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Haïti, objet traditionnel de convoitise et d’agressions

Par Paul Sanon et Leslie Pétigny

Emmanuel Ducasse

Emmanuel Ducasse. © Galerie Monnin

Les premiers Espagnols qui sont arrivés à Saint-Domingue (ancien nom de l’île d’Haïti) ont été émerveillés par ses ressources naturelles, la fertilité de son sol, l’exquisité de sa température, la beauté de ses paysages et l'hospitalité de son peuple. Après avoir asservi les indiens qui succombèrent en grand nombre sous le joug de l’esclavage, ils ont fait venir d’Afrique des noirs dont le courage a constitué un véritable moteur de l'économie européenne. Pour évoquer la crainte de la métropole de perdre sa riche colonie, Denis Laurent-Ropas relate un passage d’une lettre de Bonaparte au général Leclerc, commandant en chef à Saint-Domingue, en 1802, dans laquelle il lui signifia que «sa gloire sera entièrement consolidée lorsque pour le résultat de la seconde campagne, il aura rendu la tranquillité à cette belle et vaste colonie qui est l’objet de la sollicitude et des espérances du commerce de la France…».

Alors, la question qui revient toujours comme un leitmotiv, c’est comment expliquer qu’un coin de terre jadis surnommé la perle des Antilles, objet de tant de convoitise, peut être aujourd’hui étiqueté de pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental?

Plusieurs  courants d’idées s’agitent pour trouver une explication aux conditions défavorables qui ont fait d’Haïti ce qu’elle est aujourd’hui. Certains font état du manque de vision, de l'incompétence, de l'irresponsabilité et de la corruption  de ses  dirigeants tout au long de son histoire. D'autres  parlent  de l’inégale répartition des terres et des ressources au lendemain de son indépendance et la marginalisation de ses masses. Même des tenants de théories religieuses jettent le  blâme sur le vodou perçu par eux comme une secte d’arriérés et d’aliénés plutôt qu’une religion ouverte à des idées et des pratiques dominantes.

Force est de constater qu’aucun de ces penseurs n’ont fait allusion aux nombreuses interventions étrangères dans les affaires internes d’Haïti et surtout les agressions qui constituent sans doute une cause non négligeable du retard haïtien sur l’échiquier sociopolitique mondial.

Il est important de souligner que les premiers Européens qui sont arrivés dans l’île d’Hispaniola n'étaient  pas venus pour des échanges culturels. Edouard Glissant soutient que les colons étaient exclusivement venus à la recherche d'or et d'épices. Construire une civilisation sur un modèle métropolitain ne faisait  pas partie de leurs plans. Leurs objectifs étaient de piller la colonie  afin d'enrichir leur terre d’origine. Ils s’attelaient à détruire les forêts pour obtenir suffisamment du bois pour construire l'Europe, abîmant piteusement  la terre coloniale. Après la victoire des mulâtres et des Noirs sur l'armée française, ils n’ont hérité que d'une terre dévastée et déboisée.

Pire encore, les gens étant le produit de ce qu’ils ont vécu, la plupart des aïeux ont reproduit la mentalité coloniale qui privilégie l'égoïsme, l’inégalité et le sentiment de supériorité personnelle sur le bien-être commun. Au lieu de construire une nation sur une justice sociale et un système économique viable et fiable, ils étaient simplement déterminés à remplacer les colons sans extirper pour autant la mentalité coloniale.

À ces stigmates  psychiques de la colonisation, on doit greffer les réactions des puissances colonisatrices craignant de l'exemple d’indépendance d'Haïti un attisement des agitations dans les autres colonies. Alors ils ont tenté à leur façon de mater ce qu’ils considéraient comme une gifle à la face du monde civilisé. Comme la raison du plus fort est toujours la meilleure, les Français, les Espagnols, les Allemands, les Anglais et les Américains ont utilisé  leurs armes de guerre et leur puissance militaire pour imposer leur volonté à Haïti

Passons en revue quelques anecdotes illustrant le niveau d’agression subies par Haïti.

La France refusant catégoriquement de reconnaître l’indépendance de son ancienne colonie, elle a constamment brandi la menace d'une recolonisation. Vingt et un ans après l'indépendance, Elle envoya en Haïti une flotte de navires de guerre et exigea la rançon de 90.000.000 francs l'équivalent actuel de 21 milliards de dollars, afin de reconnaître la souveraineté haïtienne.  

Le 6 juillet 1861, l'amiral espagnol Rubelcava arriva  dans la capitale haïtienne, avec des navires de guerre et réclama une indemnité de 20.000 dollars en monnaie haïtienne.

Deux hommes d'affaires allemands résidant en Haïti ont exigé du gouvernement haïtien  une somme de 15.000 dollars pour les dommages matériels que leurs entreprises avaient subi. Le 11 Juin 1872, deux navires de guerre allemands accostèrent à Port-Au-Prince et le capitaine allemand exigea une réparation de 3000 livres sterling. Luders, un autre ressortissant allemand ayant été condamné le 14 octobre1897 pour l’agression d’un officier de la police haïtienne, deux navires de guerre allemands arrivèrent en représailles à Port-Au-Prince le 6 décembre 1897. Le capitaine allemand exigea  une indemnité de 20.000 dollars pour  avoir la garantie que Luders pourra vivre en paix en Haïti.

En 1875, Maunder, un sujet britannique, a loué l’île de la Tortue pour l’exploitation de bois. Un conflit avec les autorités locales lui a forcé de vider les lieux. Un navire de guerre britannique fut envoyé  à La Tortue pour prendre possession de l'île.

Même les États-Unis dont la Constitution proclame la liberté, et la poursuite du bonheur, n’ont pas consenti à épauler la jeune nation. (David Nicholls). Ils n'ont entretenu des liens diplomatiques avec  Haïti qu’en 1862, soit  58 ans après l’indépendance haïtienne. Ce fut le pire embargo économique et diplomatique imposé à une nation nouvellement indépendante. En 1915, après une succession de bouleversements politiques qu’ils ont eux-mêmes fromentés et encouragés, ils ont envahi Haïti.

La crainte d'un retour imminent des  français, a forcé les premiers gouvernements à utiliser toute leur économie à la défense nationale en achetant des munitions et en construisant des forts. Dans un état d'alerte constante, il était impossible de bâtir  un pays ravagé par la guerre et concevoir  un système d'éducation de masse. Pour subsister, les classes dominantes possédant la majorité des terres se voyaient contraintes de créer des  grandes plantations où  les nouveaux affranchis étaient forcés de travailler comme des serfs à l’instar de l'époque coloniale

Sous l'occupation américaine, avec l’argent du pays,  les Américains ont construit des routes, des ponts et des écoles que dans des villes, faisant fi des zones rurales. La vie des masses ne connut point d’amélioration, le système agricole ne subit aucune transformation. En 1934, à leur départ, Ils ont remis les rênes du pouvoir entre les mains d'une armée et d’une élite corrompues formées de ressortissants étrangers et d’Haïtiens agissant avec une soumission canine face à leurs patrons. Ils ont perpétué le statu quo, contribué à la destruction de la flore et la  faune en s’enrichissant de l’importation  de produits importés comme le riz, la viande, etc.

L’immixtion des étrangers dans les affaires haïtiennes a sans équivoque causé du tort au développement d’Haïti. À travers toute l’histoire haïtienne, ils se sont conduits en de véritables gardes-chiourmes édictant leur volonté à des dirigeants faibles ou affaiblis. Ils ont protégé les dictateurs quand ils  favorisaient leurs intérêts au détriment de la majorité. Ils ont donné leurs bénédictions aux pushistes  quand les coups d’état confortaient leurs privilèges.

Toutefois, nos propos ne s’inscrivent nullement dans l’incantation contestataire de ces leaders haïtiens sans vision qui tendent à se déresponsabiliser de la misère infrahumaine que connaît Haïti. Si la mémoire historique doit tenir compte des marques indélébiles causées par les vicissitudes du passé, elle fait en revanche appel à une sorte d’immanence haïtienne pour  identifier les erreurs, maîtriser le réel et travailler malgré les circonstances à un monde  meilleur. Car aujourd’hui plus que jamais, même si les Haïtiens souffrent de la vie, ils doivent savoir inventer la transcendance. 

Antoine, J.-R. (1984). Format 60, TNH: Entretien Télévisé avec Dr. Grégoire Dienguele Matsoua. Port-au-Prince: Television Nationale d’Haiti (TNH).

Aristide, J.-B. et Wargny C. (1992). Tout Moun Se Moun/Tout Homme est un Homme. Paris VIe : Les Editions du Seuil.

Denis, L-R. (1993). Haïti: Une colonie française 1625-1802. Paris: Editions L’Harmattan.

Desinor, C.-A. (1989). Il Etait une Fois: Duvalier, Bosch and Kennedy 1963. Port-au-prince: Collection Dossiers Contemporains.

Dorsainvil, J.-C. (1924). Histoire d’Haiti: Cours Supérieur. Port-au-Prince: Editions Henri Deschamps.

Francisque, E. (1968). Perspectives de Développement Economique en Haiti. Port-au-Prince: Imprimerie Henri Deschamps.

Glissant, E. (1993). Tout-monde. Paris: Editions Gallimard.

James, C.L.R. (Les Jacobins Noirs: Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue. Paris: Editions Caribéennes.

Karenga, M. (1993). Introduction to Black Studies. California: The University of Sankore Press.

Lemoine, Maurice (1981). Sucre Amer: Esclaves Aujourd’hui dans les Caraïbes. Paris: Nouvelle Societe des Editions Encre.

Lewis, G.K. (1968). The Growth of the Modern West Indies. New York: Monthly Review Press

Madiou, T. (1989). Histoire d’Haïti 1492-1848. Port-au-Prince: Editions Henri Deschamps.

Metraux, A. (1958). Le Vodou Haitien. Paris: Editions Gallimard.

Moral, P. (1978). Le Paysan Haïtien: Etude sur la Vie Rurale en Haiti. Port-au-Prince: Les Editions Fardin.

Nicholls, D. (1988). From Dessalines to Duvalier: Race, Colour and National Independence in Haiti. London: Macmillan Caribbean.

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The origins of Haiti’s socio-economic misfortunes
Haitian history in a nutshell

By Paul Sanon and Leslie Petigny
Edited by Karen Thompson

The first Spaniards who arrived in Saint-Domingue (Haiti) were amazed by its natural resources, the fertility of its soil, its exquisite temperature, the beauty of its landscapes and the hospitality of its people. After enslaving its people and replacing the decimated population with African slaves, Haiti became the motor of European economy. No one can sum up better than the General Napoleon Bonaparte the importance of this corner of the globe. In a famous letter sent to his St-Domingue‘s general, Leclerc, he stated: “You will be remembered in history as one of the greatest French generals if you reestablish peace in this vast and beautiful colony that we are so concerned about.: A colony from which all of our trades and economy depend on”. How come a place that was once called the “pearl of the Islands” became the poorest nation of the western hemisphere?

There are many hypotheses trying to explain Haiti’s wretched conditions. The most popular one linked its current conditions to its leaders’ lack of vision, incompetence, irresponsibility, and corruption throughout its existence. Others ascribe its current circumstances to the unequal distribution of land and resources after its independence and the marginalization of its masses. Some religious theorists put the blame on Vodou, one of his religious manifestations. None of them alluded to the numerous and unjust foreign interventions which are by far the primordial cause.

According to Edouard Glissant, the first Europeans who arrived to the land (Hispaniola) did not come for cultural exchanges. They exclusively came in search of gold and seasonings. Building a country on equal terms was not part of their vision. They came to pillage the new lands in order to enrich their motherlands. Early on, they enslaved the native Indians. As the local population got decimated, they brought stronger African slaves to replace them. Besides stealing the gold, destroying the forests to get enough wood to build Europe, they mercilessly overused the land (Edward Scobie). By the time, mulattoes and blacks united to defeat the French Army, they had inherited a devastated and deforested land with a colonial mentality; a mentality privileging selfishness, inequality and a sense of superiority over communal well-being.

Regretfully, people are the product of what they have experienced and Haiti is not an exception. Most of the founding fathers, especially the mulatto and black slave owners, who were already free before the independence war in 1804, never had a visceral attachment to the land and never held a sense of brotherhood toward the majority of uneducated black slaves. Instead of building a nation on solid foundations, centered on social and political justice and motored by a viable economic system, most of our founding fathers were more inclined to replace the French without altering the colonial mentality.

Besides the colonization’s psychic scars, the nascent nation suffered the worst economic embargo for having given a big slap to the so-called “civilized world”. Fearing that its revolutionary example may stir unrest in other colonies, the colonial powers had done everything in their power to reduce Haiti to its simplest expression.

In addition, the fear of an imminent French comeback, forced the first Haitian governments to spend most of their money into buying weapons and building forts. In that constant state of alert, they had a hard time to rebuild a war-ravaged country and let alone run a mass educational system. To raise money, the dominating classes (those with most of the lands) were forced to create grand plantations in which the masses of newly freedmen were forced to work as serfs almost like in colonial times.Having very little money left, our subsequent politicians and elite became like vultures in this precarious condition. As politics and corruption became the surest ways to get rich, our dominating classes kept diving head first in fratricide wars at the masses’ detriment . They overlooked building schools , roads, and boosting agriculture, and chose to see themselves as the sole reality.

Since the Strongest’s reasoning is always the best, the French, Spanish, German, British and American have all used their military might to impose their will on Haiti.

Let’s review a few aggressions suffered by Haiti.

France refused to recognize Haiti’s independence and kept threatening its people to re-enslave them. Twenty-one years after independence, it sent a warship to Haiti and demanded a 21 billions dollars‘s ransom, the modern-day equivalent of 150.000.000 gold francs to recognize Haiti’s sovereignty. That was a big chunk of our Gross National Product.

On July, 6, 1861, the Spanish admiral Rubelcava arrived in the Haitian Capital, Port-Au-Prince with a fleet of warships and demanded an indemnity of 20.000 Haitian currencies.

Two German businessmen demanded to the Haitian government 15.000 dollars for material damages. On June 11, 1872, two German warships arrived in Port-Au-Prince and the German Captain Batch demanded reparation of 3000 sterling.
Luders, another German national, was sentenced on October 14, 1897, for a year for having assaulted a police officer. In retaliation, on December 6, 1897, two German warships arrived in Port-Au-Prince and demanded 20.000 dollars for compensation and the right for Luders to continue living in Haiti.

Maunder, a British subject, leased La Tortue, a small Haitian island, for a mahogany concession. After a conflict with local authorities, Maunders was forced to leave. Then, in 1875, a British warship was sent to La Tortue to take possession of the island.

Even the United States whose constitution proclaims freedom, liberty and the pursuit of happiness, for 58 years did not recognize Haiti’ independence. (David Nicholls). After a period of political upheavals created by many foreign elements, the US invaded Haiti in 1915. Yes, under the American occupation, with Haiti own money, the Americans built many roads, bridges, and a few schools in the cities. However, life of the masses did not get better. Not much progress was done in the educational and agricultural systems. An no primary and secondary schools were built in rural areas. They Americans clearly overlook the country side and rural areas. For a country that values education so much, our peasants were left illiterates.
They finally left the country in the hands of an army that they have trained and a corrupt elite with no attachment to the nation: an elite that was, for the most part, composed of foreign nationals or Haitian born with a lot of foreign sensibilities. With such un-nationalist mentality, all those subsequent immigrants, whether German or Arabs, for the most part, processed Haiti as land to get rich at the masses expenses without taking into consideration the nation as a whole. The notion of civism and sense of community are not part of their conscientiousness. With their foreign passports and almost all their money in foreign banks, they simply see themselves “ in transit”.

By Paul Sanon and Lesly Petigny

To maintain the status quo, they never aim at mass education, and at reinforcing the agricultural system. They plot with foreign elements to kill Haitian flora and fauna in order to be enriched by imported goods such as rice, meat, etc.

Foreign interferences in Haitian affairs, unequivocally, has harmed the development of Haiti. Throughout its history, many foreign nations and foreign immigrants have acted as real warders by imposing their will on weak Haitian leaders. They protected and militarily support Haitian dictators when it “seems fit” at the expense of the majority. They gave blessings to “de facto” government in order to consolidate their privileges.

In sum, one can not talk about Haiti’s misfortunes without alluding to foreign interferences and aggressions. Truly, this was not written in a spirit of division, and hatred but rather to use history as a guide for optimal solution in this dire situation. A nation‘s historical memory can not solely be understood from foreign perspectives and interpretations. Haitian historical memory has to reflect also its people’s perspectives and hope.

Antoine, J.-R. (1984). Format 60, TNH: Entretien Télévisé avec Dr. Grégoire Dienguele Matsoua. Port-au-Prince: Television Nationale d’Haiti (TNH).
 
Aristide, J.-B. et Wargny C. (1992). Tout Moun Se Moun/Tout Homme est un Homme. Paris VIe: Les Editions du Seuil.
 
Denis, L-R. (1993). Haïti: Une colonie française 1625-1802. Paris: Editions L’Harmattan.
 
Desinor, C.-A. (1989). Il Etait une Fois: Duvalier, Bosch and Kennedy 1963. Port-au-Prince: Collection Dossiers Contemporains.
 
Dorsainvil, J.-C. (1924). Histoire d’Haiti: Cours Supérieur. Port-au-Prince: Editions Henri Deschamps.
 
Francisque, E. (1968). Perspectives de Développement Economique en Haiti. Port-au-Prince: Imprimerie Henri Deschamps.
 
Glissant, E. (1993). Tout-monde. Paris: Editions Gallimard.
 
James, C.L.R. Les Jacobins Noirs: Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue. Paris: Editions Caribéennes.
 
Karenga, M. (1993). Introduction to Black Studies. California: The University of Sankore Press.
 
Lemoine, Maurice (1981). Sucre Amer: Esclaves Aujourd’hui dans les Caraïbes. Paris: Nouvelle Societe des Editions Encre.
 
Lewis, G.K. (1968). The Growth of the Modern West Indies. New York: Monthly Review Press.
 
Madiou, T. (1989). Histoire d’Haïti 1492-1848. Port-au-Prince: Editions Henri Deschamps.
 
Metraux, A. (1958). Le Vodou Haitien. Paris: Editions Gallimard.
 
Moral, P. (1978). Le Paysan Haïtien: Etude sur la Vie Rurale en Haiti. Port-au-Prince: Les Editions Fardin.
 
Nicholls, D. (1988). From Dessalines to Duvalier: Race, Colour and National Independence in Haiti. London: Macmillan.

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