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Moi, Ariane, la déracinée

Alloys Mona

 

 

 

 

 

 

 

 

Moi, Ariane, la déracinée, Alloys Mona • Éd. Maya • 2016 •
ISBN 979-10-95883-00-5 • 142 pages 15 €.

Moi, Ariane, la déracinée

4ème de couverture

Pourtant, je la revois dans notre belle maison des îles, disant à mon père:

— «Il faut que nous partions, que nous quittions tous cette île, car tu y laisseras ta chemise!».

— «Mais, c'est ici que vit ma famille, que sont mes amis, dans ce pays que j'aime, je ne vais pas quitter tout ça!» rétorquait-il, ne voulant rien entendre à ce que ma mère lui objectait.

Pour Alloys, son île est restée son Sud quand la France devient son Nord. Intégrée à la Métropole et, après plus de cinquante ans d'exil, la voilà retournée au pays pour s'apercevoir que bien des changements se sont opérés. Dans les pas de ses ancêtres, elle nous guide dans le pays de son enfance, sa nature magnifique, ses lieux somptueux, ses coutumes avec une émotion non dissimulée. Mais c'est aussi sa vision du monde actuel, ses réflexions sur les méandres de l'existence, empreintes d'une certaine amertume qu'elle nous livre sans détour et qu'elle veut partager avec nous. Laissons-nous porter par son récit, être séduits par son histoire et pourquoi pas tomber amoureux, nous aussi de son île.

Née en 1949 et ayant vécu en Guadeloupe, Alloys MONA quitte son île natale en 1961 avec ses parents, son frère et ses trois sœurs. Mariée, deux enfants elle vit aujourd'hui à Marseille après plusieurs mutations dans son travail.

Extrait

«Qu’est ce que vous attendez donc pour descendre!» cria mon père. Bien tassés au fond des deux taxis, car il nous en fallait bien deux pour conduire cette famille de sept personnes à son nouveau domicile, il nous était difficile de comprendre que c’était là que nous attendait notre nouvelle vie à PARIS, le terminus de notre si beau voyage, des «Adieux foulards, adieux colliers chou» dont résonnait le paquebot en s’éloignant du quai…

Après une formidable croisière sur le paquebot «VENEZUELA» qui reliait la ligne maritime Antilles-France, après des escales, à Porto Rico, à Fort de France, Caracas, Madère, après ces jours divins de farniente, d’amusements, de rigolade, de découverte de nouveaux plats comme l’artichaut… Il était impossible de voir tout cela s’arrêter et de nous voir nous échouer devant un grand immeuble noir et sombre. Vraiment impossible.

C'était devenu un cauchemar. Alors nous restions, mes sœurs, mon frère et moi-même comme prostrés, tétanisés de peur au fond de la voiture. Mon père, avec sa fière allure et sa corpulence imposante nous exhortait à descendre rapidement et à gravir les escaliers qui nous menaient à notre nouveau domicile. Trois pièces en enfilade, une cuisine tout en longueur servant de salle d'eau, des W.C. sur les paliers. Voilà notre nouveau havre, nos nouveaux horizons et mon père ne pouvait contenir sa fierté et sa joie d'avoir pu emmener toute sa famille en Métropole et plus particulièrement dans cette ville fabuleuse qu'est PARIS qu'il connaissait puisqu'il avait fait ses études une quinzaine d'années auparavant à la Sorbonne.

Mais... Nous, les enfants, étions désespérés. Il avait même refusé une première affectation dans la ville de Saint-Brieuc, car Paris représentait à ses yeux comme à ceux de nombreux concitoyens et étrangers le nec plus ultra de la société urbaine, le temple du SAVOIR et de la CULTURE. C'est toujours la ville la plus belle du monde.

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