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Khokho
Joseph René-Corail

Repères chronologiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo Pablo Roy-Camille.

Khokho

 
1932
Joseph Sainte-Croix René-Corail naît le 14 septembre 1932 à Beaufond, dans la campagne des Trois-Îlets, en Martinique. Il est le fils de Bernabé Justin René-Corail (1887-1974) et de Marguerite Louise Giscon (1910-1965), agriculteurs. Il a vingt-quatre frères et sœurs, dont dix du même lit.

1939
Il a sept ans quand il entre dans une vielle bâtisse à moitié en ruine faisant office d’école maternelle. Allergique à l’école, c’est une institutrice, Mademoiselle Coma, qui lui fait y trouver un quelconque intérêt.

Parution de Cahier d’un retour au pays natal, d’Aimé Césaire.

1941
Il obtient son certificat d’études primaires et entre en sixième, au cours complémentaires des Terres-Sainville. C’est dans cet établissement qu’il suivra les enseignements artistiques dispensés par Fernand Peux, une rencontre qui déterminera sa vocation artistique.

Escale d’André Breton en Martinique, fuyant le nazisme.

1939-1943
Deuxième Guerre mondiale. La Martinique, colonie, est placée sous tutelle de l’Amiral Georges Robert, Haut commissaire de la France aux Antilles et maître d’œuvre du régime de Vichy dans la région.

1943
Création de l’École des arts appliqués par le gouverneur Georges Louis Ponton, à la suite de vœux émis par le Conseil général. Cette école avait pour but, «en utilisant les richesses de la Martinique, tant matérielles que pittoresques, le sentiment artistique et l’habileté de l’artisan antillais, de développer un artisanat local de qualité et de donner à l’élite la possibilité de s’orienter vers les grandes écoles d’art de la métropole».

1945
Naissance de «L’atelier 45», mouvement pictural initié par Marcel Mystille, Jean-Germain Tiquant et Raymond Honorien.

1946
19 mars, loi de départementalisation.

1948
Échec de René-Corail au brevet élémentaire, mais brillant succès de ce dernier au concours d’entrée de l’École des arts appliqués – section céramique, que sa mère qualifie d’«École des ânes appliqués».

1950
René-Corail obtient son diplôme en deux années au lieu des trois requises, et part poursuivre ses études à l’École supérieure des arts appliqués de la rue Dupetit-Thouars, à Paris. Il a Pierre Roulot comme principal enseignant.

1952
Séjour à Savigny-sur-Orge, chez M. et Mme Ménil, où il réalise des objets en céramique.
Stages en province, séjours sur la Côte d’Azur: Cannes, puis Vallauris, où il réalise des céramiques pour Yves Montant et Simone Signoret.
Brèves rencontres avec Picasso, avec qui il collabore néanmoins intensément (tournage de pièces pour le Maître et moulage).

Parution de Peau noire, masques blancs, de Frantz Fanon.

1953
À 21 ans, il est appelé sous les drapeaux. Il refuse de faire son service militaire. Considéré comme déserteur, il est toutefois intégré sans sanction dans l’armée française. Muté en Tunisie, il sera confronté aux troubles qui s’y déroulent. Mais piètre soldat, il sera rapatrié en France. Mais il sera libéré de ses obligations avant la mise à exécution de son plan.

1956
Rappelé sur le front pendant la Guerre d’Algérie, qu’il qualifie de «boucherie humaine», il prend la décision de rompre avec la contrainte militaire coloniale.
Retour en Martinique. Il est professeur à l’École des arts appliqués (où il fut élève) et y enseigne la céramique.
Il commence à expérimenter de nouveaux médiums, tels le bambou, les métaux, le tissu.
Création du Centre des métiers d’art, en collaboration avec Alexandre Bertrand et Dumas Jean-Joseph.
Mise au point d’une méthode de fabrication de céramique avec une certaine terre de Martinique, terre rouge, ingrate, mais permettant de réaliser un type original de céramique.

René-Corail

Photo Robert CHARLOTTE 

1959
Décembre 1959. Événements sanglants, trois jours durant. Trois jeunes martiniquais sont tués: Marajo, Rosile et Betzi.

1960
Démission de l’École des arts appliqués. Il continue néanmoins ses recherches, dans son grenier de la rue du Capitaine Manuel, seul et sans grande aide. Il met au point des types de poupées créoles, des crèches martiniquaises avec étable en noix de coco et santons créoles. Tapisseries murales donnant à voir des scènes de vie quotidienne, des combats de coqs, la coupe de la canne, le carnaval.
Organisation de stages aux Trois-Îlets, à la demande du Docteur Robert Rose-Rosette (alors maire de la commune) à partir de matériaux du pays. But de ces stages: inventorier les produits de la région pouvant être transformés artistiquement, déceler les vocations parmi les jeunes et créer à terme un centre artisanal.
Animation de stages divers en Martinique, à Sainte-Anne et au Morne-des-Esses, pour la réhabilitation de la poterie et de la vannerie, en voie de disparition.
Le maire du Saint-Esprit de l’époque, Georges Fitte-Duval, l’accueille et un nouvel atelier, sous la direction de René-Corail, commence à produire.
Amoureux de la nature et fervent défenseur de la culture de son pays, il révèle un de ses traits de caractère les plus déterminants.
Cette vision de la vie contribue à conforter son engagement politique (il avait déjà été militant durant son séjour en France) au sein du Parti communiste martiniquais, appelé à l’époque, «Génération du Parti communiste français», et, par la suite, son implication dans la construction de l’Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martiniquaise (OJAM).

1961
«Discours sur les trois tombes» du leader communiste Georges Gratiant: «Qui veut du pain, aura du plomb, au nom de la loi, au nom de la force, au nom de la France, au nom de la force de la loi qui vient de France!»

1962
Création des six sculptures sur métal de l’église de Bellefontaine: «Les âmes du purgatoire», et de celle du frontispice de l’église de Bellevue: «Cœur immaculé de Marie», avènement d’un type nouveau d’art religieux dans le pays.
Participe à des expositions organisées à Paris par le ministère de la Culture, où il obtient une médaille d’or pour une tapisserie en patchwork et une médaille d’or pour une de ses sculptures sur métal.

1963
Affaire de l’OJAM. René-Corail est emprisonné à la maison d’arrêt de la rue Victor Sévère (avril), puis transféré en France, à la prison de Fresnes. Il est un prisonnier politique. Il sera acquitté et relâché quatre mois plus tard, le 30 juillet 1963. Décembre 1963, retour en Martinique après l’affaire de l’OJAM.

1964 à 1977
Durant ces années, René-Corail réalise des travaux importants, organise des stages et forme de nombreux élèves au travail du bambou, de la sculpture sur bois, de la création de tabourets en bois de mahogany.
Essai d’affirmation d’une identité martiniquaise au niveau de la mode, avec la création du style Corail: robes, boubous, bijoux.
Expérience similaire sur le plan de la coiffure, avec Josépha et Jacqueline Labbé.
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1971
Réalisation de la statue de la Place du 22 Mai, à Trénelle, Fort-de-France, à la demande d’Aimé Césaire.
À d’autres moments, la ville de Fort-de-France va acquérir d’autres œuvres de René-Corail, dont le célèbre «Christ guérillero».

1973
Fresque monumentale du Vauclin, sur le thème «La pêche et la mer».

1974
En février, il tire deux œuvres magistrales des événements tragiques de Chalvet.

1974-1975
Début du séjour de Morne-Étoile, entre Saint-Pierre et Morne-Rouge.
Projet de création d’ateliers pilotes pour les jeunes en difficulté, création de chouval bwa, avec les pensionnaires de la Tracée.
Soirées culturelles avec Victor Permal, Eugène Mona, Luc Marlin, l’Atelier-théatre de Roger Robinel.
Atelier de recherches où il expérimente sa technique Zolpan-sable-white-spirit-feu, à Morne-Étoile.
Fresques du SERMAC de Fort-de-France.

1976
Du 26 novembre au 11 décembre, voyage au Sénégal: exposition de peintures, sculptures et tentures sur le thème «Recherches», au théâtre national Daniel Sorano de Dakar.

1978
Création du parti politique le MIM (Mouvement pour l’indépendance de la Martinique qui devient Mouvement indépendantiste Martiniquais) issu du Mouvement «La parole au peuple».

1979
Fresques sur les murs de la Pharmacie Chomereau-Lamotte du boulevard Allègre, à Fort-de-France.

1982
Sculpture monumentale: «Mémorial Frantz Fanon», réalisée au Macouba, à la demande de Marcel Manville et Victor Permal, du Cercle Frantz Fanon, à partir de la lecture de Peau noire, masques blancs, avec l’aide du maire communiste Sévère Cerland. Elle sera placée à l’entrée du campus universitaire de Schoelcher. L’atelier du diable, court métrage réalisé par Euzhan Palcy dans lequel Khokho joue le rôle principal.

Fresque Collège Basse Pointe

Fresque Collège Basse Pointe, Mai 1983.

1983
Fresque monumentale au collège de Basse-Pointe, réalisée dans le cadre du 22 mai: «La fête de l’école et de la liberté». Fresques de l’enceinte de l’église du Lamentin, 13 panneaux: «La colonisation dans la Caraïbe et les Amériques» réalisées durant le tournage de Rue Cases Nègres, d’Euzhan Palcy.

Entre 1984 et 1992
Acquisition par le Conseil régional de Martinique de trois œuvres majeures de René-Corail: «Maternité chevaline», «Le souci» et «Les vieux».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les vieux, Fin des années 1980, Technique mixte sur bois, 179 x 94,5 cm.

Les vieux

1986
Exposition à la MJC du Lamentin.

1987
Illustrations du livre Canne, sucre et rhum aux Antilles françaises, du XVIIe au XXe siècle, ouvrage collectif dirigé par Alain Grillon-Schneider. Réalisation d’une célèbre affiche pour les trente années de «L’Impératrice».

Chez Jojo

Fresque murale technique mixte sur cimemt  273x820, Un certain jour de Novembre chez Jojo.

1988
Fresque murale à l’Anse-à-l’Âne: «Un certain jour de enovembre chez Jojo».
Exposition collective des Anciens élèves des Arts sAppliqués de la Martinique.

1988 -1989
Décoration d’une boîte de nuit en Suisse, à Genève.
Exposition de peintures et sculptures au Conseil général de Martinique: «L’insolite de Khokho».

1990
Réalisation d’une deuxième fresque à l’Anse-à-l’Âne «Chez Jojo, c’est chez toi».

1992
7avril, inauguration de la galerie Khokho René-Corail à la rue de la Croix Mission à Fort-de-France.

1993
Exposition historique à la Galerie Khokho René-Corail, de la Croix Mission (Fort-de-France): «L’amour de l’homme envers l’homme», du 5 au 17 octobre. Exposition de travaux de Khokho au Salon «Coup de Soleil» de l’Association pour le rayonnement des peintres sculpteurs d’Outre-mer, du 4 au 24 octobre. Séjour en Guyane où il réalise quelques œuvres.

1994
Exposition collective organisée au siège social de la société Alcatel autour du thème «Art et communica-tion»: «Les Alcat’arts, 1994», du 11 au 22 juin.

1995
Exposition collective – Galerie Khokho René-Corail – «Le sacré dans l’Art» du 5 au 20 janvier.
Exposition rétrospective au Musée du Rhum de Sainte-Marie – Sculptures, peintures, dessins – en décembre.
Fresque murale du restaurant «Chez Nini» à l’Anse Dufour, aux Trois-Îlets.

1996
Invité d’honneur de la manifestation artistique «Indigo, 1996» en Guadeloupe.

1998
13 février, décès de l’artiste Khokho René-Corail, dans le dénuement.

2000
Fin d’année, rétrospective de son œuvre dans le grand hall de l’Atrium, à Fort-de-France.

 

 

 

 

 

 

 

L’illustration du recueil de poèmes «Essais de vérité» de Philippe Renard l’amène à expérimenter une nouvelle technique de peinture craquelée.
Elle apparaît ici étrangement similaire aux techniques ancestrales et millénaires qu’utilisent les maîtres potiers coréens et japonais du «raku».

Essais de vérité

boule

Khokho
(Joseph René-Corail)