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Aux Acteurs Politiques Nationaux Haitiens
Pour une Sortie de la Crise Conjoncturelle
Et Pour des Solutions Durables Aux Problèmes Étatiques/Nationaux Réels

Contribution à la réflexion sur la crise haïtienne
et sur les voies et moyens de son dénouement durable

1er janvier 1804-1er janvier 2011 :
Quelques Considérations et Observations Patriotiques Essentielles

À L’Attention Des Générations Présentes

 Une Contribution Des Professeurs :
Jean Gérard Pierre & Joseph Luc Rémy

Au Peuple Haïtien et Aux Acteurs Politiques Nationaux Haitiens

Pour une Sortie de la Crise Conjoncturelle

Et Pour des Solutions Durables Aux Problèmes Étatiques/Nationaux Réels

Une Contribution Des Professeurs Jean Gérard Pierre et Joseph Luc Rémy

À l’Effort de Réflexion des Acteurs Politiques Haïtiens Conscients et Conséquents

À l’Avant-Scène de cette Pièce Dramatique où se Joue l’Avenir de l’État Coiffant le Pays, la Patrie, cette Terre Haïti Léguée par nos Vaillants Ancêtres: Toussaint, Dessalines, Clervaux, Christophe, Pétion, Capois…

Terre Défendue du Bec et des Ongles à travers plusieurs décennies de luttes diverses (intellectuelles, diplomatiques, économiques, militaires…) où, pour notre Liberté, notre autonomie de responsabilité et notre souveraineté politique et économique, se sont illustrés de nombreux patriotes:

Par la plume ou par l’action diplomatique et politique: Thomas Madiou, B. Ardouin, Louis Joseph Janvier, Edmond Paul, Anténor Firmin, Jacques Nicolas Léger, Hannibal Price,  Emile Saint-Lot, Jacques Stephen Alexis, Jean-Price Mars…

Par la coopération externe, la solidarité régionale et internationale: Dessalines, Christophe, Pétion, Geffrard…

Par la résistance militaire: Dessalines, Christophe, Pétion, Soulouque, Péralte, Batraville… 

Par la mise en place d’infrastructures, le paiement des dettes nationales, le redressement de l’économie nationale

Par l’effort national: Christophe, Salomon, Hyppolite, Théodore, Estimé…

Terre soumise à trois occupations étrangères directes totalisant près de 35 ans rien qu’au temps de la troisième génération de l’indépendance (1915-2011),

Terre que nous Patriotes d’aujourd’hui avons l’obligation de remettre sur les rails par le retour aux termes de référence de notre indépendance et par l’intégration des masses populaires haïtiennes dans la vie politique et socioéconomique du Pays.

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1er janvier 1804-1er janvier 2011 :

Quelques Considérations et Observations Patriotiques Essentielles
À L’Attention Des Générations Présentes

1.Les exigences historiques de l’heure

En admettant une espérance de vie stable de 50 ans de l’Haïtien, quatre générations d’hommes et de femmes se sont succédé en Haïti en 200 ans, depuis l’indépendance. Et en ajoutant la génération des pionniers et des révolutionnaires qui nous ont légué Haïti, cela fait 5 générations; ce qui nous ramène exactement à la tranche de temps historique coïncidant à l’assassinat de  François Mackandal (1758), à la naissance de Toussaint Louverture (1743) et de Jean Jacques Dessalines (1758)… En découpant ces quelque 250 années sur la base de leurs grandes tendances événementielles ou historiques, nous pouvons les présenter en trois grandes périodes ou “générations de l’indépendance”:

  1. La génération de 1743-1860 ou “la première génération de l’indépendance”, forgeuse de rêves grandioses pour le pays, de liberté et d’égalité de tous les hommes, et d’État souverain;
     
  2. La génération de 1860-1915 ou “la deuxième génération de l’indépendance”, celle  créatrice de ressources humaines, de richesses, d’infrastructures et d’activités politiques intenses, celle aussi dont les luttes épiques pour la préservation de l’indépendance nationale face à de nombreuses puissances étrangères hostiles ont échoué en 1915;
     
  3. La génération de 1915-2011 ou “la troisième génération de l’indépendance”, celle des occupations étrangères directes, ouvertes ou mitigées, favorisées par les difficultés de cette génération à se ressaisir et retrouver les idéaux qui ont rendu possible 1804, à savoir “Liberté”, “Égalité”,“Fraternité”, “l’Union fait la Force”.

Cette observation pertinente et importante du professeur Jean Gérard Pierre (ou Asné) mérite toute notre attention, pour plusieurs raisons : tout d’abord, elle nous permet de remarquer que, historiquement, nous ne sommes pas loin des pères fondateurs. Un citoyen haïtien aujourd’hui centenaire, c’est-à-dire né en 1910, peut avoir eu pour père quelqu’un né entre 1865 et 1870 et pour grand-père un haïtien né sous Boyer entre 1825 et 1830. Ensuite, la schématisation en “générations de l’indépendance” nous met clairement en face de ce qui a été fait avant nous, par nos parents et nous-mêmes et tire la sonnette d’alarme sur les dangers réels qui sont en train de ruiner Haïti aujourd’hui. Elle nous invite à nous rappeler nos devoirs et obligations.

Notre première obligation de citoyens et de patriotes, c’est de garder et de cultiver en permanence, dans notre mémoire individuelle et collective, le souvenir et la conscience d’un tel héritage sacré, du legs de 1804. Cet héritage dont les aïeux nous ont confié la garde est tout récent, tout jeune : en fait, à l’évidence, l’indépendance d’Haïti, c’était hier. Ensuite, cette conquête est le résultat de générations de sacrifiées qui se sont donné la main ou se sont succédé dans une véritable course de relais, permanente, pour passer et garder le flambeau vif et allumé. Nous ne pouvons pas nous dérober à notre mission de nous mettre à la hauteur des pères fondateurs et de faire mieux que ceux-là de nos aînés qui ont failli…

Notre deuxième obligation, c’est de nous apprendre et de nous rappeler sans cesse que les grandes questions politiques (affaires de la Cité) de Peuple national, de gestion de patrimoine collectif, d’organisation de la société ou de l’Etat, doivent toujours se poser et se régler, et de manière indissociable, dans une perspective tout à la fois de court terme et de très long terme, c’est-à-dire dans une logique de satisfaction immédiate des aspirations et besoins de la Nation tout en tenant compte des conséquences probables ou certaines de nos conduites et décisions sur les générations futures, sur la longue durée (des milliers d’années !). C’est ce que nos pères fondateurs qualifiaient de “gestion en bon père de famille”. Ceux qui ne peuvent pas poser les problèmes de la Nation en ces termes là sont indignes d’en recevoir la gestion; ce sont des irresponsables et des destructeurs de nation par la destruction préalable de l’Etat national. Il est important de signaler par exemple que les puissances européennes ont mis six siècles pour explorer, découvrir, faire des raids sur, établir des postes avancés dans ses zones côtières, capturer des africains, en emporter continuellement des butins avant de coloniser systématiquement l’Afrique (14ème siècle-19ème siècle); que les Portugais et les Espagnols ont pratiquement eu plus de cent années d’avance sur les autres puissances maritimes européennes dans la conquête de l’Amérique mais que ce retard n’a pas empêché celles-ci de se lancer aussi dans la conquête du Nouveau Monde et de s’octroyer des portions léonines dans le partage des butins.

La troisième obligation qui nous incombe, c’est de monter la garde permanente, individuelle et collective, pour la défense de notre patrimoine national, l’État indépendant et libre reçu des aïeux le 1er janvier 1804. Et pour monter la garde efficace autour d’Haïti et garantir la liberté, l’indépendance pérenne et la prospérité véritable du peuple, il y a sept choses essentielles à nous rappeler d’abord.

La première chose, c’est que les prouesses des Révolutionnaires haïtiens aux 18ème et 19ème siècles ont créé dans l’histoire universelle un malaise revanchard qui ne disparaitra jamais du conscient- parfois même de l’inconscient- collectif des tenants du statu quo ante.

La deuxième chose : c’est que le danger vient généralement du large ou du voisin et est permanent; et nous ferons toujours l’objet de vives convoitises internationales, à cause notre situation géostratégique, de la valeur stratégique légendaire de la baie du Môle Saint Nicolas, par exemple, et aussi à cause de nos ressources précieuses abondantes et variées, dont beaucoup sont signalées déjà, entre autres, dans la géographie de B. Ardouin : or, argent, cuivre, fer, antimoine, marbre, porphyre, albâtre, lignite, jaspe, agate, flint, grès, granite, carrière de talc, argile, fossiles, cristaux, iridium, pétrole, épaves bourrées de trésor et nodules métalliques sous-marines, sans oublier les jarres et les vestiges précieux cachés dans notre sous-sol depuis l’époque indienne et coloniale.

La troisième chose à garder bien vivante à l’esprit, c’est que l’existence de la Nation et de l’État haïtiens est menacée, et très sérieusement; nos 207 ans à eux seuls ne suffisent pas à nous garantir notre indépendance de Peuple libre. D’ailleurs de nombreux Etats-Nations ont disparu ou ont été dépecés sous gestion internationalisée et attaques répétées de leurs voisins ou d’autres États étrangers venus de loin, à cause de querelles stériles et imprudentes de leurs dirigeants et de leurs factions, de l’imprévoyance, de la négligence, du mépris et du manque de soin de ceux-ci pour l’héritage reçu des ancêtres.

La quatrième chose fondamentale, c’est que le Peuple haïtien, spécialement la paysannerie qui en constitue la matrice, est le seul au monde à avoir subi et repoussé, en si peu d’années (1791-2010), autant d’embargos, de boycotts, d’attaques violentes, massives et autant de guerres mondiales, la dernière épreuve étant celle que ce peuple des villes et des campagnes, sans abri, sans formation académique et professionnelle, sans services scolaires, sans emploi, sans assurance, sans soins médicaux, sans terre, sans défense et démuni, est en train de livrer aujourd’hui- pratiquement sans leadership, au milieu de catastrophes naturelles et provoquées et de toutes formes d’exploitation- contre le choléra importé, des élections truquées et des gouvernements arrangés ou à arranger à ses dépens et contre la destruction programmée de son écosystème (faune, flore, ressources minérales et non minérales), etc.

La cinquième chose, c’est que même avec tout l’or de la terre et tout le gratin politique et économique mondial, la Communauté Internationale ne pourra pas garantir la liberté, l’indépendance et la prospérité d’Haïti, sans l’émergence et l’affirmation d’un Leadership national.

La sixième chose, c’est que, dans le contexte des rivalités internationales et des grands intérêts (idéologiques, géopolitiques, stratégiques et économiques) contradictoires qui s’affrontent en Haïti, le Leadership national ne pourra pas s’affirmer ni orienter le pays vers son autonomie de responsabilité et le progrès effectif, s’il n’est solidement connecté, dans son dire et son faire, avec nos masses populaires, paysannes, rurales et urbaines.

La septième chose.- Pour assurer la défense effective de la liberté et de l’indépendance du Peuple national vers le progrès politique, économique et social, il nous faut centrer notre projet autour des deux axes stratégiques originels fondamentaux suivants:

  1. Les termes de référence incontournables de l’indépendance nationale définis par les Pères Fondateurs, spécialement Toussaint Louverture, Jean Jacques Dessalines, Henry Christophe et Alexandre Pétion, thèmes de référence repris dans la plupart de nos constitutions et consignés aujourd’hui dans les huit (7) points du préambule de la constitution du 29 mars 1987 massivement approuvée par voie référendaire par le Peuple haïtien et à laquelle il est viscéralement attaché
     
    a) Pour l’affirmation de son droit de souverain;
     
    b) Pour la libération du pays par rapport à la “république de Port-au-Prince“ et par rapport à la domination étrangère;
     
  2. L’idéal de justice social dessalinien, c’est-à-dire l’intégration étatique et nationale effective et immédiate des masses populaires haïtiennes, fondamentalement des masses paysannes

par la mise en place d’infrastructures et de services locaux et des collectivités locales et territoriales jouissant de leur autonomie administrative et financière et garantissant effectivement la déconcentration sous toutes ses formes;

par l’acceptation par les catégories sociales dominantes,dirigeantes et possédantes du jeu démocratique fondamentale décent consistant à intégrer effectivement les masses haïtiennes dans la vie politique, économique et social du pays en leur ouvrant l’accès direct et intégral à la politique, au travail productif, à l’éducation, à la santé, à la sécurité et à la dignité humaine, par l’application effective de la Constitution de 1987.

Conclusion.- En cette deuxième décennie du 21ème siècle et du troisième millénaire, il nous faut fixer nos regards et notre attention sur les idéaux, la ligne de conduite et les nobles actions des pères fondateurs et nous y référer respectueusement et courageusement pour défendre l’Indépendance nationale, promouvoir le développement socio-économique autocentré et assumer effectivement nos responsabilités d’héritiers et dépositaires du Patrimoine national tout en veillant au respect et à l’application stricte de la constitution de 1987 et des lois de la République. Il s’agit là de la ligne directrice incontournable qui se dresse aujourd’hui à l’attention de tous les acteurs politiques haïtiens qui conservent encore des fibres patriotiques. Cette ligne directrice s’impose à eux tous, en toute priorité : peu importe qu’ils s’apprêtent à accéder au pouvoir à travers les arrangements port-au-princentristes, traditionnels et  improductifs, qui semblent en train de se fabriquer dans les coulisses; peu importe que cela commence plutôt dans une dynamique de révolution pacifique par un Leadership patriote, résolu, compétent et éclairé qui émerge et intervient sur la scène politique pour porter et assumer vis-à-vis du Peuple National souffrant  le dialogue et l’action sincères, non démagogiques, convaincus, convaincants, directs et fructueux indispensables au pays.

Professeurs Jean Gérard Pierre et Joseph Luc Rémy
31 décembre 2010
(A suivre)

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