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Wooly Saint-Louis Jean, le chanteur des poètes

Publié le 2020-02-14 | Le Nouvelliste

André Fouad

Il n’y a pas de mots pour traduire la joie qui m’habitait lors de l’apparition de Wooly Saint-Louis Jean sur la scène musicale haïtienne. Il est chanteur, guitariste, auteur, compositeur et interprète par excellence des textes tirés des auteurs du terroir national et du reste de la planète.

Physiquement, il nous rappelle étrangement le boxeur noir américain Louis Forman ou le grand trompettiste afro-américain de jazz Louis Armstrong connu pour son hit planétaire «Go Down Moses». et son cd «Ambassador Satch», paru en 1956.

Wooly est un professeur de sciences sociales issu de l'École normale supérieure, addicté à la musique, à la littérature, à la poésie. Dès son plus jeune âge, il fréquente les restos-bars de Portail St-Joseph, les clubs culturels, les clubs littéraires de la banlieue de Carrefour. 

Auteur de trois opus, «Quand la poésie se fait chanson», «Etan sinik», «Pwomès» , il épouse parfaitement texte et musique sans fausseté, sans détour, sans maquillage dans les deux langues: français et créole. En fait, il éprouve une forte sensibilité pour exprimer les moindres émotions que charrie chaque pièce poétique, malgré les nuances d'ordre esthétique. Citons à titre d'exemples: «Kapris» (André Fouad), «Pwomès» (Lyonel Trouillot), «Fanm nan bèl» (Syto Cavé), «Touris pa pran pòtre m» (Félix Morisseau Leroy), «Bòn Nouvèl» (James Noël) et «Pòtay St-Joseph» qu'il a lui-même composé.

En Floride, j'ai eu le privilège de le côtoyer pour l'enregistrement de notre projet  «Mélodie des mots», titre d'ailleurs qui nous a été proposé par l'éminent parolier et professeur de tennis Jean Winer Pascal vivant à McDonough, Georgia.

Au studio du guitariste Sylvain Hilaire, situé dans le quartier de Davie, Fort Lauderdale, pour les séances d'enregistrement, qui se sont déroulées durant le mois de juillet 2019, j’ai découvert chez lui un artiste passionné, un créateur hors limite, habité par cette envie de se surpasser, de se renouveler en puisant dans les rythmes du terroir (troubadour, konpa, méringue, rabòday, congo...) et étrangers (jazz, blues, bossanova, flamenco..) pour la pleine et entière satisfaction de son auditoire qui voit en lui un disciple de Boulot Valcourt et de Manno Charlemagne, mais qui a sculpté sa propre originalité.

La participation pleine et entière du chanteur des poètes dans un projet discographique est précieuse comme l’or. Autant pour les musiciens que pour les poètes quand on sait que ces princes des nuées qui ont pour demeure l’encre, pour parodier Castera, sont souvent incompris à l'ère du numérique et des réseaux sociaux.

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 Viré monté