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 Anse Céron. Photo F.Palli. | 
Tant  de paroles offertes aux mains du monde
  Remaillées  aux fleuves souterrains
  De  grands chaos nous guettaient en bordure de nos îles
  De  grands rêves soulevaient nos vagues
Et  enfouissaient les mots sous les sables du monde
Voici  que pleurent  les filaos 
  Nous  avons passé le seuil des Indes
  Passé  le seuil des syllabes inconsolées
  Car  nul n’est à l’abri du silence
  Et  la vie est toujours un piège qui recommence
  Et  ce que nous habitons c’est la pensée du monde
Ivresse  des mots
        Malemort  des mots
        Nous  sonnerons les pluies métisses
        Nous  ameuterons la Lézarde
        Car
        Nous  sommes un peuple de traces prophétiques
        De  paroles dénouées 
        De  paroles volées au mur de l’horizon
        Et  le conte en nous a toujours fait sa ronde
   
  Pays  fêlé et de mers dilatées aux flancs du monde
  Nous  en savons l’usage et le boucan de soleil noir
        Le balan du souffrir
        L’allégresse des  argiles
        La roche ingouvernable  aux portes des rivières
Pays  de sel 
  Le  poète a jeté les dés des secrets
  Tapissé  le gouffre de nos lumières
  Et  défroissé les midis de la mer
        Naissance  des naissances
        Le  poète fait foule
        Et  sa mort justifie le soleil des consciences
Chacun  inventera ses mots
        Chacun  sondera son propre sel
        Allumera 
        Sa propre bougie 
        Sa propre étoile
        Pour  mieux se souvenir que
        Le  ciel s’est incliné pour ramasser sa lumière
        Mais  il nous appartient
        Son  rêve nous appartient 
Nous  garderons l’empreinte du Prince
	      Nous  avons rendez-vous avec l’informulable
	      Sa  parole
   Est un siècle
	      Une  jungle en veilleuse
	      Ame  inquiète du monde
	      Un  archipel aux yeux d’éclipse 
	      Sa  parole
	      Tant  de soleils déménagés
	      Tant  d’océans bouclés aux chevilles des racines
	      Tant  de villes enjambées
	      Tant  d’étoiles déterrées
	      Je parle au nom d’un  poète
	      D’une écriture totale  et totalement indélébile 
	      Et je regarde mûrir  l’horizon
	      Et je demande  l’hospitalité du  Tout-Monde
	      Et je plante un acomat
	      Et je ceins le rocher  du Diamant
	      Qui emprunte ton visage  à venir
	      Cette louange couronnée  d’oiseaux marins
	      Ce gardien  royal inspiré par  tes songes
	      Et dans ce lieu
	      Où la pierre se fait  flamme
	      Dans ce lieu de beauté  intraitable
	      Je regarde passer l’âme  du monde
	      La belle parole du  monde
Ernest Pépin
            Faugas le 04 février  2011


