Depuis qu’ils avaient tous rejoint la Vallée aux flamboyants, Igor ne voyait que par cette chèvre aux poils luisants qui lui faisait perdre les cornes sur la tête. Igor était sûrement en balade de l’autre versant de la montagne car l’herbe y était plus fraîche.
«Oui. C’est une bonne idée.» Il avait répondu.
«Et puis nous aussi nous commençons à vieillir. Cette ferme, c'est beaucoup de travail pour nous deux. Et les enfants ne reprendront jamais le flambeau».
«Les gens n’achètent plus nos poulets. Ils préfèrent les poulets surgelés. Quelle tristesse!» ajouta Hector.
Alors que l’heure passait, Hirondelle s'affolait. Toujours aucune trace d’Igor. Il ne fallait surtout pas qu’il s’approche de la maison où Hector l’attendait. Il allait l’attacher à un arbre en aiguisant son couteau.
L’image du couteau brillant traversa l’esprit d’Hirondelle qui se mit à trembler comme une grive sous la pluie, elle qui n’était qu’une simple tourterelle.
Puis, vers 17 heures, des pluies diluviennes s’abattirent sur la région. La rivière en crue emporta tout sur son passage. Igor et sa compagne surpris par le déferlement de la nature restèrent bloqués de l’autre côté de la montagne. Ils trouvèrent refuge dans une grotte en attendant que le temps se calme. C’était un peu étrange pour un mois de décembre.
Il plut toute la nuit et ce n’est que vers midi le lendemain que le soleil se pointa et qu’ils se décidèrent à rentrer.
Les orages, les éclairs, le vent avaient tenu éveillé Hirondelle toute la nuit. Et la peur de voir Igor sacrifié la terrifiait.