«Pawol Kreyol»

par Véronique LAROSE
 

Alfred ALEXANDRE | Ano (Eddy FIRMIN) | Nicole CAGE-FLORENTINY | Aimé CÉSAIRE | Ina CESAIRE | Patrick CHAMOISEAU | Pierre CLERY | Maryse CONDÉ | Raphaël CONFIANT | Tony DELSHAM | Suzanne DRACIUS | Suzanne DRACIUS 2 | Jules EULALIE | Rodolf ETIENNE | Félicien JERENT | Fabienne KANOR | Elise LEMAI | Alain MABIALA | Tony Mango | Elvire MAUROUARD | Ruth Narbonnais | Daniel-Yves PHAROSE | Gisèle PINEAU | Audrey PULVAR | Juliette SMERALDA | Sylvia SERBIN | Joseph ZOBEL | Adèle et la Pacotilleuse | Cénesthésie et l’urgence d’Etre… | La Compagnie «BOUKOUSOU» de Max DIAKOK | Des travaux collectifs littéraires | La permanence psychologique du CASODOM | La Noce chez les Petits Bourgeois…créoles | Nous étions assis sur le Rivage du monde… | Quand la Révolution, aux Amériques, était nègre… | «l’Alchimie des Rêves» | «Les Voix nègres de Victor Hugo» | Pour une Mémoire musicale antillaise | Le «Quiz-kréyol» de Philippe MARIELLO | Les Postiers déracinés Provinciaux, Antillais… des racines et des lettres» | La Mémoire enchaînée – Questions sur l’Esclavage de Françoise Vergès | Les Editions DESNEL | Deux recueil des Editions DESNEL | Hommage à Aimé Césaire - Symphonies Nègres | L’Oralité créole en envol! | Atelier de créole à Paris

Bibliothèque Schœlcher
Bibliothèque Schœlcher, Fort-de-France, Martinique. Photo F.P.

"Pour ce qui est de ma passion caribéenne, elle relève de mes origines tout d'abord: la Guadeloupe par mon père, et la Réunion par ma mère.

Une double créolité que j'ai vécue, ici, en France. Je n'ai vu la Guadeloupe qu'une fois, voilà bien longtemps, en 1986, à l'âge de 6 ans.

Ce rattachement identitaire, je le vis dans une littérature qui, pour l'instant, est ma fenêtre sur l'Océan. J'ai fait de la littérature caribéenne un guide vers ces îles...

 
Une littérature-flambeau

A l'image de ses enfants, la littérature afro-caraïbéenne offre une diversité colorée. Elle s'inscrit dans le sillage d'une histoire plurielle. Cette histoire appelle une mémoire et une expression particulières.

Une littérature-flambeau qui se proposerait alors de tracer une voie et de porter une voix.

Une littérature de l'Identité Caraïbéenne

En prenant du recul, des noms se détachent du tableau littéraire caraïbéen.

Sans prétention d'érudition, ils s'inscrivent dans une vraie démarche de vulgarisation de la «Pawol Kreyol» : Raphaël CONFIANT, Patrick CHAMOISEAU, Maryse CONDE, Gisèle PINEAU, Tony DELSHAM,… pour ne citer qu'eux. Ces personnalités dessinent l'horizon littéraire créole et fertilisent une mouvance dont nous devons nous faire l'écho. Pour que cette parole ne se perde pas dans le vent de l'oubli. Pour nous rappeler à nous-mêmes : une identité de l'héritage, du métissage. Cette mélopée ne demande qu'à être entendue , foisonnement coloré jaillissant de compositeurs caraïbéens, porte-voix du chant créole.

Une fresque humaine

Surtout, il s'agit d'effacer l'image naïve des clichés caraïbéens, servis comme un Eden terrestre ensoleillé, sans âme et sans saveur… Enfin, déchirer ces «cartes postales» jaunies-froissées du simple Tropical Paradise!

Cette littérature se colore de nuances fortes et délicates, simples et complexes, pour mêler les contradictions de l'homme: un brassage de couleurs dans la densité des personnages, des tons, des mots et des situations. Des vies se dessinent : les mots en précisent les contours pour les rendre palpables, familiers.

Cette farandole créole - danse carnavalesque - revêt les masques humains de destinées touchantes, troublantes, qui laissent des traces. Une danse d'émotions que suit, avide, l'śil du lecteur. Une voix d'émotions qu'écoute, fébrile, son âme. Attentif pour simplement tendre son esprit vers une parole: elle se fait sienne par un processus d'identification, de correspondance identitaire.

Kreyol an nou

Le créole est la substance-pilier de cette parole. Il est versatile, pour fidèlement rendre les «dénivelés» de la vie. Tantôt douce-sucrée, tantôt aigre-amère, cette parole mouvante est vivante.

Le lecteur ne peut alors que ressentir cette parole, car le créole devient «sensitif», pour sensibiliser, heurter et fouiller. Il est ainsi témoin d'un carnaval d'essences et des sens: l'esprit créole d'un peuple «doubout», qui sème ses histoires pour dépasser la fatalité de l'Histoire. Une identité caraïbéenne tissée comme le ressenti riche d'un -tissage de couleurs et de vies. Oubliée la maudition de l'esclavage, du peuple nègre. Au contraire, il en découle une force et une fierté qui forgent l'âme antillaise. Nous portons notre histoire en nous. Cet héritage historique fusionne avec un héritage linguistique. Voici cette combinaison passionnelle dans une littérature qui ne dément pas ses racines, qui n'en rougit1 pas.

Véronique LAROSE

  1. Rougir : Il s'agit de mettre en avant une mission fondamentale de la littérature caribéenne: rendre la dignité de couleur à chaque composante de son alliage, à chaque individu issu de ce métissage. J'inclus aussi dans ce brassage ceux qui, de cœur, se sentent créolophones. Pourquoi accorder forcément UNE couleur aux lecteurs de la Pawol Kreyol? Je crois en une diffusion sans heurts de couleur; pour une Parole reçue et vécue, de droit, par tous.