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L’art poétique d’Amanda Gorman
au service de l'histoire

André Fouad

Publié le 2021-03-09 | Le Nouvelliste

Elle a été l'une des sensations lors de l'investiture du 46e président des U.S.A, M. Joe Biden, et de la vice-président Kamala Harris, le mercredi 20 janvier écoulé, aux côtés des performances remarquables des vocalistes Lady Gaga, Jennifer Lopez et de Garth Brooks.

J'ai eu les larmes aux yeux, en l'écoutant performer son poème titré «The hill we climb» (la colline que nous escaladons). Quant aux frissons, j'en ai eus à profusion: frissons d'artiste-poète, frissons de citoyen du monde issu de la première république noire indépendante du monde qui sait ce que veut dire les mots lutte, résistance, espoir, résilience  et liberté à travers le miroir du temps.

Planté devant mon petit écran, je ne la connaissais pas auparavant; elle était pour moi cette inconnue qui allait inscrire désormais son nom dans les annales de l'entertainment et de la litérature américaine. Elle me rappelle Maya Angelou, Ameri Baraka,Tupac Shakur, Langston Hughes, mettant leurs talents, leurs arts au service de l'histoire des Noirs. Une histoire tachée de blessures, de désidératas, de revendications et surtout de rêves non encore cristallisés.

Le fameux «I have a dream» du Dr Martin Luther King prononcé  à Washington le 28 août 1963 me hante, m'interpelle encore, moi, fils d'esclaves, fils d'immigrants en Amérique.

C'est ce message marqué par le sceau unitaire qu'a voulu faire passer Amanda dans un style direct, incantatoire théâtral. Elle n'a pas peur des mots. Au contraire, elle les utilise très fort, avec fracas pour dire la vérité. La vérité qui, très souvent, n'est jamais devoilée.

«Nous nous élèverons des collines de l'Ouest
aux contours dorés
nous nous élèverons du Nord-Est
balayés par les vents où  nos ancêtres ont fait leur première révolution.
Nous nous élèverons des villes de Lake Rim des Etats du Midwest
nous nous élèverons du Sud baigné par le soleil».

                                               ou

«Quand le jour viendra nous sortirons de l'aube
enflammés et sans peur.
L'aube nouvelle s'épanouit alors que nous le libérons
car il y a toujours de la lumière
si seulement nous sommes assez braves pour l'avoir
si seulement nous sommes assez braves pour l'être».

Comme  elle l'a souligné dans une interview accordée au Time Magazine du 12 au 22 février 2021, «Je me sers de la poésie comme médium afin d'interroger l'histoire pour que je puisse rester debout».

Agée de 22 ans, Amanda Gorman est née à Los Angeles, diplomée en socilogie à Harvard  University. En 2017, elle a remporté le prix de la poésie de la jeunesse et a été en 2021 la première poétesse-diseuse à se produire lors de la 55e édition des Super Bowls à Tampa, Floride.

Par ailleurs, elle se dit influencer par les icônes de la littérarure afro-américaine, en l'occurence Yusef Kommunyakaa, Sonia Sanchez, Frederick Douglass, Philis Whentley et Tracy K.Smith.

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Viré monté