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Questions ouvertes à propos de la mise au point d'Anthony Phelps

Robert Berrouët-Oriol
Montréal, le 21 juin 2012

EN HAUTE ET DROITE PAROLE, L’HONNEUR SAUF ET LA DIGNITÉ SANS FAILLE D’UN GRAND POÈTE. C’est avec cette mention inaugurale que j’ai choisi, en toute liberté, de contribuer à une ample diffusion de la mise au point d’Anthony Phelps parue sous le titre ‘’NON MERCI !’’ dans Le Nouvelliste de Port-au-Prince le vendredi 15 juin 2012. Et c’est sous le titre ‘’HAÏTI - HOMMAGE: NON, MERCI ! ’’ que cette mise au point a été diffusée par l’agence haïtienne en ligne Alterpresse.org depuis Port-au-Prince le 15 juin 2012. Pour sa part, Radio Kiskeya, à Port-au-Prince, mettait en contexte la mise au point d’Anthony Phelps en titrant son papier: ‘’CONTRE L’AMNÉSIE, LE POÈTE ANTHONY PHELPS REJETTE UNE DÉCORATION PRÉSIDENTIELLE’’.

Malgré sa concision, par-delà la simplicité du phrasé et la nature courante du ‘’véhicule’’ utilisé –un bref courriel--, la mise au point d’Anthony Phelps a eu un immense écho tant en Haïti qu’en diaspora, tant sur des sites et forums haïtiens que dans des publications amies en dehors d’Haïti. Une onde de choc… Une lame de fond… Mais de quel fond s’agit-il? J’assume que le court texte d’Anthony Phelps ouvre à des questions de fond en interpellant le champ littéraire haïtien, ses artisans, ses actants, ses acteurs, ses spectateurs ainsi que, au premier chef, ses lecteurs. La geste du Poète, ainsi, interpelle et questionne le politique, l’éthique, l’esthétique et le Droit; les rapports entre le projet esthétique de l’écrivain et le pouvoir, le droit à la liberté d’expression de l’écrivain; les conditions réelles, aujourd’hui en Haïti, de l’effectivité (ou de l’impossibilité) du droit à la libre expression de l’écrivain; et, de manière plus déictique, le droit à la liberté d’expression et de choix de l’écrivain face au pouvoir politique, y compris celui de refuser un hommage qu’entend lui décerner solennellement l’État ici représenté par le Président de la république.

Écrivain haïtien dans toute l’acception du terme, Anthony Phelps a librement choisi de ne pas accepter l’hommage de son pays d’origine en invoquant son refus de l’impunité qui tient lieu de règle de Droit en Haïti: cette geste fera date dans l’histoire de la littérature haïtienne –une littérature exemplaire et transnationale. À n’en point douter, il y a là matière à réflexion, à échanges, à débats tant entre les écrivains eux-mêmes, en Haïti, qu’avec la société civile et tous ceux qui, diaspora, s’intéressent à notre littérature. C’est pour y contribuer que je propose l’arpentage d’un texte de haute-lisse et fort éclairant:

‘’L'ESTHÉTIQUE DE LA DÉGRADATION DANS LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE’’ par Rafael LUCAS, Université de Bordeaux III. Revue de littérature comparée 2/2002 (n o 302), p. 191-211.

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