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Quand ''Mabouya'' devient Foo-foo
pour le guitariste Carlos Santana

André Fouad

Publié le 2021-03-30 | Le Nouvelliste

Le konpa reste et demeure une musique festive, joyeuse, entrainante. Il chatouille tous les sens: le ventre et même le bas-ventre. C'est l'une des impressions qui se dégagent en l'auditionnant soit sur cd ou du moins sur une piste de danse.

La pièce hit "Mabouya", signée du légendaire groupe Tabou Combo, fait partie de ce catalogue. Elle est sous le charme des célébrités musicales d'outre-mer, en particulier le guitariste mexicain Carlos Santana, récipiendaire d'une kyrielle de distinctions, de grammys dans son immense carrière, marquée par des collabos fort significatives pour la pleine délectation des fins mélomanes. 

Santana, né au Mexique le 20 juillet 1947, à travers le temps, a su développer sa propre sonorité, sa propre vision avec un penchant pour la musique fusionnelle imbibée de rythmes afro, latin, rock, salsa, jazz, samba.

Dans sa riche discographie, on retrouve quelques titres phares tels que ''Blues for Salvador" (1987), "Havana moon" (1983), "Illuminations" (1974), "Love devotion surrender" (1973).

La chanson ''Mabouya" swingue avec la guitare de Santana

Sur son cd titré "Supernatural", paru le 15 juin 1999 pour lequel il a obtenu plus de 10 grammys et de 3 latin grammy awards, ''Mabouya" se mue en ''Foo foo" avec une autre texture beaucoup plus latine grâce à d'autres arrangements au niveau de la horn section et surtout de la forte présence de la guitare aux accents merveilleux. Selon le magazine américain Rolling Stone, il figure parmi les 100 meilleurs  dans ce domaine aux côtés des Jimmy Page, Joe Satriani, Angus Young, Eddie Van Haleen, West Mongomerry et de Georges Benson.

Portant la signature d'Yvon André, Roger Monfort Eugène, Yves Joseph, Jean Claude Jean et de Herman Nau, et protégée par l'ASCAP/Divine revelation music pour les droits d'auteur et de publishing, la chanson ''Mabouya" de Tabou Combo, interprétée chaleureusement par Shoubou, vrai harangueur de foules, n'est rien d'autre qu'une carte blanche à danser, à secouer la tête et les hanches sans détour quand la conjoncture nous rend dingue, quand la  terre nous renvoie des signaux foncièrement négatifs.

''Mabouya, Mabouya
fanm nan danse k on mabouya..
Mabouya, mabouya,,,".

Ce qui fait la force de cette chanson, c'est pas le côté lyrique, c'est de préférence le groove mêlé de konpa funk disco, l'un des points forts de cette formation qui impressionne tant le public dans les festivals, les concerts, que ce soit aux nuits d'Afrique (Montréal), l'Atrium (Martinique), Zénith (Paris), Henfrasa (Haïti).

Durant la pandémie, j'ai fait l'heureuse acquisition du DVD d'un concert de Santana baptisé "Santana live by request", édité par la grande compagnie américaine de disque Arista/Columbia, sous la direction du producteur et avocat Clive Jay Davis.

Le playlist de Santana réunissait les pièces suivantes: "Dale'', ''Yaleo'', "the game of love" featuring Michelle Branch, l'incontournable "Oye como va" du percussioniste Tito Puente ,"Evil Ways", "Maria Maria" featuring The product G and B , "Foo foo" de Tabou Combo, "Soul Sacrifice", "Europa" et "Adouna" .

Dès l'exécution de cette nouvelle version made in Santana avec la voix d'Antony Mark Lundsay, né à la Jamaïque, mais qui a grandi à Los Angeles, Californie, je n'arrêtais pas de bouger à corps perdu dans ma chambre sous le regard d'une lampe de nuit épuisée par les bruits du temps et des toiles portant les couleurs des vagues de la mer vagabonde, frivole.

À ma manière, je tends à noyer mes peurs bleues face à la folie humaine, au chaos qui habite la planète, en particulier ma terre natale dont le futur se révèle de plus en plus incertain.

De plus en plus impuissant, je n'ai d'autres ancrages que les livres et les chansons. Et "Mabouya" danse encore dans mes nuits d'insomnie, de fatigue, de réflexions et de questionnements.

*

Viré monté