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Florilège de poésies haïtiennes

Publié le 2023-09-01 | Le Nouvelliste

Amis lecteurs, avez-vous déjà lu ces poèmes: «Le soleil est trop seul», «Ma nudité», «Quand la poésie m’emporte»? Ces textes choisis pour la rubrique Besoin de poèmes inspirent. Laissez vous bercer par un florilège de poèmes signés de ces auteurs: André FOUAD, Kerline DEVISE, Jean ARMOCE DUGÉ. Goûtez l’instant en poésie.

Le soleil est trop seul

Il y a
la mer à consoler
les grains de sable à comptabiliser
l’avenir à apprivoiser

Il y a
les sources à recréer
les rivières à ressusciter
les enfants à qui demander pardon
la vérité à leur apprendre
les souffrances à dissiper
les hommes à réconcilier
les richesses à rendre utiles
le bonheur à propager
la paix à construire
l’amour à réhabiliter
la mort à mettre à pied

il y a l’île et la vie à rendre belles.

Jean ARMOCE DUGÉ

Ma nudité

Ma nudité
On me dit qu’on la voit parfois assise
Au pied d’un arbre fredonnant un air étrange
On me dit qu’on la voit parfois assise
Au pied d’un arbre portant une grande fissure
D’où coule un marécage de serpents et de cris
Elle ne reconnaît plus les maisons et les villes

Ne se souvient ni de noms ni d’adresses
Elle coule
Elle s’en va sans retour vers cette porte toujours ouverte
Cette porte qui, elle aussi, ne fait que couler
Elle coule
Elle s’en va sans retour vers ces fleurs cueillies pour toi
Ces fleurs poussées sur ma langue
Ma nudité
Mes yeux
On me dit qu’on les voit éternellement
Sur la route qui mène à ton amour.

Kerline DEVISE

Quand la poésie m’emporte

Quand la poésie m’emporte
le soleil se jette dans les bras de la mer
étend ses draps sur les toits de la ville

Quand la poésie m’emporte
je pense à toi
je pense à toi
je pense à toi mon amour
ce soir
plus fort que jamais

quand la poésie m’emporte
je parle et déparle
parle et déparle

quand la poésie m’emporte
je monte et descends
remonte et redescends

quand la poésie m’emporte
je ne sais plus où me mettre
m’asseoir ou me lever
me lever ou m’asseoir

je ne sais pas
je ne sais plus

Quand la poésie m’emporte
je n’ai plus peur
des monstres du mardi gras
toutes les pluies se lèvent et saluent mon passage

quand la poésie m’emporte
je perds mes boussoles
le nord et le sud se confondent
l’est et l’ouest se rejoignent

quand la poésie m’emporte
toutes les fleurs se font femmes
femme bûcheuses de vie
quand la poésie m’emporte
toutes les fleurs se font belles
belles femmes de mon pays…

André FOUAD

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Viré monté