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Séisme à Haïti - 12 janvier 2010
Trois ans après - 12 janvier 2013

Roberto Stephenson

Port-au-Prince, Tremblement, Courtesy Museo delle Culture di Lugano:
042. Roberto Stephenson, 2010.01.25 13:26:01.

Hello

Jean JEAN-ROOSEVELT

Le 12 Janvier 2010 à 16h53 un tremblement de terre d'une magnitude de 7,0 à 7,3 touche Haïti.

Bilan environ 250'000 morts et 1,5 million de sans-abri. Aujourd'hui certain vive encore sous les tentes.Cette catastrophe a touché tous les Haïtiens de la terre.

Comme beaucoup d'autres artistes Haïtiens Jean JEAN-ROOSEVELT a décidé de mettre en musique sa peine, sa douleur dans une chanson HELLO, qu'il écrit 2 jours après le séisme, que vous trouverez sur son dernier Album (Ya danger).

Cliquer sur la flèche en bas pour l'écouter.

anis

Trois ans depuis que la terre a tremblé sous nos pieds

Thélyson Orélien
Parole en Archipel

Le deuil qui nous unit au delà des divisions

Frantz Zéphirin. Le deuil qui nous unit au delà des divisions. Janvier 2010. Format 76 x 102 cm. Espaceloas.

Parler d’une catastrophe aussi dramatique et bouleversante que celle qui frappe le peuple haïtien, parler des morts, des blessés et des disparus, de toute cette misère n’est pas une affaire de style ni un concours pour décrocher la palme d’or du commentaire le plus émouvant. D’autant que ces déluges verbaux ne débouchent sur rien ne riment à rien sinon à satisfaire leurs auteurs. Écrire: Nous sommes tous des Haïtiens, après avoir écrit il y a cinq ans, au lendemain du tsunami: Nous sommes tous des Taïwanais ou des Sri-Lankais est un mensonge.- Alain Genestar

La terre a tremblé, il faisait quatre heures cinquante-trois minutes dans l’après-midi et il a fallu au moins une vingtaine de secondes pour que tout soit basculé, et pour voir des gens mourir écrasés autour de nous par des bribes de bétons. Des plaies ouvertes en liquéfaction, des taches sanglantes, des rues de gravats, des ponts de bâtiments tordus, et le palais présidentiel fragmenté.

D’abord j’avais entendu des grondements, puis des effondrements. J’étais à l’intérieur de la seule maison restée encore débout dans un coin de l’Avenue Poupelard; au bas de Saint-Antoine de Padoue, dans la destruction de Port-au-Prince. Une ville que j’ai appris à aimer. Une ville autrefois si belle à mes yeux, qui se tenait fièrement débout et magnifique. Ce fut pour la première fois que j’ai entendu la terre crier sous mes pas, tel un coup de tonnerre venant de son ventre qui secoua violemment tout, et même les plantes. Trois ans après depuis que nous n’arrêtons pas  de trembler au profil de notre existence.

Haïti n’est pas un pays pauvre, c’est plutôt le pays le plus appauvri de l’hémisphère Nord. Au lendemain du douze janvier l’éditorialiste de Radio France Internationale (RFI) Alain Genestar* qui connaît un peu l’histoire d’Haïti a cité dans un éditorial intitulé Nous ne sommes pas tous des haïtiens*: «Dans quelques semaines ou mieux dans deux ou trois mois nous serons passés à autre chose… Il y aura même des prétendus experts en cause humanitaire, qui nous expliqueront à coup sûr, que finalement on en a beaucoup trop fait pour Haïti, qu’il y a trop d’argent et que de toute façon la corruption est telle, que les fonds sont détournés… comme si nous les riches nous étions des petits saints, comme si nous les riches nous n’avons pas exploité et sucé jusqu’à la moelle leur ressource et asservir tout au long de l’histoire leurs pères et leurs enfants.» Il faut dire que le séisme n’a pas été la seule pire catastrophe qu’a connu Haïti. Le poids de terribles drames le tiraille encore les épaules.

Trois grandes années d’apparences trompeuses et de faux semblant dans un ciel bouillonnant déchiré de nuages. La conjoncture haïtienne s’embrouille quotidiennement de la connivence des uns et de l’incompétence des autres. Les interminables troubles politiques entremêlés de tensions sociales  ne cessent d’occasionner des répercussions économiques critiques et très graves sur le pays. La misère bat son plein, déposant plus particulièrement la masse dans un état d’infortune lamentable, chaotique et révoltant.

Le sinistre tableau de la société haïtienne, Hector Hyppolite  et Jean René Gérôme l’auraient peint avec des larmes. Pas un acte concret n’a été posé pour régulariser la triste réalité, sinon que des palabres à n’en peut plus finir. Il y a lieu de s’inquiéter et de se poser continuellement des questions quant aux meilleures d’Haïti : Des suites d’interrogations qui concernent tous les haïtiens et les haïtiennes.

Depuis janvier 2010 les fissures sont loin d’être réparées. La terreur et les secousses sont encore là. Mais Haiti, comme toujours, reste optimiste envers et contre tous. Parce que nager dans le pessimisme c’est choisir tout simplement de ne pas apporter sa pierre participative en adoptant une attitude de spectateur passif face à une situation très compliquée.

Trois ans dans l’impossible, et malgré tout nous sommes tenus. Mais il y a de quoi à être sceptique au sujet de l’avenir, quand le présent est très critique. Un lendemain meilleur suppose d’abord des préparatifs de base. Il faut identifier ce qui nous empêche d’avancer. La devise «l’union fait la force» implique  aussi de savoir avec qui s’unir pour sortir du bourbier une bonne fois pour toute.-

Thélyson Orélien

* Extrait de l’édito du 17 janvier 2010 de RFI, par Alain Genestar

anis

3 ans déjà, devrions-nous crier victoire?

Kelita

Prisonniers

Les prisonniers des décombres. Janvier 2010. Frantz Zéphirin. Espaceloas.

Nous revoilà encore fragiles, faibles mais debout sous un ciel obscur à faire le mémorial de cette date fatidique qui nous rappelle ce triste événement où cet après midi comme un coup de tonnerre, un vacarme assourdissant, tout s’est écroulé autour de nous en quelques secondes seulement. On a pleuré, à verse. Nos larmes ont inondé notre espoir de vivre dans un pays où l’existence de jour en jour se laisse à désirer.

Haïti en ce jour la fut enseveli, enterrée sous des tonnes de décombres. Des cadavres par milliers ramassés puis déversés comme des ordures dans des fosses communes. Une communauté de morts qui sont partis pour la victoire ou pour le désespoir de ces milliers de rescapés qui foulent encore de leurs pas le sol aride par la haine, la persécution, la violence, la vengeance de ce pays?

Des gens qui existaient, respiraient, vivaient malgré vents et marées. Et cela fait 3 ans, ils ne vivent plus, ne respirent plus, n’existent plus. Ils sont partis dans le lointain pour faire le long voyage, ce voyage de non-retour, vers ce pays inconnu que nous les vivants ne connaissions pas encore.

Et quelques jours après cette catastrophe, des centaines de voix se sont élevées pour parler de «reconstruction» de «refondation». Des mots, des slogans qu’on crie sans aucune forme de réflexions aisées et de planification véritable.

Des mois après, toujours dans les mêmes conditions, pires qu’avant; tristes, fragiles, l’esprit abasourdi mais debout dans les urnes, cartes en main, convoqués en nos comices on a été voté pour la démocratie, le changement et la reconstruction de notre pays.

Marée, marasme, complot, fourberie, manœuvre, malgré tout on a choisi « Viktwa pou pèp la » criait-on. Oui victoire pour le peuple qui a eu le dernier mot, qui a eu gain de cause ! Une cause qu’il s’est chargé de confier aux autorités en ses lieux et places de plaider. Car Haïti n’en peut plus, ce peuple en a plus que par-dessus la tête. Il nous faut vivre un autre rêve, une autre réalité, changer radicalement les conditions humiliantes infrahumaines dans lesquelles nous gisons depuis des décennies.

Le chantier de la reconstruction doit s’ouvrir, nos murs écroulés doivent se remettre debout! Malheureusement c’est tout le contraire qui se produit dans les esprits eux-mêmes malbâtis.

Comment dans ces conditions reconstruire, rebâtir ce pays, revigorer cette population en manque, assoiffée, languissante, mendiant son pain en chaque carrefour, le pain quotidien qu’elle ne trouve nulle part, piètre victoire!

La bataille pour le changement, la démocratie, la justice, gagne en flamme les coins des rues de la ville. Des tirs nourris, des rafales, des bandes armées se défilent dans les quartiers, volent, violent tuent les habitants qui fuient cette insécurité grandissante. La paix viendra-t-elle un jour adoucir nos âmes sans cesse bouleversées par la peur? Oui nous avons peur car la victoire est loin d’être assurée et la bataille est plus que jamais engagée pour ce peuple abandonné, pour ces enfants délaissés, pour ces jeunes dépravés.

Pour ces pauvres vieillards à l’Asile communal abandonnés sans pitié, mourant de faim et de soif. Qui viendra enfin restaurer, rebâtir cet endroit de la ville qui hier accueillait nos grands-parents à la retraite, les veufs, les veuves et ceux-là qui n’ont pas d’enfants. Ces gens du 3ème âge qui s’y retrouvaient tout à leur aise.

Qui se chargera de désarmer ces bandes armées qui sèment la panique et le deuil au milieu de la population?

L’odieuse réalité que 12 janvier nous a étalé devant les yeux est devenue plus grande. La masse pataugeant dans la crasse pourra-t-elle crier victoire? Ces jeunes qui se laissent aller à la débauche, la prostitution, le banditisme, la manipulation pourront t-ils crier victoire? Ces familles haïtiennes aux abois, marchant les deux bras derrières comme menottées par les vicissitudes et les péripéties de l’existence pourront-elles crier victoire?

Un pays où l’espoir ne semble nullement se dessiner à l’horizon puisque personne n’en a cure de se mettre au travail pour véritablement faire avancer les choses qui se dégradent de plus en plus. Plus d’un se plaignent, d’autres gémissent.

La population est sur le qui-vive et ce phénomène de kidnapping qui depuis un certain temps s’est ajoutée à la plaie qu’il ravive, et pourtant Haïti doit vivre. Pour nos ancêtres, pour nos jeunes, pour ses filles et fils.

Le pays doit sortir vivant, victorieux de la violence, de la haine, de la misère, de ces fosses communes. Même si la terre tremble, nous ne devons pas trembler! Nous devons garder les deux pieds fermes sur terre, garder fixes nos esprits pour continuer la marche vers la liberté. Les jeunes doivent continuer à se battre pour conquérir la place qui leur revient, qu’ils méritent.

Pour qu’Haïti vive, ses enfants doivent vivre pour que l’avenir soit assuré. Il appartient à eux de tenir le flambeau allumé pour effectivement bâtir, reconstruire ce pays suivant un planning bien établi.

Il nous faut faire obstacle à la médiocrité à outrance. Des têtes bien faites et non pleines d’idées farfelues, de planifications désastreuses qui tuent. La débâcle intellectuelle doit cesser car la tâche à accomplir est plus ardue, plus colossale et nécessite l’implication de tous sans discrimination, sans préjugés.

En ce nouvel an ou le 1er janvier nous avons commémoré la 209ème année de notre indépendance et en cette date immémoriale du 12 janvier désormais inscrit dans le calendrier quotidien de notre histoire, nous avons pour obligation de relever à son plus haut niveau la fierté qu’a su fait montre nos Aïeux qui se sont sacrifiés pour nous léguer cette terre en héritage. Nous devons assurer coûte que coûte le demain de nos enfants.

3 ans déjà, devrions-nous crier victoire? On ne le croit pas car tant de choses avant le 12 janvier étaient à faire et à refaire et nous en sommes au même point.

La victoire pour le changement, la paix, la justice, le progrès, le développement durable, l’assurance du bien-être de tout un chacun reste et demeure aujourd’hui encore un idéal qu’on envisage, un rêve à conquérir.

Tous mes hommages aux victimes du 12 janvier et à ceux et celles qui vivent encore je leur souhaite du courage.

 

Trois ans après...

Personne ne s'en souvient,
trois ans, déja plus rien...
Rien ne s'est passé,
plus rien du passé,
une amnésie totale
de ce jour fatal...
Trois cents milles morts
victimes du sort
sans la moindre alarme...
Dessechées les larmes...

À l'occasion du troisieme anniversaire du tremblement de terre en Haïti...
Guy Cayemite

anis

Entre l'oubli, l'inertie et la honte

Source: Le Nouvelliste
08.01.2013

Des journaliers du CNE coupent des herbes sauvages autour de la grosse pierre où le monument à la mémoire des disparus du séisme du 12 janvier 2011 devait être érigé. Photo Le Nouvelliste.

Ici on ment. Aux vivants comme aux morts. Aux morts encore plus. Et jusqu’ici, de manière éhontée, à ceux fauchés par «goudougoudou». À la mémoire de ces disparus, plus de 200'000, le monument promis il y a un an par le président Michel Joseph Martelly est encore dans les limbes. Sur le site où il devait être érigé, à Titanyen, il n’y a que la grosse pierre. Celle estampillée «Nou pap jan m bliye w», posée sur une estrade, presque au centre d’une fosse commune, en contrebas d’un monticule parsemé d’herbes sauvages ondulant sous les bourrasques.

Sous un soleil de plomb, joyeux drilles, une trentaine de journaliers du CNE s’attèlent à rendre l’espace moins sauvage, mardi 8 janvier 2013, à moins de soixante-douze heures des trois ans de la tragédie. Le bruit des lames de machettes qui s’écrasent sur des cailloux se mêle à celui des conversations. Par moments, on a l’impression que ces travailleurs oublient que des vies brisées en 35 secondes gisent sous leurs pas, six pieds sous terre. Quelques-uns s’en souviennent en revanche. Frantzo Alexandre est du nombre. «J’aurais pu être inhumé ici comme tant d’autres», confie ce jeune homme, barbiche, gueule cassée, machette à la main gauche. Au-delà de sa «joie» d’être vivant, grâce à la providence, Frantzo Alexandre étouffe mal un regret. «Il aurait dû y avoir un monument plus grand ici. Cette pierre est trop petite», explique-t-il. «Petite», mesure-t-il avec insistance.

Ce qualificatif, à un cheveu, colle à la dimension que nos chefs entendent donner à la commémoration des trois ans du séisme. «La commémoration sera le plus simple possible. Le président fera une offrande florale à Titanyen en souvenir des disparus du 12 janvier. Il sera probablement entouré des membres du gouvernement. C’est ce qui est prévu», indique une source gouvernementale. «C’est possible que l’on fasse des modifications», souligne-t-elle.

Profil bas? Possible. Le président a un impayé: le monument non encore construit. Et une promesse sans engagement, sans actions concrètes pour «déconstruire bien des habitudes» afin de «construire autrement», d’habiter le pays autrement. Le chef de l’Etat, un an après, ne pourra pas se vanter d’avoir «travaillé pour que les descendants de ceux qui sont partis en ce jour fatidique ne connaissent pareil sort par la faute des carences des hommes».

Une illustration. A quelques kilomètres de là, vers Bon-Repos, à l’entrée nord de Port-au-Prince, un bidonville s’étire de tout son long: Canaan. Habitant de cette nouvelle agglomération, Listène Fleuriot, 57 ans, au cours des derniers mois, a fait la transition. Avec ses sept enfants, ce tailleur au chômage ne vit plus sous une tente, mais dans une maisonnette en bloc recouverte de tôles. Pour lui, comme pour Poupette Clervil, «c’est une victoire». Mais, comme d’autres, il redoute l’effet de nouveaux séismes. «Ma maison n’est pas trop solide», reconnaît Poupette Clervil, le visage couvert de poussière, assise sur la carcasse d’un réfrigérateur au bord de la route nationale numéro 1, à l’entrée de Canaan 1.

Ici et ailleurs, on n’habite pas nécessairement le pays autrement afin de réduire la vulnérabilité face aux aléas sismiques, comme le souhaite le chef de l’Etat. L’ingénieur Claude Prépetit, la voix qui criait «attention séisme», le déplore. «Collectivement, rien n’a été fait. Mais, individuellement, suivant leurs moyens, des gens ont fait ce qu’il faut», explique-t-il. «Le respect des normes parasismiques n’est toujours pas une obligation fixée, par l’Etat. Aucune loi n’a été imposée à personne», soutient Claude Prepetit, soulignant que la publication des codes de construction et de réparation de maison sont utiles mais pas suffisants. «Il faut un programme soutenu sur 10, sur 15 ans afin de changer les mentalités», insiste-t-il.

Gageure? Oui. L’oubli taraude et les vieilles pratiques ont la vie dure. «Nous ne sommes pas des hommes et des femmes de conviction», déplore le sociologue Hérold Toussaint. Ce déficit de conviction est aussi imputable à l’absence de réflexion, de méditation des politiques qui ne s’accordent «pas le temps de creuser les choses». «Il faut aujourd’hui une articulation entre le dire et le faire», souhaite Toussaint.

En guerre contre l’oubli, favorable à un devoir de mémoire, il croit que «le 12 janvier est le temps de l’évaluation, de l’autocritique». «C’est, poursuit-il, le temps d’un questionnement sur le sens de la dignité humaine ici en Haïti.» «Est-ce qu’on peut se permettre de mourir en Haïti? Est-ce que l’on peut accepter que nos concitoyens meurent dans la honte?», s’interroge Hérold Toussaint face à l’obstination des Haïtiens à habiter le pays comme avant le séisme en remettant tout à la Providence.

Entre-temps, en Haïti, où l’on est très croyant, certains se tourneront vers Dieu ce samedi. Un jour férié. Un jour de blessure. Un jour d’interrogations sur la gestion lamentable après le séisme. Un jour qui démasque les promesses que l’on ne tient pas. Des mensonges pour certains…

Roberson Alphonse

anis

Que ferons-nous le 12 janvier ?

Source: Le Nouvelliste
07.01.2013

Séisme 2010-2013

Titanyen, vue du site. Photo Le Nouvelliste.

J'usqu'au moment de mettre sous presse, les autorités haïtiennes n'avaient toujours pas annoncé le programme de la commémoration devant marquer le 12 janvier 2013. La société civile non plus ne s'est pas encore manifestée.

La date du 12 janvier empreigne sur chaque Haïtien un terrible souvenir à la fois douloureux et mortifère. Par un arrêté en date du 5 janvier 2011, le 12 janvier a été déclarée «Jour national du souvenir et du recueillement» par le gouvernement du président René Préval. L’Etat haïtien se doit, en cette date, de prendre des mesures symboliques afin de rappeler à chacun que cette meurtrissure tachée dans nos âmes est partagée et comprise.

Est-ce parce que le 12 janvier tombe cette année un samedi, est-ce parce que le tremblement de terre de 2010 entre dans sa troisième année, est-ce parce que nous n’avons pas beaucoup avancé dans la reconstruction depuis, qu'un certain silence gêné plane sur les préparatifs en 2013?

L’article 2 de l’arrêté du 5 janvier 2011 précise que, durant cette journée, le drapeau national sera mis en berne devant tous les édifices publics; les boîtes de nuit, discothèques et autres établissements assimilés resteront fermés ; les stations de radiodiffusion et de télévision diffuseront des émissions et de la musique de circonstance ; les différents cultes et religions sont invités à organiser des cérémonies religieuses appropriées.

L’arrêté poursuit à l’article suivant que l’administration publique, les écoles, le commerce et l’industrie chômeront en cette date du 12 janvier.

En 2011, un an après le séisme, la date avait été marquée par des cérémonies et surtout par une ambiance œcuménique qui regroupait les fidèles protestants et catholiques au Champ de Mars. Le chef de l’Etat de l’époque, René Préval, après une célébration religieuse, avait posé la première pierre d'une mémorial qui devrait être érigé sur le site de l’ancien local de la Direction générale des impôts (DGI) à la rue des Casernes. La veille, il y avait eu l’inauguration du Marché en Fer par la Digicel comme un message que la reconstruction du centre-ville est lancée.

En 2012, cette date était marquée par des hommages, des inaugurations telles que celle de l’Université de Limonade, mais aussi par une cérémonie à Titanyen présidée alors par le président Martelly.

Samanda Leroy

anis

Haïti-Séisme-3 ans:
Les camps restent encore les plus effroyables témoins du drame

Stephen Ralph Henry
AlterPresse

 

P-au-P, 11 janvier 2013 [AlterPresse] --- La réalité n’a pas changé pour des milliers de jeunes femmes, de jeunes hommes, de mères et de nourrissons, dans les camps de fortune, établis après le passage du tremblement de terre du 12 janvier 2010, observe l’agence en ligne AlterPresse.

L’organisme de réflexion et d’action pour le logement Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay (Frakka) estime à 400 mille le nombre d’Haïtiennes et d’Haïtiens actuellement dans les camps, sous des tentes et abris de fortune.

Un chiffre, qu’a également évoqué le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), le mardi 18 décembre 2012, lors du lancement d’un plan d’action humanitaire 2013.

«Il n’y a vraiment pas de changement de la situation de vie des gens dans les camps», a affirmé Nigel Fisher, le coordonateur de l’Ocha, en la circonstance.

Trois ans passés entre promesses et désespoir

Christiamène a 39 ans et est mère de 4 enfants, dont une fillette de 7 mois. Cette famille vit dans un camp baptisé ‘’Parc Pelé’’ (Ouest de la capitale, bicentenaire).

Christiamène et la fillette de 7 mois ont frôlé la mort le 10 décembre 2012, au moment où les habitants de ce camp tentaient un mouvement de revendication pour réclamer des logements.

L’opération en question a été conduite par la police, explique Christiamène à AlterPresse, déplorant le fait qu’aucune autorité n’ait visité, depuis avril 2010, ce camp établi sur un terrain appartenant à l’Électricité d’Haïti (Ed’H) entité autonome de l’État.

Ce même jour, une dame, tombée sur une grande casserole d’huile de cuisine bouillante, s’est trouvée brûlée à la poitrine, tandis que d’autres personnes ont été violemment frappées.

«Nous demandons une seule chose à l’administration politique de Michel Martelly: qu’elle nous retire sous les tentes!», déclare Christiamène, qui appelle le président à tenir ses promesses de campagne.

Une requête, partagée par les autres personnes sinistrées.

«Nous avons des terres, des organisations non gouvernementales (Ong) qui sont prêtes à nous aider à cette tâche. Nous avons des fonds disponibles et la volonté de reloger ces personnes», affirmait Michel Martelly, au moment où il n’était encore qu’un candidat.

Il estimait alors à 200 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 43.00 gourdes; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) le relogement de ces personnes déplacées après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Les quelques programmes de relogement, organisés par l’actuelle administration politique, tels le 16 /6 (devant permettre à des gens de 16 camps de retourner dans leurs quartiers respectifs au nombre de six) et les expulsions forcées (en exemple la place Jérémie, périphérie sud-est de la capitale, dans la nuit du 20 au 21 décembre 2011), n’ont permis visiblement qu’à débarrasser les places publiques.

Pour le secrétariat exécutif de la plateforme des organisations de défense des droits humains (Pohdh), ces démarches de relogement du gouvernement ne sont qu’une «éviction forcée en douceur».

La non implication directe des personnes déplacées et des organismes nationaux, ayant une expertise dans le relogement, sont parmi les critiques de la Pohdh.

Autre problème aujourd’hui, c’est que l’administration publique n’est pas à même de dire où sont les familles sinistrées déguerpies.

La Pohdh voit, en cette méthode gouvernementale de relogement, un détour pour éviter de poser le problème du droit au logement en Haïti.

Chaque famille sinistrée n’a reçu que 20,000.00 gourdes (environ 470 dollars américains) pour laisser les lieux.

Les gouvernants n’ont fait que gérer «les zones qui gênent leurs yeux». C’est juste «une gestion de la façade», estime Guerline Joseph, membre de l’équipe administrative de Frakka.

Un espoir troublé …

Betty, une jeune déplacée de 25 ans, habitant également le Camp ‘’Parc Pelé’’ au bicentenaire, est incertaine.

La dureté du vécu quotidien semble éteindre, à ses yeux, la flamme de l’espoir.

«Les balles, les gaz lacrymogènes, le feu (dans les tentes) sont notre seul espoir», dit-elle, avec un humour sombre.

«Martelly claironnait avoir une réponse efficace pour le peuple, notamment pour les personnes sinistrées et les paysans. Mais, c’est faux. Aujourd’hui, nous sommes notre propre gardien», continue de déplorer cette jeune femme.

Les personnes déplacées fustigent aussi l’utilisation, que font certains particuliers, de leur situation.

Ces particuliers vont demander de l’aide en leur nom, laquelle n’atterrit jamais, dénoncent ces personnes déplacées.

«Les personnes déplacées doivent se mobiliser pour réclamer des logements sociaux décents», conseille Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Pohdh, les appelant à devenir les artisans de leur espoir.

Pour une autre façon de faire

Résoudre le problème des personnes déplacées dans les abris de fortune implique une prise en compte générale du problème de logement en Haïti, soutiennent Frakka et Pohdh.

Ces deux organismes préconisent une solution similaire, articulée autour de l’identification de terrains vides (en dehors de Port-au-Prince), capables de recevoir la construction de quartiers modernes, l’établissement et l’application d’un cadre général ou plan d’action stratégique de construction de logements sociaux, lequel serait établi avec la participation des citoyennes et citoyens.

Les actuels logements sociaux, aménagés ou inaugurés sous l’actuelle administration politique de Martelly, sont décriés.

Quelques-unes des maisons construites à Zoranje (dans la commune de Croix-des-Bouquets, au nord-est de la capitale) et inaugurées le 15 juin 2011 (département de l’Ouest), servent de latrines à des riverains, tandis que les constructions de Morne-à-Cabris sont considérées comme de petites cages ou des tombes. [srh kft rc apr 11/10/2013 1:40]

anis

Hommage à Pierre Vernet,
pionnier de la franco-créolophonie haïtienne

Robert Berrouët-Oriol

Extrait

... Avec la disparition de Pierre Vernet, sous les décombres de la Faculté de linguistique de l'Université d'État d'Haïti, c'est une inestimable mémoire, un patrimoine linguistique précieux qui disparaît. Certes nous le pleurons, et avec lui des milliers d'étudiants et d'enseignants, des milliers d'élèves ensevelis sous les pierres encore chaudes de la stupeur et du deuil... Mortifère, le paradoxe nous prive de parole: les linguistes, hommes des sciences du langage, sauront-ils nommer la grande blessure du 12 janvier 2010, cette blessure sans préjugés qui enferre et entombe et les corps et l'intelligence? À l'assèchement prochain de nos larmes, le meilleur hommage que l'on rendra à Pierre Vernet consistera, sans doute, à poursuivre et moderniser son oeuvre. Car reconstruire un pays c'est d'abord reconstruire sa parole et ses rêves... Les Québécois d'origine haïtienne y mettront, j'en ai le sentiment, la meilleure part d'eux-mêmes... Pour lire l'article entier cliquer ici.

anis

Reconstruire mieux, comme on peut

John Smith Sanon - Twitter:@smithsanon

Source: Le Nouvelliste
10.01.2013

Beaucoup de maisons ont été détruites par le séisme du 12 janvier 2010 à Morne Lazarre, dans la commune de Pétion-Ville. Boss Matthieu est l'un de ces courageux propriétaires qui reconstruisent leurs maisons avec les moyens du bord.

La maison de Boss Matthieu* sera bientôt habitable à nouveau, trois ans après sa destruction complète lors du séisme de janvier 2010. « Petit à petit, je vais finir par reconstruire ma maison, puisque je n’ai reçu l’aide de personne», indique le quinquagénaire, maçon de son état, tout en mettant la touche finale à l’un des plafonds de sa petite maison de moins de 30 mètres carrés àu Morne Lazarre.

L’odeur du béton toujours dans son coffrage se propage dans les couloirs étroits de la rue Pierre Sully, où plusieurs autres maisons de même facture sont en pleine reconstruction.

Aidé par Lesly, son apprenti, Boss Matthieu fait de son mieux pour que sa nouvelle demeure soit plus solide que la précédente. Il essaie de respecter les consignes fournies à la télévision, bien qu’aucun expert patenté n’aie jusqu’ici évalué son travail. « On y met plus de fer et, à chaque cinq rangées de blocs, on ajoute une poutre, ce qui rend la construction plus solide  », explique-t-il, pour montrer qu’il ne construit pas de la même façon qu’avant le séisme.

Lorsqu’on lui demande s’il a obtenu de la mairie l’autorisation de reconstruire au même endroit, son regard devient fuyant. «Vous voyez que j’ai très peu de moyens… Et, de toute façon, personne ne m’a rien demandé!»

Après le tremblement de terre, Boss Matthieu s’était refugié, avec sa femme et ses quatre enfants, dans un camp d’hébergement, puis dans une habitation provisoire dans le même quartier. Heureusement, il n’y a pas eu de mort dans sa famille, mais l’effondrement de sa maison de trois étages – dont une partie avait été louée – a tué deux personnes et fait plusieurs blessés aux alentours.

Tout autour, plusieurs habitations portent encore les stigmates de ce violent séisme. Boss André*, un autre habitant du quartier qui gagne aussi sa vie dans la maçonnerie, est de son côté très sollicité par les infortunés propriétaires de Morne Lazarre. Lui aussi assure qu’il reconstruit les maisons d’une façon plus sécuritaire, bien qu’on ne puisse pas dire que toutes les règles parasismiques sont respectées.

Boss André dit constater que les propriétaires comprennent mieux l’importance d’une construction de qualité. «Avant, ils avaient tendance à toujours vouloir dépenser le moins possible. Mais maintenant ils savent que même si la construction est plus coûteuse, c’est dans leur intérêt», indique ce professionnel, content d’avoir pu bénéficier d’une formation en construction parasismique dispensée par une ONG.

Les deux ouvriers sont d’accord pour dire qu’il y a encore beaucoup d’autres facteurs à prendre en compte pour construire mieux, notamment en ce qui a trait à la qualité des matériaux et à celle des terrains. «Malheureusement, bien des gens continuent de construire n’importe où et n’importe comment», déplorent-ils en chœur, au milieu du tintamarre ambiant.

*Matthieu et André sont des noms d'emprunt.

anis

La classe moyenne, grande oubliée de la reconstruction

Franz Duval

Source: Le Nouvelliste
11.01.2013

Aristide l'ignorait. Préval idem. Pour Martelly, les ONG et la communauté internationale, elle n'existe pas. Broyée par le tremblement de terre du 12 janvier, la classe moyenne de Port-au-Prince peine à sortir la tête sous les décombres. Au coeur de la crise du logement, ses maisons détruites ne sont prises en compte dans aucun plan de reconstruction de la capitale. A son rythme et avec peu de moyens, elle survit et attend des jours meilleurs.

Depuis le séisme, dans de nombreux quartiers de la région métropolitaine, on ne compte plus les clôtures refaites protégeant des terrains vagues. « Cela nous permet d’être des sinistrés chez nous, dans notre cour et met notre propriété à l’abri des squatteurs. C’est de la résistance digne. Na p viv, san nou pa mande », explique R., architecte dans la quarantaine qui attend des temps plus cléments pour reconstruire à son rythme sa maison totalement détruite le 12 janvier 2010.

«J’ai cru que, pour relancer l’économie, le gouvernement ou le secteur privé allaient finir par aborder le problème; rien ne se passe», déplore-t-il.

Pour G., la situation est plus délicate. Pas de maison, mais un terrain acheté qu'elle venait d'acquérir après des années de labeur, d’économies et de privations. Le séisme a poussé des riverains à en faire un camp d’hébergement. Située dans une impasse dans la banlieue de Pétion-Ville, aucune autorité ne veut lui prêter main-forte dans cette affaire. Il n'y a aucune disposition de loi haïtienne concernant les occupations de terrains pour raisons humanitaires.

«Je ne sais plus à quel saint me vouer. Il me faudrait payer moi-même les occupants pour récupérer mon terrain. Je n’en ai pas les moyens. J’attends. Cela dure. C’est dur de voir ma sueur partir ainsi…», lâche-t-elle crânement.

G. n’est pas la seule dans cette situation. De nombreuses propriétés privées ont servi de camps aux réfugiés après le séisme. Trois ans après, certaines le sont encore. Ni la justice, ni la police, ni les programmes de relogement du gouvernement et de la communauté internationale n’abordent ce problème.

«J’ai essayé de les faire partir. J'ai reçu des appels d'intimidation et on a menacé de me dénoncer pour atteinte aux droits de l’homme», se lamente cette femme dépassée par la situation.

Dans le même cas, un grand homme d’affaires haïtien a expliqué dans la presse étrangère avoir payé lui-même le relogement de tous les sinistrés qui occupaient un de ses terrains.

Pour V. qui venait d'acquérir une maison, détruite trois mois après, lors du séisme, il a encore 12 ans de traites à payer à sa banque pour un terrain couvert de cailloux. Il ne peut plus emprunter parce qu'il n'a plus rien pour garantir l'hypothèque. Seul l'Etat, par la Banque centrale, peut prendre une décision en constituant un fonds de garantie pour les clients dans votre cas, lui a rétorqué son banquier. Depuis, il attend.

L’imbroglio légal

B. est un cadre travaillant dur pour gagner son argent et avait investi avec son frère dans une pharmacie avant le tremblement de terre. Le 12 janvier 2010, tout s’effondre. Depuis, il tente de remonter son entreprise. N’ayant pas de proposition des banques et d'autres institutions haïtiennes de crédit, il s’est mis en quête des projets des ONG qui permettent aux entreprises détruites de se relancer.

«J’ai fait tout le circuit requis pour entrer dans un programme de Habitat for Humanity. Nous étions une trentaine d’entrepreneurs en compétition. Ayant réuni tous les critères de sélection, mon projet a été retenu pour financement. Malchance, la zone de l’ancien Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, qui n’était pas concernée par l’arrêté d’utilité publique pris par le président René Préval (faisant de 200 hectares du Port-au-Prince historique une aire réservée) a été changé par le président Martelly qui libère les 200 hectares du centre-ville, mais réserve pour la construction de bâtiments publics un nouvel espace. Pas de chance, la rue Mgr Guilloux est comprise dans le plan. L’ONG ne peut plus me financer. Je ne sais plus quoi faire. Car elle ne finançait que les reprises, pas la création d’entreprise», explique B.  

A. est aussi pris dans une affaire légale. Dans son cas, la propriété de la famille de sa femme se trouve au Champ de Mars. Florissante petite entreprise et maison familiale, la construction s’est effondrée le 12 janvier. Depuis, l’État l’empêche de reconstruire, arguant que le terrain fait partie du domaine public. Aucune réclamation n’avait été faite pendant des décennies par le ministère concerné qui s’est décidé après le séisme de faire opposition à la reconstruction.

«Nous ne savons pas quoi faire. Dans la zone du Champ de Mars, il y a des droits acquis que l’État remet en question», regrette ce père de famille.

Sortir de l’impasse

Les banques haïtiennes, réputées peu entreprenantes, se rongent les sangs. Beaucoup de dossiers de demande de crédit reçus par elles ne répondent pas aux critères en ce qui concerne les titres de propriété.

«Nous avons de l’argent, nous voulons le donner en crédit, mais les clients ont de mauvais titres de propriété. Dans plus de 70% des cas, nous ne pouvons pas avancer. Pas de titre, pas d’affaires», a confié au Nouvelliste un haut cadre d’une banque haïtienne, leader sur le marché du crédit au logement.

Le tremblement de terre a remis sur le tapis l’imbroglio des titres de propriété dans les quartiers les plus anciens de la capitale où souvent on est propriétaire depuis des années, des siècles même, sans détenir les bons titres. Les droits acquis tenant lieu d’ordre des choses.

«Aujourd’hui, comme ceux qui habitent dans les bidonvilles, beaucoup de membres de la classe moyenne ne sont propriétaires que de fait de leur terrain. Impossible pour eux de faire financer la reconstruction des maisons tant que la société haïtienne n’adressera pas le problème frontalement», analyse R., l’architecte.

En attendant, la classe moyenne s’appauvrit et les bidonvilles grossissent. Impossible de trouver en nombre suffisant des logements et le secteur de la construction stagne. Ironie suprême dans une capitale détruite qui appauvrit sa classe moyenne, l’un des moteurs de la possible relance.

Le chemin des décombres

 

Un million et demi de personnes, peu ou prou, ont habité un camp d’hébergement après le séisme du 12 janvier 2010. Dans cette population, il y avait ceux qui avaient tout perdu et d’autres qui espéraient tout trouver dans les camps. Il y avait aussi dans la foule des hommes et femmes désemparés, victimes eux aussi, mais brusquement propriétaires des décombres de leurs maisons détruites ou des restes de celles fissurées.

Si les propriétaires n'ont fait qu'une courte escale dans les camps, la majorité des sinistrés y ont demeuré avant de recevoir une tente, des services de base, des fois, après des mois d’attente, un petit pécule pour se payer le loyer d’un logement moins salubre que celui habité avant le tremblement de terre. Cela est dû autant au montant du cadeau de sortie des camps - moins de cinq cents dollars - qu’au fait que les maisons abordables sont introuvables. Les propriétaires n'ont pas pu reconstruire.

Paradoxe de la reconstruction depuis trois ans, la capitale haïtienne est ceinturée d’un réseau de bidonvilles, de cités précaires et d’abris de fortune plus denses qu’avant la catastrophe du 12 janvier. Ces agglomérations, dont Canaan, à la sortie nord de Port-au-Prince, est l’archétype, sont moins bien servies parce qu’érigées dans un laps de temps très court et sans le minimum d’organisation des regroupements anciens qui prenaient corps lentement pendant des années.

Pouvait-on éviter ce développement urbain encore plus anarchique qu’avant? Oui, si les responsables acceptaient d’accompagner les implantations des bidonvilles ou s’ils s’attelaient enfin à s’occuper du problème du logement.

La classe moyenne, victime silencieuse

Quel organisme a considéré que le séisme meurtrier du 12 janvier s’est traduit par «plus de 105 000 maisons totalement détruites et plus de 208 000 endommagées», selon le relevé officiel présenté dans le Post-Disaster Needs Assessment (PDNA) préparé par le gouvernement et la communauté internationale en 2010 ? Dans les faits, le bilan des pertes en logement est plus élevé. Une maison en Haïti loge souvent un nombre surprenant de familles…

Ce que les chiffres ne campent pas, c’est la classe moyenne laminée. Ceux qui possédaient une maison et y vivaient. Ceux qui louaient une partie et cohabitaient avec leurs locataires ou faisaient pleinement commerce de logement. Ils ont tout perdu dans le tremblement de terre et n’ont jamais été pris en compte par aucun programme.

Les amis d’Haïti, les  ONG et les autres ont du pays une géographie simple : il y a les riches et les pauvres à leurs yeux. Le classement assimile tout propriétaire à un riche. Nos amis mélangent ceux qui survivent avec un peu d’aisance et ceux qui ont tout dans ce pays.

Dans les plans, s’il y avait des tentes, de l’eau, de la nourriture, des soins de santé, des emplois temporaires, un peu de microcrédit et même des unités de logement pour les pauvres; si à force de frapper aux portes, des projets de relance de l’économie ont atteint les Haïtiens les plus fortunés, il n’y avait rien pour la tranche intermédiaire : les ni riches ni pauvres de la classe moyenne haïtienne.

Qui fait partie de la classe moyenne haïtienne?

La question fait débat. On parle d’ailleurs des classes moyennes. Si le concept n’a plus de connotation politique comme du temps de la révolution de 1946 ou du régime des Duvalier, il n’en demeure pas moins que des hommes et des femmes, sans se sentir appartenir à ce regroupement ou sans s’estimer être liés par un esprit de corps, en font partie.

On y retrouve aussi bien le professionnel qui a réussi, le fonctionnaire, l’enseignant que le retraité de la diaspora revenu au pays vivre de ses rentes, de sa pension et de ses investissements. Certains ont des commerces, des entreprises de service ou sont dans la débrouillardise. C’est aussi un juge, un haut gradé de la PNH, un cadre d’entreprise ou un couple de jeunes diplômés en situation d'emploi depuis quelques années.

Plus que leur salaire, ce sont leurs revenus qui marquent leur appartenance à la classe moyenne. Dans tous les cas, ils sont propriétaires. Leurs maisons sont disséminées dans tous les quartiers de la capitale, certains habitent en province, mais ont adresse à Port-au-Prince et même se lovent dans des bidonvilles comme seule Haïti peut mélanger les résidences.

anis

Autopsie d’un projet torpillé par l’État haïtien

S.O.S. pour la reconstruction de l'école nationale d'infirmières de Port-au-Prince

Par Junia BARREAU

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