il ne te restait plus qu’à regagner ta place
Au firmament auprès des autres Grands de ce pays
Que ce siècle a vu fleurir et puis partir…

*  *  *

TROPICAL

Un soleil au zénith dardant la jetée
De brûlants rayons réchauffent les esprits agités
Sur nos plages parfois de sable fin et doré
Où multitude foule au pied notre Madinina adorée
Chaleur intense, sentiments exaltés
Rires joyeux et musique endiablée
La vie au grand air, enjouée et fière
Nos richesses communes, mers comme rivières

Brides de ma mémoire désorientée
Qui du fond de mon exil cherche à se rappeler

Tintement de clochettes dans les airs
Papilles gustatives en émoi, émerveillées
La marchande de sorbet est arrivée
Le vendeur de snow ball le pas lui a emboîté
Et la marchande de pistache aux aguets
D’offrir sur son petit tabouret usé par le temps
Douceurs et sourire sans jamais faillir
Du bonheur en petit cornet pour les passants.

Brides de ma mémoire désorientée
Qui du fond de mon exil cherche à se rappeler
Les souvenirs épars et chamarrés de l’enfant que j’ai été

Au cri de ralliement des poissonniers
Se mêlent les bruits coutumiers des marchés
Thazards, dorades, sardes rouges, volants « volé »
Ça sent bon la mer, le soleil, le travail acharné et fier
Mais déjà d’autres senteurs s’échappent d’à côté
Les effluves épicés viennent en souvenir me titiller
Odeurs sucrées salées, couleur des marchandes de mon pays
Viennent par magie frapper mon esprit tourmenté

Brides de ma mémoire désorientée
Qui du fond de mon exil cherche à se rappeler
Les souvenirs épars et chamarrés de l’enfant que j’ai été
Pour ne pas sombrer dans l’oubli du passé.

Mon esprit s’égare et s’évade à tout prix
Pour oublier la morsure du froid qui règne ici
Exil volontaire ou pas, difficile d’exister
Entre rêves et réalité, et son île ne pas pouvoir visiter
Ma Martinique n’est pas que de cocotiers composée
Elle est belle et rebelle mon île, cherchant sans cesse sa place
Entre son passé, son présent et son futur
Héritière d’un lourd passé qu’il lui faut dépasser pour avancer.

*  *  *

DIFE PRI AN PEYI-A

Afos fè moun pran dlo mousach pou let
Bagay-la pété, let la débodé
Moun an lari-a kon titiri an nas péchè
Jenn kon vié, matrité kon avorté, tout moun sanblé
Bay lawa kont lenjistis ek malonètè
Difé pri an péyi-a, jodi-jou pep la lévè

Chien maré sé pou lapidé
Mé jodi-a chenn –lan pété, nou enragé
fok lité pou nou ni dwa viv an nonm doubout
anko anfwa listwa nèg ka répété
févriyé sé tan pou lévé faché ek manifesté
Difé pri an péyi-a, jodi-jou tout manmay lévé

Bèf gra pa konnèt doulè béf mèg an savann
Lavi-a pa kon an bol toloman pou nou tout
Poutji adan an péyi bel kon bel fet
Ni moun ki ka asiz anlè tèt lé pli piti?
Yo pa lé séparé riches-la kantékant
Difé pri an péyi-a, jodi-jou lé zantiy lévè

Woy papa, mi déba
L’Eta pa té lé mélé, mi bel traka
Lontan yo esperé nou pé bouch
Mè baraj asou baraj monté
lékonomi sé profitè trapé toufay
Pep-la, dan linité rété engagé
Pou laviktwa i té ka alé
An chay moun janbé dlo vini isi
Mè nou té ja ped an solda
Poutji tou sa rivé jik la ?

Yo di ravet pa ni rézon douvan poul
Mé pep la di i ka soufè twop, i ni asé
Pri manjé-a bésé’y, pri la vi-a bésé’y
Lajan travayè wosé’y
Pep-la biswen lonè épi respé
Difé pri an péyi-a, jodi-jou lé piti lévé

Chak bètafé ka kléré pou nanm-li
Mètafè, gwo modan, Bétjé, twop pwofitè
Politisien ka plen poch-yo san di ayen
Pep-la ni dwa lévé pou réklamé tousa ki ta’y
Emé Sézè ka ba nou barel-la, i ozanj ba pep-li
Difé pri an péyi-a, jodi-jou lagrèv ka woulé

« Tom » ek « Dom », nou tout sé ich manzel « France »
Menm biten, menm komba, menm bagay
Févriyé 2009 pep la di asé pléré annou lité
Yo lévé mouch-wouj, yo maché kont tout pwofitasion
Jik tan yo trapé sa yo té ka mandé
Difé pri an péyi-a, jodi-jou pep-la lévé, sé koumansé nou koumansé…

*

 Viré monté