Je t’appelle Haïti
Du fond de ma souffrance
Du fond de mon histoire
Du fond de ma Guadeloupe
Comme un pays blessé
Un pays maltraité
Un pays martyrisé
Tu es devenue
Ce pays sans nom
Et qui hurle son désespoir de gang
Ce pays défiguré
Et qui trouve la force de sourire
Ce pays sans raison
Qui s’accroche à la barbarie
Des jours abandonnés
Des jours sans pain
Des jours qui ne méritent pas
Le nom de jour
Le cauchemar est à nos portes
Il habite Cité Soleil
Il habite l’Artibonite
Il habite les quartiers de Port-au-Prince
Il habite la rue des malheurs
Haïti
Haïti
Haïti
J’appelle trois fois ton nom
La première fois pour ton histoire
La seconde fois pour ton enfer
La troisième fois pour ta renaissance
Les héros de notre temps
Sont des héros de pacotille
 Ils sont les enfants de la peur
Les fils de la corruption
Je songe à ce peuple sans abri
A ce peuple aux abois
A ce peuple cannibalisé
A ce peuple déboussolé
Mais qui sait encore faire peuple
Citadelle au haut du morne des solitudes
Veilleuse inlassable
Gardienne de nos déroutes
Je t’appelle d’une île à l’autre
Fidèlement
Solidairement
Fraternellement
Eperdument

Ernest Pépin

Faugas/ Lamentin
Guadeloupe
9. septembre 2025

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 Viré monté