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«Mise en Garde»

Serge H. Moïse

Les beaux slogans font encore leur petit effet et permettent aux plus optimistes de conserver espoir en des lendemains meilleurs. Ces derniers réclament des opposants qu’ils accordent une chance au pays «entendez au gouvernement», ils oublient que la finalité d’un parti politique est la prise du pouvoir, conformément aux règles démocratiques préétablies. Ce n’est certes pas souvent le cas en Haïti, d’autant que les conditions objectives pour l’établissement d’un Etat de Droit brillent par leur absence depuis toujours, au point où l’on est en droit de se demander s’il existe vraiment des secteurs politiques ou autres qui souhaitent vraiment l’avènement de la démocratie dans ce coin de pays.

Poser la question risque de foutre en rogne tous les démagogues, bluffeurs et contempteurs de la nation. Ils ont tous été démasqués depuis belle lurette. Ils ne sont plus aussi dangereux que dans le temps, mais leur capacité de nuisance demeure encore relativement élevée.

Ceci étant dit, sinon répété pour la énième fois, Il est temps que la fameuse boutade «plus ça change, plus c’est pareil» cesse de se justifier eu égard aux affaires haïtiennes.

Les documents semblent attester qu’au pays de Dessalines, de Pétion et de Christophe, les compétences ne manquent pas, à l’intérieur comme en diaspora où à chaque coin de rue on a la chance de rencontrer un doctorant détenteur de la vérité tranquille.

Chacun de ces messieurs ou dames charrie dans ses paperasses, un plan qu’il suffirait d’exécuter à la lettre et les yeux fermés pour extirper ce «singulier petit pays» de ses profondeurs abyssales une fois pour toutes.

L’ironie de la chose c’est que chacun de ses plans peut facilement se retrouver sur Google, n’étant qu’un copier-coller de ce qui s’est déjà dit ou fait ailleurs, sans tenir compte de la spécificité de notre problématique à nous.

Imiter oui, singer non!

La refondation du pays ne se fera pas tant que prévaudra ce comportement de «yes men», toujours prêts à débiter ce qui vient d’ailleurs à l’instar de perroquets bien dressés.

Les croyances absurdes – politiques ou religieuses - qui nous maintiennent dans les méandres de la dépendance doivent céder la place à l’esprit d’innovation qui nous fera réaliser enfin que la priorité absolue au pays n’est autre que la «création d’emplois» à travers une économie sociale à l’instar des beaux jours d’antan.

Nous sommes peut être à notre dernier quart de tour. Plus tard risque d’être trop tard. Les querelles, pro ou antigouvernementales, frisent l’infantilisme de la part de plus d’un, tant au sein du gouvernement que dans l’opposition, lesquels, à court d’une vision nationale, ne pensent qu’aux intérêts de leurs clans et de leurs petites personnes.

Les intérêts supérieurs de la nation commandent que toutes les énergies soient bandées afin de répondre adéquatement aux urgences de l’heure.

Nos millions d’affamés aspirent à pouvoir travailler pour subvenir à leurs besoins, ceux de leurs familles et conséquemment participer au développement de la patrie commune.

Ces millions de bras robustes attendent impatiemment: «pelles, pinces et picois» pour se remettre au travail et faire de la paysannerie le fer de lance du développement durable par l’agriculture et l’élevage, le tout greffé d’une agro-industrie mettant en valeur nos produits tropicaux pour lesquels un vaste attend d’être bien desservi.

Au risque d’être taxé d’attardé mental, nous prenons la liberté de questionner l’utilisation outrancière de tracteurs, de pelles mécaniques et de bulldozers qui remplacent malencontreusement les hommes qui ont tant besoin de travailler.

En conclusion,  et c’est en même temps,  une fervente prière adressée à tous et chacun d’entre nous. Un grand mandarin dont le nom nous échappe a laissé entendre que les mains de Dieu sont celles des hommes.

S’il en est ainsi, prenons-nous donc par la main afin d’éviter le pire qui nous guette chaque jour davantage et ensemble, parachevons l’œuvre de nos ancêtres. Ils ont réalisé la libération armée, il nous incombe d’entreprendre la révolution culturelle, économique et sociale. Ce faisant, nous ne démériterons pas de la patrie commune.

Serge H. Moïse av.

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