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Lettre ouverte à un poète que j’apprécie:
Georges Castera

Anivince Jean-Baptiste
Source: Haïtinews

Aujourd’hui, une semaine et quelques jours seulement viennent de s’écouler après l’organisation de la première édition du Salon National du Livre qui a eu lieu du 29 avril au 1e mai dernier sous la beauté exceptionnellement exquise de la ville de Jacmel. Je me laisse mener, avec sagesse et docilité  comme l’eau conduite par la rivière, par ce «devoir» d’écrire, ce n’est pas uniquement pour mettre sur papier des mots qui ont pour mission de dire félicitations à des personnalités comme les écrivains Christophe Ph. Charles et Dominique Batraville, Mr  Pierre Robert Auguste, Directeur Général des Presses Nationales d’Haïti (l’institution organisatrice de l’activité).

Ils se sont livrés corps et âme pour la matérialisation de ce grand rêve. Il y avait eu de sérieux problèmes d’organisation, certes, mais ma philosophie et bien de raisons encore me placent dans l’obligation de féliciter, d’encourager au lieu de critiquer…médiocrement.

Si je prends ma plume, aujourd’hui, c’est pour vous dire ou vous rappeler, Vous, hommes et femmes de tout âge, qui lisez ces mots, et surtout vous, cher Georges à qui je tiens, de façon spéciale, à adresser ces phrases porteuses d’éclaircissement… , que la jeunesse haïtienne n’est pas totalement perdue dans l’obscurité de l’ignorance et de la perversion du siècle. Les jeunes, bien que privés de nombres d’acquis sociaux, de possibilités dont jouissaient les générations précédentes (dans une certaine mesure), ne sont pas tous partis, aveuglément, vers l’abïme de l’auto-destruction en se laissant emportés par le vent de l’acculturation, en restant sans rien faire face à la marche lente et douloureuse du pays vers “<l’enfer social> du pire ordre. Oui, contrairement à ce que peut donner à croire une lecture superficielle de la réalité sociale haïtienne actuelle, un nombre incalculable de jeunes, se trouvant partout sur notre 27 750 km2, se débrouillent extraordinairement bien intellectuellement … sans mentor réel. Où est-ce que je veux donc arriver?

Voilà! L’un des principaux auteurs en signature (je signais DESCENTE HORIZONTALE, mon dernier livre paru chez les Editions CHOUCOUNE), chef de file de <Tanbou-Literè>, j’avais un double statut au Salon National du Livre. Cette entreprise  s’étendait sur trois jours principalement au Port touristique de la ville. Vous avez fait une intervention, cher dévancier Castera, dans la matinée du mardi 1e mai qui m’a profondément marquée et estomaquée. Mon étonnement a commencé au moment où un jeune écolier jacmélien vous a demandé de lui donner un conseil parce qu’il veut devenir un grand poète, comme vous l’êtes aujourd’hui. «Sispann li tenten», telle a été votre réponse á la question sagement posée. Lorsque le public (de jeunes á plus de 95%) vous demande: «kisa ki tenten»? vous répondez: «sa n’ap ekri yo». Réponse qui généralise, blesse, étonne, fait rire… Cette généralisation, que je trouve, d’ailleurs imprudente, semble avoir pour intention de confirmer ce discours: <jèn yo dejwe>, discours qui sert de réponse au discours: <granmoùn yo echwe>. Cette généralisation, qui ne peut se faire accompagnée que de l’adjectif débordée, peut être génératrice de découragement pour beaucoup de ces écoliers (assoiffés de conseils) nourissant encore l’idée de venir enrichir le patrimoine littéraire du pays. «Si ce que je produis n’est que «tenten» et c’est un grand de la littérature haïtienne qui l’a dit, pour moi la meilleure chose à faire consiste à abandonner… » telle peut être la réfléxion d’un jeune qui n’est pas trop motivé á l’écriture. Cette généralisation, franchement, peut tuer plusieurs futurs Franckétienne, plusieurs futurs Michel-Ange H, plusieurs futurs Georges Castera, plusieurs futurs Marc Exavier, plusieurs futures Viviane Guauthier, plusieurs futurs Lionel Trouillot, plusiers futurs Manno Ejèn, plusieurs futurs Jan Mapou plusieus futurs Christophelès… qui étaient parmi ces jeunes présents et pour qui vous écouter était un honneur rare.

Rappel: Au mois de mars écoulé, le jeune Claude Sainnécharles a publié, sur internet et dans les colonnes du journal LE MATIN, un article ayant pour titre: Contre l’impertinence trouillotienne et casterienne. D’après l’article, l’auteur de La belle amour humaine, Lionel Trouillot, et vous, auriez déclaré (lors de la dernière édition à Port-au-Prince de «Etonnants Voyageurs») que: si un jeune écrit (de la poésie) et ce n’est pas sous votre supervision, ce jeune là ne peut rien écrire de valable. Une telle parole ne remet pas seulement en question la capacité des jeunes mais également celle de nombre de gens de notre société et même ailleurs qui sont autant ou plus capables que vous dans le domaine.

Cher Georges, les jeunes vous doivent respect. Et ils vous respectent. Mais où est passé le «respect mutuel»?

 En fait, comme Félix Morisseau Leroy, Pauris Jean-Baptiste, le regretté, Pierre Vernet, le Fondateur et théoricien majeur du Mouvement Créole Haitien, Dr Ernt Mirville avec toute l’équipe de la Sosyete Koukouy et autres personnes morales et physiques, je respecte votre contribution à la littérature haïtienne, notammment à la poétique créole.  Je dois vous dire que les jeunes ont franchement  besoin d’aide de leurs dévanciers…Non pas  de façon humiliante. Mais respectueuse…

Anivince Jean-Baptiste
Etudiant en Anthropologie\Sociologie
 à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti
Membre de la Sosyete Koukouy
Chef de file de Tanbou-Literè
Email: anivincejeanbaptiste@yahoo.com   

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