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Que la vie me pardonne...

Ernest Pépin

La vie…
La vie est une orange mûre et bigarrée
Un présent que l’on ne finit pas d’ouvrir
Une mémoire d’autres vies
Une enfance qui  tourbillonne vers sa lumière
J’ai habité un nuage
Et j’ai tellement voyagé que j’ai avalé le noyau du monde
Je n’avais que mon cœur pour monture
J’ai pansé le soleil
Rendu hommage aux femmes nues
La vie m’a toujours tout donné
Des pépites d’amour
Des cimetières de rêves
Des sanglots
Des naufrages
Et des torrents de rires
Ainsi soit-elle
Ma parole a usé les miracles
Elle a aussi recyclé les arcs-en-ciel
A force de souffler sur les braises d’amour
Toute vie est une faille
Un arbre que l’on plante dans sa propre chair
Dans la plus belle des solitudes
Mais il y a pire
Il y a ceux qui souffrent
Ou qui meurent de vivre
Qui remontent à la source au-delà du malheur
Peut-être faut-il aimer le présent
Ouvrir le cadeau
Et demander l’hospitalité à la vie
Où est la maison du rêve
Nous la construisons chaque soir sous l’éclat des paupières
Mais le rêve ne nous attend pas
La vie est trop pressée de vivre pour attendre
L’oiseau court après son chant
Et moi je cours après mon ombre
Je n’ai jamais douté de l’ombre
Cette part fidèle de l’errance
Aux dernières nouvelles
Demain remontera de la nuit
Comme un seau sort du puits
Il y aura de l’eau pour toutes les soifs
Et de l’amour à boire
Aux dernières nouvelles
Il y aura des indignés sur les places publiques
On parlera au printemps
On réveillera le feu
L’amour applaudira
Je veux de cette vie là
Je veux de la rosée des mots
Je dis à ma vie qu’elle est tambour
Une résistance à l’affût
Une mer en manœuvre de beauté
Voici ma vie
Je la suis ou je la précède
J’emprunte une oasis cosmique
J’emprunte un nom de guerre et d’amour
J’emprunte un monde boiteux
J’emprunte tout y compris ma peau d’homme
Et je vis
                Avec vous
                Parmi vous
                Comme un mendiant heureux de respirer
Le monde a une odeur de mère
J’habite ma mère
Je vis…
Comme l’arbre hisse sa voile
Comme l’abeille polit son miel
Je vis…
Sans raison de vivre
Par la femme qui porte ses seins comme un bouquet
Par le vent qui m’enlace sans m’étouffer
Par la poésie qui me souffle d’aimer
Que la vie me pardonne
Que la vie me pardonne

Ernest Pépin
Faugas
Le 21 décembre 2011

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