Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

PETIT LEXIQUE DU CRÉOLE HAÏTIEN
2nd. ed. 2005
par Emmanuel W. Vedrine
(revisé & edité par E. W. Védrine, juin 2005)
© 1995, 2005 Emmanuel W. Védrine
E. W. Védrine Creole Project, Inc.
Boston, Massachusetts (USA)
Revised & edited by Emmanuel W. Védrine, June 2005

First published in 1995
Publisher: Orèsjozèf Publications
Randolph, Massachusetts (USA)
ISBN: 1-88 55 66-11-5

Note: French Creole dialects, French-based Creoles, Haitian Creole,
Haitian Linguistics, Haitian Literature, Historical Linguistics.

  boule

A | B | CH | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | Y | Z

L

LABÈT la-bèt.n. Jeu de cartes, d'origine espagnole. En français: «la bête hombre». Ce jeu a été introduit à Saint-Domingue où il fut le passé-temps des colons.

LABLANCHÈT la-blan.n.f. Mulâtresse ou «grimelle» à peau très blanche.

LABSENT lab-sent.n. Absinthe. Plante aromatique (de la famille des composées, Artemisia absinthium). Stomachique, fébrifuge, carminative, elle est aussi un vermifuge efficace. Lapsent désigne aussi une boisson amère, populaire préparée avec le clairin et les feuilles d'absinthe (lapsent tranpe). var: lapsent, absent.

LADWANN la-dwann.n. (agglutination de l'article «la» et du mot «douane», modifié par la nasalization). Douane. Note: En 1915, sous l'occupation Américaine, les douanes haitiens furent placées sous le contrôle des «Yankees». On se rappelle qu'avant 1915, elles étaient convoitées par les États-Unis, si vrai qu'en novembre 1914, lorsqu'il se fut agi pour les États-Unis de reconnaître le gouvernement de Davilmar Théodore (1914-1915), ils réclamèrent comme condition à cette reconnaissance le contrôle de l'Oncle Sam sur les douanes de la République d'Haïti.

LAGO la-go.n. Jeu de cache-cache. Lago, bijou, lago bijou; lago fini, al bouche (phrases utilisées dans les deux d'enfant).

LAGOJANIS la-go-ja-nis.n. Autrefois, canif. Ce terme viendrait de Lagojanis, commerçant grec, qui débarqua à Port-au-Prince vers 1859. Sa femme, une Haïtienne, née Lorvana Pierrot, s'était approprié une vielle maison en bois, ancienne propriété d'Euzélie Vernier, qui avait été incendiée en 1892. Mme Lagojanis la rebâtit en mur. Elle y installa un salon de couture; et son mari, un magasin où se vendaient les articles les plus hétéroclites. Quelques années après, Lagojanis liquida ses biens et s'en retourna en Grèce. Sa maison, transformée et embellie, devient la propriété des frères Robelin, établis auparavant à la place Geffrard. Son frère décédé, Robelin aîné vendit l'établissement à Deschamps et Co. Le nom de ‘Lagojanis' aurait été donné à une variété de canif qui se vendait dans son magasin.

LAKILBIT la-kil-bit.n. (du français, culbute). Galipette. ‘ Lakilbit' lougawou nan kalfou : Galipette de loup-garou aux carrefours. Fè ‘lakilbit' (exp.).

LAKOUJIN la-kou-jin.n. Cuisine (créole rural). Andreliz ‘lakoujin', l ap kale patat : Andrélise est à la cuisine, elle épluche des patates. var: lakizin.

LAKWANN! la-kwann.exc. Exclamation grossière marquant la colère. syn: lanmèd, alolanmèd, lavoum, alolavoum, alolaba, lapwit, alolapwit.

LALÈP la-lèp.n. Lèpre. Note: la lèpre, à en juger par les affirmations de l'ethnoanthropoligue Hugo Perce, n'avait pas existé en Haïti, au temps des premiers Haïtiens. Elle aurait été introduite à Saint-Domingue par les colons. On la dépista chez quelques esclaves et aussi Durant la gestion haïtienne. En effet, le 29 février 1902, un article fut publié dans «La langue Médicale» au sujet de l'infection lépreuse; et, quelques années plus tard, le 16 septembre 1906, un arêté autorisait la construction d'une léproserie à Volant Le Thor. var. lèp. syn: kokobe.

LALIN la-lin.n. Lune. Menstrues. syn: règ, pye, kwasans, kritik. Le mot lalin s'emploie comme adjective dans le sens de large, pour montrer la manière d'être d'un visage: figi lain (figure large).

LALIY.n. Taxi. par agglutination de «la» et de «ligne». Voiture publique assurant le transport des passagers à l'intérieur d'une ville. Non munis de taximeter, les «liy» ou «laliy», à Port-au-Prince transportent en même temps plusieurs passagers à destination différentes. Il fut un temps où le coût de la course (à l'époque 1 gourde 40 par personne) se doublait à partir de 7 heures su soir. Ce genre de traffic semble n'exister qu'à Port-au-Prince. On remarque toutefois quelques «liy» ou «taksi» au Cap-Haitien. A ce sujet, il n'est pas sans intérêt de rappeler que le mot taxi se rencontre, avec la même signification, dans d'autres langues, notamment l'anglais, l'espagnol, l'allemand, le néerlandais, le grec, le russe (taksi). var: liy. syn: taksi

LALWA la-lwa.n. Aloès (famille des liliacées, Aloe vera). Dans la croyance populaire, il aurait la vertu de protéger les enfants contre l'esprit maléfique en rendant leur sang amer. On fait aussi, dans ce cas, avaler au bébé des gouttes de sang de tortue. La médecine populaire utilisé l'aloès (lalwa) contre le diabète, la congestion cérébrale, la fièvre, les maux de tête, l'eczema aux pieds, etc. Infusées dans le clairin, ses feuilles fournissent un excellent aperitif.

LAMANYANN la-man-yann.n. Boisson alcoolique (bweson ki gen anpil alkòl, tankou wonm, tafya). Jodiya, li anba ‘lamanyann' li : Aujourd'hui, il est sous l'effet de l'alcool.

LANGLICHAT lan-gli-chat.var. langichat. N. Plante (Eupatorium odoratum) don't les feuilles sont indiquées contre la grippe, les maux de gorge.

LANMAN lan-man.n. Plante (Solanum nigrum americanum) dont les feuilles entrent dans l'alimentation.

LANMÈ lan-mè.n. Mer. Sale tankou ‘lanmè' Jakmèl (exp.): être très salé. syn: sale kou ‘lanmè' gode. var: lamè.

LANMYANM! lan-myann. interj. Merde. var: alolanmyann. syn: lakwann !

LAPIPI la-pi-pi.n. Maladie qui affecte les oiseaux et les empêche de boire. Lapipi est une transformation et une agglutination du français «la pépie», emprunté au latin «lituita», pituite.

LAPLAS la-plas.n. (v.v): maître des cérémonies.

LAPÒS la-pòs.n. Bureau postal. Note: Le Service Postal d'Haïti fut créé en 1810 sous le gouvernement d'Alexandre Pétion. En 1881, so Salomon, Haïti faisait partie de l'Union Générale des Postes. En 1925, un accord fut conclut entre le gouvernement haïtien de la «Marine Corps» pour le transfert aérien interurbain de la correspondance. 2. Le mot lapòs sert aussi à désirer les trous dans les chaussures. Pris dans ce sens, lapòs dériverait du vieux franCais «posterie», ancienne forme de «poterne», petite porte.

LARI la-ri.n. Rue. Se dit aussi ri. ‘lari Leta' (voie publique). moun ‘lari' (personne qui aime faire de l'escaladre).

LARIJÒL la-ri-jòl.n. Rougeole. Note. La rougeole frappe périodiquement un grand nombre d'enfants haïtiens. Ce mal, qui peut s'accompagner de broncho-pneumonie ou d'encéphalite, est tellement fréquent en Haïti... A Port-au-Prince, au Centre de Santé su Portail Léogane, le docteur Hénec Titus a enregistré 535 cas de ‘larijòl', de juin 1966 à mai 1967. La médecine empirique utilise l'amidon contre cette maladie et aussi une tisane composée de menthe poivrés, de violettes et de bourrache. var: lawoujòl.

LASISIN la-si-sin.n. S'emploie dans l'expression fè ‘lasisin'. Se dit particulièrement des enfants qui mangent ou boivent très lentement par petites cuillerées. Pour renforcer, fè ‘lasisin' bètin (ou bésin).

LATENG la-teng.n. Transformation et agglutination du mot français «la teigne». Affection de la peau, chez les porcs. Par extention, se dit d'une personne atteinte d'une maladie cutanée.

LATYA la-tja.n. (c.r, Nord d'Haïti). Cul. syn: bounda.

LATRANBLAD la-tran-blad.n. (agglutination de l'article «la» et du terme créole «tranblad»). Maladie qui se manifeste par des tremblements. Remarquez, en passant que le terme «latranblad» s'emploie aussi, par dérision, à propos des communautés pentecôtes ou Assemblées de Dieu, caractérisées par des transports: relijyon ‘latranblad'.

LAVALAS la-va-las n. Forte pluie (de: «avalasse»). On trouve «avalasse» sous la plume de Moreau de St Meery: «Il (un météore) fut suivi d'un coup de vent impétueux d'une avalasse qui dura une grande partie de la nuit». 2. Mouvement politique (Operasyon ‘Lavalas' : mouvman politik Aristid t ap mennen pandan kanpay prezidansyèl il an 1990. Politikman palan, tèm ‘lavalas' la ta refere a «majorite e «espwa». Vòt ‘lavalas', vòt an majorite). gouvènman ‘lavalas': gouvènman popilè, gouvènman pèp. «yon sèl nou fèb, ansanm nou fò, ansanm ansanm nou se ‘lavalas'», fraz Jean-Bertrand Aristide toujou itilize nan fen diskou l. (réf: Dictionary of Haitian Creole Verbs With Phrases And Idioms, 1992).

LAY.n. (agglutination de «l'» et ail). Ail (famille des alliacées; Allium sativum. Il est employé en Haïti contre les maux de dents, le rhumatisme, la surdite d'origine rhumatismale, les ganglions... C'est aussi un excellent vermifuge. Il intervient, en outre, dans les cas de la méningite, inflamation du cortex... causé par un parasite scientifiquement appelé «cryptocoque neoformans».

LAYITE la-yi-te.v. étaler. ‘Layite' machandiz yo sou twotwa a : Etalez les merchandises sur le troittoir.

LELE le-le.n. Plante dont le fruit est une gousse aux grains charnus, couverts d'une poudre jaune.

LÈT.n. Lait. ‘Lèt' pantko soti lan nen l (exp., s'emploie à propos d'un jeune homme inexpérimenté (blanc-bec). Lè Janklod Divalye te moute prezidan Dayiti, ‘lèt' pantko soti lan nen l.

LEYOPA le-yo-pa.n. Membre d'un corps dit «d'élite» (les Léopards»). ‘Leyopa' touye 2 moun: Les léopards ont tué deux personnes. Note: Ce corps, spécialisé dans la lutte anti-guérilla, mais qui se donne aussi pour tâche de réprimer les mouvements de foules, a été créé le 24 mai 1971 par Jean-Claude Duvalier. Deux ans après, il incluait à peu près 700 jeunes gens. Jean-Claude Duvalier qui s'affublait parfois carnavalesquement de l'uniforme des léopards, avait confié la direction de ce corps à Acédius St-Louis. Les léopards ont été entraîné entre autres par des Israéliens, Français et par d'anciens soldats nordaméricains qui avaient pris part à la guerre du Vietnam. var: lewopa.

LÈZ.n. Petit morceau. yon ‘lèz' twèl : un petit morceau de toile.

LÒBÈY lò-bèy.n. Scandale, tapage. Fanm sa a chak jou ap joure moun, li renmen ‘lòbèy' : Cette femme injurie chaque jour les gens, elle aime l'esclandre.

LOFRANÈ. lo-fra-nè.n. (c.r de Marfranc, dépt. de la Grand-Anse). Travailleur qui prête ses services dans un abattoir.

LOKO lo-bo.atr. (de l'espagnol «loco» ou du français «loqué», un peu fou. On dit aussi «pèdi yon fèy, yon fil» en créole).

LORAY lo-raj.n. Tonnerre. klere tankou soud ‘loray' (exp.): très luisant. Tèt li tankou soud ‘loray'. Le ‘soud loray' est un reptile saurien, luisant, redouté pour sa morsure. Selon la croyance populaire, il ne lâche sa victime que si le tonnerre gronde.

LÒSYÈ lò-syè.n. Petite quantité. Ou pran tout manje a, ou pa menm ban m yon ti ‘lòsyè' : Vous avez accaparé toute la nourriture, vous ne m'en avez même pas donné un tout petit peu.

LOTA lo-ta.n. Dertmatose ayant pour agent étiologique un saprophyte de la peau (Malassezia ou Microsporum furfur) et caractérisé par des plaques blanchâtres, brun jaunâtre, squameuses, au cou et au tronc. Pityriasis vercolor. Cette affection se rencontrait déjà à Saint-Domingue. Un journal de la colonie française de Saint-Domingue: «Affiche Américaines» nous parle d'un mulâtre créole dont le visage était marqué par le ‘lota'.

LWIJANBOJE lwi-jan-bo-je n. (de Louis Jean Baugé). Homme autoritaire et contestataire: Msye genlè se yon ‘lwijanboje' : Cet homme semble être un individu autoritaire et contestataire. Louis Jean Beaugé fut un général, né probablement aux environs de Léogâne. Il avait la réputation d'être redoutable. Il fut tué d'un coup d'alène par un petit cordonnier, au cours d'une violente discussion avec celui-ci. syn: atoufè, tapajè.

M

MAB n. Bille. jwèt ‘mab' : jeu de billes. ‘Mab' est synonyme de «kannik». Bika (de biscaïen) désigne une grosse bille, et chelèn, une bille neuve. syn. créole de bika : mèt jwa.Mab' a une autre acceptation dans les hauteurs de Terre Neuve, où il sert à désigner un gobelet pour mesurer le poids.

MABI ma-bi.n. Boisson populaire, sorte de bière locale. Disparue depuis environ 40 ans. On trouve ce mot dans l'expression: tèt ‘mabi' (avoir la tête sens dessous). É quivalent de tèt chaje. Très fermenté, déjà connu des premiers Haïtiens (dit: les Indiens), qui l'appelaient ouycou, le ‘mabi' était composé de pelures de citrons verts, de gingembre, de bois mabi, (Colombrina Reclinata), de liane de savon (Sapindus Saponaria), de feuilles de malaguette, d'anis étoilé, de carnelle, d'eau et de sucre brun. Il avait aussie des propriétés médicinales. En effet, on l'utilisait comme dirétique, cholalogue et emménagogue.

MACHIN ma-chin. n. Automobile. Pou anpil moun, se ‘machin' ki fè moun : Pour maintes gens, c'est l'automobile qui fait l'homme. Note: l'automobile fut introduite en Haïti sous le gouvernement d'Antoine Simon (1908-1911). Premier propriétaire de voiture à Port-au-Prince s'appelait Paul Volcy. Au cours des années suivantes, le nombre de véhicules ne tarda pas à s'accroître dans le pays. En 1954, on en comptait au total 10.287, chiffre, 14 ans plus tard, en 1968, s'éleva à 16.624.

MACHÒKÈT ma-chò-kèt. n. Forgeron (sens pej.).

MADANM PLWAYE ma-danm-plwa-ye n. Ironiquement, vêtements de qualité inférieure que l'on vend ordinairement sous les galleries ou au marché. syn: tannatè.

MAJÒ BOKAL ma-jò-bo-kal. n. (c.r, Jéremie). Dans les «corvées» (« konbit »), membre d'un orchestre, qui frappe sur ‘bokal' (recipient en fer-blanc), à l'aide de baguettes.

MAKÒN ma-kòn n. Assemblage d'objets ou d'animaux de même espèce. ‘Makòn' poul; ‘makò'n mayi; ‘makòn' kabrit. syn: krèy.

MAKOUT ma-kout. n. Membre de l'appareil terroriste d'état: le 15 avil 1957. Eloïs Maître arête Joseph Dask, manm PEP. Apeprè 6 jou apre, yon banm ‘makout' trennen Dask nan Waney, yo koupe yon zòrèy misye; yo pete yon grenn je l. var: tonton makout. Créé par François Duvalier, le Corps des Macoutes fut officiellement appelé: Volontaires de la la Sécurité Nationale (V.S.N). Les macoutes furent investis par Duvalier du droit de vie et de mort sur les citoyens. On rencontrait (et l'on rencontre encore) ces éléments dans l'administration publique, dans les milieux diplomatiques, dans l'armée, dans le commerce, parmi les grands seigneurs féodaux, les repris de justice, etc. Tueurs, tortionnaires, voleurs professionnels (pour la plupart), les macoutes ont éliminé une bonne partie de la population. syn: milisyen, sanmanman, divalyeris. 2. sorte de sac en paille. Pa kwoke ‘makout' ou kote men w pa ka rive (prov.): Fais ce que tu peux.

MALATYONG ma-la-tyong.n. Désignation populaire d'un insecticide. 2. En termes de « bòlèt » (loterie populaire), numéro qui n'offre aucune chance de gagner. Se yon boul ‘malatyong'.

MALDYÒK mal-dyòk.n. (de l'italien: «mal di occhio») Mauvais sort, mauvais oeuil. kolye ‘maldyòk' : amulette. Note: le mot créole ‘maldyòk' date de l'époque coloniale. Les colons de St. Domingue désignaient sous cette appellation des épidémies périodiques de fièvre dans certaines régions de l'île. Les esclaves africains, ne pouvant saisire la signification de ce mot, ne manquèrent pas, en fin de compte, de lui attacher un sens occulte. Dans la croyance populaire haïtienne, le «maldyòk», qui affecte uniquement les enfants, est une maladie sérieuse. Divers traitement sont indiqués. Les guérisseurs recommandent entre autres de baginer l'enfant dans l'urine de sa mère. var: madyòk. bay 'madyòk' (exp.).

MALENG ma-lent.n. Grosse plaie. var: maling. syn: java. Ti bouton fè ‘maleng' (prov.)

MALENGE ma-len-ge.n. Personne qui a une plaie infecte.

MALKADI mal-ka-di.n. (transformation de «mal caducei»). Epilepsie. Autre dénomination créole: maladi tonbe, parce que la personne qui présente le grand mal épileptique perd connaissance et s'effondre. Selon une croyance populaire haïtienne très répandue, mais fausse, on risqué d'atteindre le haut mal si l'on pose le pied sur l'écume ou sur la mousse sanglante qui découle de la bouche du patient.

MALMOUTON ma-mou-ton.n. Oreillons (maladie infectueuse, épidémique et contagieuse d'origine virale caractérisée par une inflammation des glandes parotides et des douleurs dans l'oreille (ref: Dictionnaire Alphabétique & Analogiqe de la langue française). En Haïti, pour guérir ce mal, on appliqué à l'aide d'un bandage, de la laine de mouton contre la partie malade. Traitement empirique: l'huile de palma-christi, étendue sur une feuille de lanvè saten (plante grimpante) est également indiquée dans le traitement des oreillons. Maladie contagieuse et douleureuse, présentant quelquefois de serieuse complications, telle que l'orchite (inflammation du testicule) qui peut, dans certains cas, entraîner la stérilité, le ‘malmouton' fait l'objet en Haïti de plaisanteries et de taquineries innocents: « Mouton bè! Kote ou prale? Bè! ».

MANBA man-ba.n. du lingala «mwanba». Beurre de cacahuète (pistache).

MANDASYON man-da-syon.n. (t.a). (c.r. des environs du Nord-Est d'Haïti). Fiançailles.

MANGOUSA man-gou-sa.n. (c.r). Individu qui s'habille sans goût, sans élégance.

MANJE RANVWA man-je-ran-vwa.n. (v.v). Sacrifice destiné à repousser les assauts d'un mystère cruel.

MANNMANNANM mann-man-nanm.n. Personne nasillarde: zombie 'Mannmannanm'.

MANYÒK man-yòk.n. Manioc. ‘Manyòk' anmè (famille des euphorbiacées, manihot utilissima. ‘Manyòk' dous (manihot cassava). La culture du manioc était très pratiquée en Haïti à l'époque précolombienne. Nos paysans en tirent leur substance. La racine leur fournit une galette très consommé: la cassava don't raffolaient les Aborigènes. Comprenant la place importante du manioc dans l'alimentation populaire, un paysan de Trou du Nord, bricoler de génie, Edon Prophète, a réalisé dans les années 1970 une machine à râper en moins de rien de grandes quantités de manioc et un presse mécanique pour le séchage de la farine. 2. Du tupi du Brésil et du Paraquay, «Mandioca», qui fut transmis à l'espagnol et au portugais). Manioc. Une expression politique très en vogue en Haïti: « rache manyòk » dans le sens de extirper, chaser: rache ‘manyòk' KNG-PRAN an. Depuis février 1986 particulièrement, le mot ‘manyòk' est courant dans le vocabulaire de l'opposition politique. « Rache ‘manyòk' nou, bay tè a blanch » (Parole judicieuse de Mgr. Romélus, à l'adresse du CNG.

MAPOU ma-pou.n. Abre géant, de la famille des bombacées (Ceiba pentandra). Objet d'un culte sacré dans les campagnes haïtiennes. ‘Mapou' zonbi (Adansonia digitata). Ce nom scientifique est dû au botaniste français Michel Adanson (1727-1806), célèbre pour son classement des plantes.

MASSIF ma-sif.atr. Grossier, bourru (bawòk, bosal, bourik).

MASON ma-son.n. Même sens qu'en français: «ouvrir exécutant la partie du gros oeuvre du bâtiment appelé «maçonnerie». En créole, se dit aussi: bòs ‘mason'. Par plaisanterie, celui qui a engrossé une femme. Fanm nan gwòs, kilès ki bòs ‘mason' an? Le mot ‘mason' désigne en outré un membre de la franmaçonnerie. On dit aussi: fran ‘mason'. Particularité à remarquer: le créole emploie le mot ‘mason' pour franmaçonnerie. antre nan ‘mason'»: s'intégrer à la franmaçonnerie. Note: La franmaçonnerie haïtienne remonte au début du 19ème siècle. On parle d'un des maçons les plus actifs de l'époque, l'Haïtien Jacques Ignace Fresnel, Grand Maître de la Grande Loge Provinciale, qui avait été presidée auparavant par un Anglais de naissance, John Goff. Par la suite se constituera le Grand Orient d'Haïti… Il sera créé ensuite par le français C. Stigny, assisté de dévoués maçons haïtien, tells que Roberto Wainright, le Grand Conseil suprême du rite écossais dont l'nauguration aura lieu le 25 janvier 1836 et qui accomplira dans le pays maintes oeuvres d'intérêt social.

Sous Dessalines, donc bien avant ces évenements, les maçons de Port-au-Prince, parmi lesquels Jean-Pierre Boyer (future président d'Haïti), Auguste Nau, Noël Piron, Antoine Gerine, exerçaient leur activités. Ils se réunissaient dans une maison, en face d'un reservoir, clandestinement, par crainte d'être dénoncés à l'Empereur, qui considérait ces reunions secrètes comme dangereuses pour la stabilité de son gouvernement (cf. Jean Le Fureteur, « La Semaine qui finit »).

En 1803, Dessalines fit détruire une loge maçonnique par une campagne de grenadiers, commandés par Bédouet. On prétend que c'est pour se soustraire aux persecutions politiques que la maçonnerie haïtienne a pris, depuis l'habitude d'ouvrir à nos chefs d'état non encore initiés la tien, comprenant trois grade supérieurs: Maître Passe, Royal Arche, Templiers Kacosh (Le Maillet, mai-oût 1983)…

Fondée sur principles de fraternité, la fran-maçonnerie est cependant frappée d'excommunication par le clergé romain, conformément à la constitution promulguée le 28 avril 1738 par le Pape Clément XII.

L'institution maçonnique compte en Haïti un grand nombre de membres. Parmi les Grand Maîtres et Grands Commandeurs, figuraient jadis le general Balthazar Inginac (1834), l'historien Beaubrun Ardouin (1840), le ministre François Elie Dubois (1858), le docteur Antoine Massillon Aubry (1837), le juriste Antoine Rigal (1921).

Aux yeux du milieu haïtien, les «mason» sont investis de grands pouvoirs mystiques. Aussi, dans les cas de maladie dite surnaturelle, il n'est pas rare que le profane recourse aux bons offices de certains mason que leur esprit venal porte à violer les principes du Grand Ordre initique et à exploiter la crédulité publique.

A propos de la culture haïtienne, on peut noter l'intégration de quelques thèmes maçonniques à la religion vodou, apport souligné par Pierre Mabille dans sa preface au livre de Louis Maximilien, Le Vodou Haïtien

MASTÒK mas-tòk.n. Se dit d'un individu grossier. syn: ostrogo.

MAYI ma-yi.n. Maïs (d'après Larousse, mot espagnol; dérivé d'une langue haïtienne). Mais mayi, dans le vodou haïtien, désigne aussi un rythme à subdivision binaire. Venu de l'Afrique Noire, il se rencontre dans la Caraïbe. Par exemple, la meringue dominicaine, d'òu naquit le «compas directe» de Nemours Jean-Baptiste, est né du rythme mayi qu'elle a occidentalisé, transformé en rythme binaire à des fins commerciales.

MAZIMAZA ma-zi-ma-za.n. (v.v). Hougan à double face, qui, tout en accomplissant ses devoirs sacerdotaux, n'hésite pas à employer, moyennant argent, des moyens illicites pour satisfaire la cupidité de ses clients ou leur désir de se venger.

MEN.n. Main. ‘Men' ale, men vini, zanmi dire lontan (prov.): Les mains vont, les mains viennent, l'amitié dure longtemps (Les petits cadeaux entretiennent l'amitié). Rapproché du proverbe créole: Kiyè bwa al kay kiyè fè, kiyè fè al kay kiyè bwa.

MEN TOU.adv. Aussi. Il introduit une explication: Fanm sa a radi anpil ‘men tou' pèsonn pa renmen li : Cette femme est très impertinente, aussi personne ne l'aime.

MERILAN me-ri-lan.n. Domestique, servante. syn: restavèk. Cette catégorie de gens, compose en majeure partie de femme, est encore en bute au mépris de notre société.

MIS.n. Mademoiselle. 2. Infirmière. Lwiz Jòdan, se te premyè direktris lek ‘mis' nan Pòtoprens (1918): Louise Jordan fut la première directrice de l'Ecole des Garde-Malades à Port-au-Prince (1918). syn: enfimyè.

MÒLÒKÒY mò-lò-kòy.n. Se dit d'un individu indolent, molasses.

MOUN.n. Homme en general, du sexe masculin ou feminin: Tout 'moun' se moun («Tous les hommes sont l'homme» (Victor Hugo). Individu. Yo jwenn nan lari kadav yon ‘moun' eskwadwon lanmò touye : On a trouvé dans la rue le cadavre d'un homme que les Escadrons de la mort ont tué. Mots composés: gwo ‘moun' (bourgeois), granmoun (adulte, personne d'un certain âge), vye granmoun (vieux, veille: Nan Pòsali, ge gen yon vye granamoun ki te rele Silva Sital, li mouri a 125 an (1852-1977); ti granmoun (veillard, ou encore, familièrement, enfant précoce); jèn ‘moun' (personne jeune); timoun (enfant, adulte inexpérimenté, naïf); ‘moun vini' (étranger); ‘moun' pa (protecteur), ‘moun' lavil (citadin); ‘moun' mòn (paysan, syn: abitan); ‘moun' wouj (mulâtre), grimaud, blanc); move ‘moun' (sorcier), loup-garou, personne perfide; lòt ‘moun' (l'«au-delà», la «vie future».

Le mot ‘moun', suivi d'un nom de ville, sert à designer les personne nées dans cette localité; Aleksann Petyon te ‘moun' Pòtoprens (Alexandre Pétion etait né à Port-au-Prince). -- Noms des habitants de quelques villes ou localités d'Haïti: Acul du Nord: Nordiculais ou acunordais; Anglais: Anglaisiens; Anse-à-Foleur: Anse-à-Folais; Aquin: Aquinois; Baradère: Baradérois; Belle-Anse: Bellanselais; Camp-Perrin: Camperrinois; Cap: Capois; Cavaillon: Cavaillonnais; Cayes: Cayens; Chantal: Chantalais; Chardonnières: Chardonnerois; Côteau: Côtelais; Dondon: Dondonnais; Gonaïves: Gonaïviens; Hinche: Hinchois; Jacmel: Jacmélien; Jéremie: Jérémien; La Tortue: Tortugais; Léogane: Léogânais; Miragoâne: Miragoannais; Mirebalais: Mirebalaisien; Ouanaminthe: Ouanaminthois; Pestel: Pestélien; Pétionville: Pétionvillois; Petit-Trou de Nippes: Nippois; Port-à-Piment: Por-à-Pimentais; Port-au-Prince: Port-au-Princiens; Saint-Marc: Saint-Marcois; St.Michel de l'Attalaye: Saint Michelois; Tiburon: Tiburonais; Torbec: Torbèquois. En créole, on dit: moun Jeremi, moun Okap, moun Gonayiv, etc.

MOUSTACH mous-ta-che.n. (c.r - Cayes, Camp Perrin…) Bonbon préparé avec de l'amidon, des oeufs, du lait et du sucre. A Port-au-Prince…, Jérémie…, se dit bonbon lanmidon.

MOVE BANNANN mo-ve-ban-nann.n. (v.v). Mauvais initié (rapprocher du figuier maudit de la Bible). La banane représenterait le fruit de la connaissance. Elle entre fréquemment dans la préparation des mets rituels (par exemple ceux qui sont offerts aux Lois Aïzan et Legba Zaou).

  boule

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boule   boule  boule

Emmanuel W. Védrine
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