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La chanteuse Carole Demesmin honorée à Miami

André Fouad

Publié le 2022-25-01 | Le Nouvelliste

La chanteuse Carole Demesmin, habillée en la circonstance par le fashion designer David André, a été honorée, le samedi 15 janvier 2022, à Julien Littherman performing Art theater (Miami) dans le cadre de la 6e édition du Prestigious Haitian Music Awards initié par le journaliste Kerby Leveille devant un public composé en majorité d'artistes et d'opérateurs culturels.

Qui ne connait pas cette ravissante femme de l'île d'Haïti? Qui ne connait pas non plus cette talentueuse chanteuse originaire de la ville de Léogâne dont la voix résonne à travers les âges; elle a su imprimer au temps sa musique, sa marque, son identité, son mystère, ses revendications, sa parole forte et sublime.

Je l'ai découverte sur la chaine 8 de la Télévision nationale d'Haïti durant les années 80 à l'émission «Vidéo en vrac». C’était l'époque des jupes et des pantalons courts. Elle chantait avec justesse et décrivait la vie fantastique et tumultueuse de l'impératrice de la meringue de chez nous le phénoménal Lumane Casimir à la voix si éclatante, qui a évolué au théâtre de verdure avec l'immortel «jazz des jeunes» de Gérard Dupervil.

Voilà pourquoi le refrain si satirique me revient à l'esprit:

«Papa gede bèl gason
Lè l abiye tou de nwa li sanble yon depite
lè l abiye tou de blan
li sanble yon senatè
wow papa gede adje gede Nibo...».

Jusqu’à présent, j'ai en mémoire de poète-citoyen aux pieds poudrés qui déambulent de saisons en saisons sur les grands trottoirs du monde ces chansons coups de cœur au parfum sociopolitique et philosophique vêtues de leur manteau poétique, portant les empreintes de l'excellent conteur et parolier Jean Claude Martineau. Citons entre autres « Lawouze », « Men rara » (arrangé par Michel Cohen), «Mawoule», «Caravelle», «Sou chimen pèdi tan».

«Ba mwen ti dlo m ap ba w lonbray
ba mwen lafòs m ap ba w kouray...»

(Ti sous).

Ces vraies pièces nous interpellent, nous accrochent en ces temps si difficiles où la plupart de nos compatriotes ont perdu leur boussole, leur identité, leur fierté, leurs points de repères face aux autres nations. En ce sens, il serait fort intéressant que ces chefs-d’œuvre soient insérés dans les cours de littérature, de civisme pour que la jeunesse d'aujourd'hui sache ce que c'est exactement Haïti à travers le prisme des saisons, malgré nos déboires, nos déconvenues.

Dans son ouvrage de référence titré «Grandes Dames de la musique haïtienne», le critique musical Ralph Boncy a écrit ceci: «Impossible  d'aborder le personnage de cette célèbre léogânaise uniquement comme une grande chanteuse populaire. Carole est beaucoup plus que cela, une activiste culturelle, une prêtresse vodou, une guérisseuse mystique, une sage-femme, une humaniste, un porte-flambeau de la culture haïtienne, une ambassadrice, une conférencière… Tous ces chapeaux lui vont ou presque pas....»

Fille du célèbre violoniste Mozart Demesmin, elle a fait ses études secondaires au Boston High School puis à Massachussetts, passionnée des arts plastiques et de la musique. Grâce aux conseils salutaires du pianiste Gerdes Fleurant, elle est admise au collège de musique Berklee en l'année 1977.

Dans son riche catalogue figurent les cd tels que «Mawoule», «Men rara», «Bèl Kongo» qui sont écrits en lettres d'or dans les annales de la chanson haïtienne durant ces trente dernières années.

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Viré monté