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Le Jacmélien Alix Olivier fidèle au verbe poétique

André Fouad

Publié le 2020-12-10 | Le Nouvelliste

Alix Olivier est l'une des étoiles les plus scintillantes qui illuminent le paysage littéraire jacmélien, baptisé «Ville créative» par l'Organisation des Nations unies (ONU) pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) en 2014.

Il vient d'être couronné lauréat du prix «Pwezi kreyòl» dans le cadre d'un concours de poèmes organisé par la Faculté de linguistique appliquée (FLA), pour célébrer en grande pompe, le 28 octobre, la Journée internationale de la langue et des cultures créoles.

Je l'ai rencontré au cours de l'année 2017, lors de ma résidence littéraire. J'ai passé plus d'un mois et demi dans cette ville d'artistes, de créateurs que j'ai adoptée fièrement au fil des années. Je suis toujours en transe dès que je foule Jacmel. Il y a toujours cette mer aux couleurs d'un ciel printanier qui me dit bonjour au creux de l'oreille, la silhouette, le chant «Lina» de ce troubadour authentique, Achille Paris (T-Paris) qui m'habite allègrement; la belle et coquette «Hadrianna» du célèbre romancier René Depestre qui fait émerger en moi tant de fantasmes à travers des songes et l'hospitalité, le sens de la créativité, la gentillesse de la population, loin de l'actualité sociopolitique et économique.

De son sobriquet «Rigol», Alix Olivier est né le 14 août 1995 à Jacmel. Il a fait ses études classiques à l'école baptiste mixte de Siloe/École chrétienne évangélique (ECEJ). En 2017, il a entamé des études en sciences de l'éducation.

Olivier a commencé à apprivoiser le domaine de l'écriture dès sa période d'adolescence, en intégrant «Kolektif jèn ekriven jakmelyen», composé de Wood-Jerry Gabriel, de Luckenson Jean entre autres. Jusqu'à aujourd'hui, il se dit influencé par la touche d'une pléiade de poètes, tant en Haïti qu'à l'étranger, en particulier Georges Castera, René Depestre, Jacques Adler Jean-Pierre, Jeudi Inéma, Paul Éluard et Jacques Prévert.

La poésie de Rigol est étroitement liée au vécu, aux faits quotidiens marqués par les blessures, les ratures, les inégalités, le désespoir, le désastre. En témoigne le texte «Lapli», pour lequel il a remporté le prix «Pwezi kreyòl» 2020 de la Faculté de linguistique appliquée.

« Depi lapli chavire l 4 pat atè
nan antenwa vil la
Pòtoprens pa ni Channmas
ni Mayi gate.

Pòtoprens se Bwatchenn
Pòtoprens vale dlo dan l.

Matisan pa gen okèt
Kwadèbosal souf koupe
 nan Lakomin... » (Lapli)

Le poète-diseur Alix Olivier, étudiant en théâtre (acte), s'active à publier son premier florilège de poésie aux senteurs créoles, portant le titre fort significatif «Lakilbit».

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Viré monté