Nichée au cœur du quartier Mouffetard, dans l'église Saint Médard, se trouve une crèche qui, loin des fastes baroques, saisit par son dépouillement. C'est une installation à "dimension humaine", non seulement par la taille de ses figures, mais par l'humilité qui s'en dégage. Cette sobriété, adossée aux vieilles pierres de l'édifice, lui confère une beauté brute et une profondeur spirituelle immédiate.
Le bestiaire traditionnel est présent: l'âne et le bœuf encadrent le berceau vide, tandis que les brebis ponctuent le sol de bois. Pourtant, ce n'est pas l'animalier qui arrête le regard. Ce sont les étoffes. Les hommes et les femmes qui peuplent cette bergerie symbolique, figés dans une attente recueillie de l'Enfant-Dieu, sont drapés dans des vêtures singulières. Leurs tuniques et manteaux, aux rayures marquées et aux teintes terreuses, tranchent avec l'imagerie occidentale habituelle.
C'est dans ces tissus que réside, pour moi, le message caché de cette œuvre. Impossible de ne pas y voir un clin d'œil appuyé à la Palestine, terre originelle de cette scène. Plus qu'un choix esthétique, je ressens cette crèche comme un acte de solidarité silencieux, un soutien muet des concepteurs au peuple palestinien. Face à ces figures immobiles, ma pensée rejoint le peuple gazaoui, massacré aujourd'hui dans la plus glaçante indifférence de ces mêmes nations qui, ailleurs, prônent haut et fort les droits de l'homme et la démocratie.