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Arguens Jean Mary, 2e lauréat au concours
de chansons sans frontières en France

André Fouad

Publié le 2021-04-13 | Le Nouvelliste

S'il y a un domaine dans lequel brille Haïti durant ces vingt dernières années, il s'agit bien de la littérature, avec des auteurs soit confirmés ou en herbe.

C'est avec le texte titré «Pour prendre de l'air» que le poète Arguens Jean Mary, originaire de la ville de Jacmel, à l'instar de René Depestre, de Jean Métellus, a remporté le 2e prix dans le cadre du concours de chansons sans frontières qui s'est déroulé dans la région de Normandie, en France, parmi plus de 1'164 participants en provenance de la Belgique, de la Martinique, de la Guadeloupe, de la République du Congo, de la Tunisie, de la Suisse et du Portugal.

Ce texte, selon l'auteur également professeur de français, décrit l'histoire d'une personne qui décide de tout abandonner (travail, pays, amis, famille, école...) afin de suivre ses aspirations, ses rêves d'arc-en -ciel.

Il s'est surtout penché sur le cas des jeunes cadres obligés de quitter la terre natale à la recherche d'une vie meilleure, radieuse sous d'autres cieux, que ce soit en Amérique du Nord ou en Amérique latine.

Le contenu nous fait penser à la pièce «Istwa dwòl» du chanteur-guitariste Bélo, de son vrai nom Charles Murat Bélony, qui a gagné le prix R.F.I découvertes en l'année 2006.

Dans un style imprégné d'images percutantes, le poète-slameur Arguens Jean Mary met à nu cette pénible réalité.

«Il fallait que ce jour vienne
car aucun soleil n'appartient plus à nos yeux
tant de villes ont habité nos corps
au bar d'en face, mon pays n'est jamais heureux
je laisse une lettre dans nos tiroirs
la lune l'ouvrira avant ce soir
moi, je pars au loin, au large...»

ou

«Respirer les épices du sourire
avaler la peur d'un soupir
me baigner dans le fleuve bleu du ciel
pour changer d'air
décoller des soleils pour la nuit
vivre au coeur de la pluie
ma feuille de route danse ce goût pour le vert
pour changer d'air
c'est ici que tout ruisselle
une rivière pose sa main sur mes ailes
la chute écarte quelques branches
que je casse avant de m'envoler...»

Influencé par de grosses pointures du paysage littéraire, telles que Charles Beaudelaire, Roussan Camille, Georges Castera, Arguens estime que le genre poétique lui permet essentiellement de supporter la vie, d'aller vers l'autre grâce à ce pont de beautés que nos mots traversent sur chaque page.

Fort motivé après cette consécration internationale, le poète âgé seulement de vingt-sept ans, qui entreprend des études en sciences de l'éducation, envisage d'écrire un roman qui mettra en exergue ses expériences poétiques antérieures et autres.

*

Viré monté