Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

LANCEMENT DE POINT BARRE 5


«Palsambleu !»

 

Point Barre 4

La revue Point Barre, publiée par Cygnature Ltée, avec le concours du Centre culturel français Charles Baudelaire, est la première publication mauricienne entièrement consacrée à la poésie d’aujourd’hui. Elle compte parmi ses collaborateurs la plupart des jeunes poètes mauriciens, mais elle est également ouverte aux poètes étrangers, quelles que soient leur sensibilité et leur langue d’expression. Les textes proposés sont retenus uniquement en fonction du double critère de leurs qualités littéraires et de leur conformité au thème de chaque numéro.

Le numéro 5, sorti le 17 octobre 2008, est dédié aux œuvres traitant du sacré et du religieux, sous le titre «Palsambleu!» («par le sang de Dieu»). Un numéro « pour se libérer du carcan des catéchismes», ainsi que l’écrit Aline Groëme dans L’Express de Maurice du 27 octobre 2008.

Point Barre 5 comporte 26 poèmes inédits en français, anglais et créole, accompagnés de quatre illustrations originales d’Eric Koo. L’éditorial est signé Christophe Cassiau-Haurie. Le numéro accueille des poètes de tous les continents, comme l’Australien John Tranter, les Indiennes Mandakranta Sen, Anjum Hasan et Rita Malhotra, le Guadeloupéen Ernest Pépin, le Québecquois Christophe Condello, les Français Cathy Garcia et Patrick Joquel, le Belge Arnaud Delcorte, le Haïtien Claude Pierre, le Camerounais Jean Awono et le Togolais Senamé Koffi. Comme le souligne Christophe Cassiau-Haurie dans sa préface, cette diversité illustre la ligne éditoriale dont «l’objectif d’être représentatif des courants divers de la poésie mauricienne mais aussi de symboliser une certaine forme d’ouverture sur d’autres pays et d’autres cultures», pour cet opuscule qui, «à l’image du pays, se veut multiculturel et à la croisée de plusieurs influences».

Du côté des Mauriciens, outre les contributeurs traditionnels de Point Barre, comme Michel Ducasse, Judex Viramalay, Jean Claud Andou, Sedley Richard Assonne, Alex Jacquin-Ng, Sylvestre Le Bon et Yusuf Kadel, et ceux de la diaspora comme Ananda Devi et Vinod Rughoonundun, il faut également noter dans ce numéro la présence de nouveaux jeunes talents: la parolière Daniella Bastien et la psychanalyste Ariana Cziffra, ainsi que l’étudiant Zaffirr Golamaully, âgé de 19 ans seulement.

Tous ces poètes, poètes «de la vigie, du minaret de la tour de Babel / tressant les langues au fleuve de toute vie» (Ernest Pépin, «Regards de feuillage»), « donne[nt] entendre la face inaudible de Dieu», comme le dit Norbert Louis dans Week-End du 2 novembre 2008, que ce soit le Moïse irrévérencieux d’Ananda Devi rêvant «au charme des croisades inutiles» (Ananda Devi, «Dans un buisson en forme de haine»), ou le Christ-femme de Sénamé Koffi: «mon christ à moi a une paire de seins / jesus fela barabbas erikah / mon christ à moi le torse nu» (Sénamé Koffi, [Amà]zone).

Catherine Boudet & Yusuf Kadel

 

Point barre, revue semestrielle de poésie
Direction: Ming Chen
Coordination: Yusuf Kadel
Réception des textes et contact avec les auteurs: Catherine Boudet
Comité de lecture: Michel Ducasse, Alex Jacquin-Ng (Ile Maurice) et Catherine Boudet (La Réunion)
Révisions et corrections: Michel Ducasse
Conception graphique: Azna Kadel

Point Barre est en vente en ligne sur le site de la Librairie Le Cygne.

boule  boule  boule

Palsambleu, diable de poésie

par Aline GROËME-HARMON

L'express, 27 octobre 2008

Il fallait (ou pas) parler de Dieu. «Palsambleu!» Pas juste invoquer son nom en vain. Mais surtout s’insurger contre le putain de sort. Se libérer du carcan de ses catéchismes. Pour allumer son étincelle d’infini. Toucher son éternité bien personnelle.

Voie impénétrable toute tracée: la poésie. Prose ou vers du collectif réuni dans le cinquième numéro de la revue de poésie contemporaine, Point Barre. Un dernier numéro à se damner, qui a été lancé il y a une dizaine de jours.

Ayo Bondie. Ena mizer lor sa later. Nombre de poètes s’en plaignent. Certains cherchent des chemins pour s’en sortir. Ayo Bondie. Symbolique ou presque vampirique, la divinité ne se voile pas la face quand elle rime avec obscénité.

Obscène des injustices vécues au quotidien. Hors scène pour «l’innocence culpabilisée sans preuve», comme l’écrit Judex Viramalay dans Rédemption. Obscène de la quête mystique sans fin. Parole d’un «voisin de palier, octogénaire encore vert, à l’esprit alerte,» (qui) m’a juré avec tout le désespoir de son rictus édenté et l’énergie désespérante de ses quatre bouts de crins sur le crâne que c’est peine perdue de chercher Votre adresse: «Ce n’est pas rentable d’appeler le Père en fin de semaine, mon brave garçon; ou Il s’enivre ou Il est sombré dans son sommeil éthylique ou Il a encore la tête entre les arceaux charnus et parfumés d’une Madeleine», comme l’écrit Claude Pierre de Haïti, dans Fable drolatique, prière à rebours.

Entre haine viscérale crachée sans retenue à la face du pauvre monde et dérision dérisoire face à l’incontournable question Dieu existe-t-il, la revue Point Barre se fait forte d’élargir encore ses horizons. D’ouvrir ses pages à des contributions venues de Guadeloupe, d’Inde, du Togo et de l’Australie. Pour se greffer autour d’un noyau d’habitués: Ananda Devi, Michel Ducasse, Vinod Rughoonundun…

«God is in the details», remarque Anjum Hassam. Christophe Cassiau-Haurie, responsable de la médiathèque du centre culturel Charles Baudelaire, qui signe l’éditorial, ne manque pas d’attirer notre attention sur les piquantes illustrations d’Eric Koo Sin Lin, «absent de Maurice depuis près de 10 ans et qui y fait, à cette occasion, un retour remarqué».

boule  boule  boule

Dans un buisson en forme de haine

Dans un buisson en forme de haine
Moïse vit s’embraser Dieu
De sa robe inhumaine
Il voulut l’étreindre
Mais sa barbe prit feu

Seul dans l’opiniâtreté
S’écria Moïse pourpre et incendié
J’habitais un panier d’osier
Et vous me prîtes pour un prophète
Donnez-moi de quoi le prouver !

Furieux de son suicide raté
Dieu lui jeta à la tête
Les dix tablettes de la loi
Mais il ne fit que lui donner
- ainsi qu’à un homme sur deux –
une sacrée crise de foi
et le visage de Charlton Heston

Over my dead body !
Cria Moïse brandissant son arme
Puis il s’endormit en rêvant
Aux charmes des croisades inutiles

Ananda DEVI

boule  boule  boule

Viré monté