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Pour dire non à la bêtise

Publié le 2020-02-18 | Le Nouvelliste

André Fouad

Je rumine le temps, un temps où il faisait bon de vivre à chaque coin de rue de ma ville, à chaque cri des oiseaux de nos villages, à chaque cri du coq annoncant gaiement le lever du soleil à l'horizon.

Je rumine le temps, un temps où nos artistes musiciens se souciaient de la qualité dans leurs productions tant sur vinyls que sur scène.  Ils faisaient flotter haut et fort notre bicolore à l'étranger, malgré l'absence des écoles de musique, de conservatoire, d'archives et même de mécènes.

Que nous est-il arrivé aujourd'hui qui nous a conduit à cette débâcle, à ce vide, à cette ère de la médiocrité?  Faudrait-il interroger nos sociologues, nos anthropologues à ce sujet?

Je rumine le temps, un temps auréolé d'orchestres de grand calibre tels que Issah El Saieh, Jazz des Jeunes, les mini-jazz des années 70, les Ambassadeurs, le Tabou Combo. Les chanteurs, les crooners, les instrumentistes venus d'une autre planète, chacun d’eux épousait son propre style, son propre credo et ceci pour le bonheur des fans, pour le rayonnement du paysage musical haïtien.

On pourrait énumérer une kyrielle de chanteurs encore en vie ou disparus, citons en l'occurence Ansy Dérose, Guy Durosier, Martha Jean-Claude, Marc Yves Volcy, Cubano, Herby Widmaier, Esmerantes Despradines Morse, Boulo Valcourt, Dodof Legros.

À les écouter, leurs oeuvres gardent toute leur fraîcheur, leur actualité, leur essence par rapport aux propositions esthétiques formulées par la nouvelle génération durant ces vingt dernières années, mises à part quelques exceptions.

De nos jours, la musique haïtienne, la tendance konpa en particulier se résume au texte-slogan vide de sens et aux chanteurs -chanteuses fabriqués par des pseudo-producteurs.

N'est-il pas venu le temps de se ressaisir?  Franchement, il y a ce temps de rêverie, de grande beauté qui me manque énormément….

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 Viré monté